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Non, Macron n’est pas fou ! (2ème partie)

Par François Martin

On prend Emmanuel Macron pour un fou, un incompétent ou un irresponsable. Au contraire, il a une idée très claire de ce qu’il veut obtenir.

Dans deux précédents articles (1), nous avons analysé les raisons de politique étrangère qui ont poussé Emmanuel Macron à sa déclaration récente et à sa posture de plus en plus anti-russe et anti-Poutine. En effet, en agissant ainsi, il s’aligne presque exactement sur la ligne politique américaine : la guerre d’Ukraine étant maintenant perdue pour l’occident, la question qui prédomine sur le plan international est la justification de l’OTAN, et la répression absolue de tout ce qui pourrait ressembler à une remise en cause de cette dernière, et à une « libération » de l’Europe de l’emprise américaine. Le gaullisme, voilà l’ennemi !

Pour y parvenir, il s’agit de terroriser les européens, en répétant sur tous les tons « Les russes sont à nos portes ! » (2). C’est ce qui se met en place en ce moment, avec en parallèle l’accélération de la fédéralisation de l’Europe (3), qui dépossèdera les Etats de leurs pouvoirs. Ainsi, avec cette main-mise accrue des USA sur l’Europe pourra enfin se mettre en place le rêve de leur domination pleine et entière, tentée sans succès avec l’AMGOT (4), et conséquemment le pillage de ce qu’ils considèrent au mieux comme leur « province », au pire (et plutôt) comme leur garde-manger.

Mais Emmanuel Macron a d’autres idées en tête.   

L’OTAN se s’engagera pas officiellement en Ukraine

Remarquons tout d’abord, et c’est fondamental que les lecteurs non spécialistes de la question ukrainienne le sachent, que personne ne peut croire aujourd’hui à une possible implication directe et officielle (5), avec des troupes de l’OTAN, en Ukraine, ne serait-ce que parce que nous n’avons plus de munitions, comme l’a rappelé récemment Xavier Moreau à Clémence Houdiakova (6). Pourtant, cela n’a pas empêché la « communauté internationale » occidentale et ses prétendus chefs d’Etats et de gouvernements de fustiger violemment Emmanuel Macron pour les risques qu’il fait supposément prendre à son camp. Il y a des raisons pour cela, qu’il faut comprendre.  Pourquoi, en effet, ces dirigeants étrangers le critiquent-ils, puisque tous savent que l’OTAN n’ira pas se fourvoyer dans cette galère ? Ce qu’on lui reproche, probablement, c’est de ne pas avoir respecté strictement le « plan de com’ » dicté par les américains. Il s’agit bien de faire peur aux européens, mais pas plus et pas plus vite que nécessaire. Pour certaines raisons que nous devons analyser, Macron a été trop vite. De plus, il n’est pas pareil de dire « les russes sont à nos portes », ou de dire « on risque de devoir aller se battre là-bas ». Le deuxième cas est beaucoup plus (trop ?) impliquant. Un tel discours pourrait provoquer des révoltes dans les opinions européennes. Dieu sait comment elles peuvent réagir si elles paniquent… C’est probablement là qu’est le problème.

Les vraies motivations de Macron


La motivation principale d’Emmanuel Macron, que l’on commence seulement à faire semblant de découvrir (7), alors qu’elle était bien manifeste, est presque uniquement de politique intérieure (8). En effet, depuis le début de son 2ème mandat, il patine. Comme il ne choisit que des premiers ministres on ne peut plus falots, ceux-ci ne donnent pas véritablement de corps à sa politique. De plus, il leur vole toute la place. Il manquait, jusqu’ici, d’une « grande cause » et partant d’une personnalité politique. Il faut en effet qu’il en trouve, puisqu’il n’en dispose pas de par son propre charisme. Ayant négligé ce point, sa popularité a fortement décliné, et la séquence du Salon de l’Agriculture a été un avertissement très sérieux.

La constitutionnalisation de l’avortement, récemment votée, ainsi que l’euthanasie, qu’il va s’évertuer à faire passer, si elles ravissent la gauche militante, qu’il se remet ainsi « dans la poche », pour faire oublier ses incursions (de façade…) à droite, ne sont pas très populaires. Elles sont même, aux yeux des français et même si leur relativisme ne les rend pas combatifs (ni leurs députés !)  très inquiétantes. Ce n’est pas avec cela que Macron se donnera la posture politique tant recherchée.

Avec l’image de matamore anti-Poutine qu’il peaufine aujourd’hui, c’est tout autre chose. Elle lui permet de se donner, à très peu de frais, la personnalité dont il manquait jusqu’ici. Elle va lui servir pour exister jusqu’à la fin de son mandat. Elle va aussi lui être très utile pour diaboliser ses adversaires du RN, et tous ceux qui peuvent, par ailleurs, se réclamer du gaullisme ou d’une attitude pacificatrice. Il va tous les traiter de lâches et de dangereux traîtres pro-Poutine (9).

Macron, grand manipulateur

Macron, nous le savons, a toutes les caractéristiques des pervers narcissiques, très mauvais constructeurs et bâtisseurs (10), mais grands déconstructeurs et manipulateurs. L’un des plus graves défauts de ses adversaires est, constamment, de le sous-estimer. Il est très fort, en particulier, pour détecter les peurs primales, celles enfouies dans les mémoires collectives par les grands drames de l’Histoire, et pour retourner, en se servant de cela, des majorités inquiètes contre des boucs émissaires bien choisis. Il l’a fait au moment des gilets jaunes, avec la peur très bourgeoise des jacqueries populaires et des guerres civiles (11). Il l’a fait contre les non-vaccinés, avec la peur des épidémies et des grandes pestes (12). Il ne pouvait pas le faire contre les agriculteurs, qui restent très populaires. Il a réussi à les faire oublier, et il refait maintenant une grande manœuvre, en exploitant la peur primale de l’envahisseur russe, des cosaques, des uhlans et des Huns, tous ces barbares venus de l’Est (13).

Après avoir « donné le la », Macron va se servir de cette corde sensible à profusion. La « chasse aux sorcières » va se développer (14). Pour le moment, les français ne semblent pas suivre leur Président, ni sa tête de liste Valérie Hayer, qui ne dispose pas non plus d’un grand charisme. Ils n’ont pas avalé le bobard (15). Ils ont plutôt l’air de croire à l’incompétence et à la légèreté que véhiculent les médias internationaux et les réseaux sociaux. Mais qu’en sera-t-il demain lorsque, à n’en pas douter, l’armée ukrainienne s’écroûlera complètement, et que les russes se mettront en marche vers leurs deux buts de guerre non encore atteints, Kramatorsk, puis Odessa ? La réunion avec la Transnistrie (16) marquera la fin de l’opération militaire, et scellera le sort de l’Ukraine. Comment les populations européennes, dûment « travaillées » par la propagande, réagiront-elles alors ?

En agissant ainsi, Emmanuel Macron continue, alors que ce n’est plus nécessaire, à jeter de l’huile sur le feu. Il sait que même si, dans le camp occidental, personne n’a envie de tenter l’aventure, son attitude belliciste et provocatrice met tout de même son camp en danger. Il n’en a cure. Sur le plan interne, le seul qui l’intéresse, les avantages de sa posture, pense-t-il, peuvent être considérables, si les français mordent à l’hameçon comme ils l’ont fait pour les Gilets Jaunes ou les vaccins, et les risques sont à peu près nuls. A l’inverse du Général de Gaulle, dont toute action internationale visait à l’équilibre et à la paix (17), Macron poursuit, comme le fait Netanyahu en Israël, son agenda personnel, celui qui lui permettra de se maintenir le plus longtemps possible, quitte à prolonger la guerre, et à faire encore des milliers de morts. Qui nous débarrassera de ces hommes-là ?

François Martin

  • cf Non, Macron n’est pas fou ! | Le Nouveau Conservateur et La messe n’est pas dite | Le Nouveau Conservateur
  • Nous avons expliqué à de nombreuses reprises que Poutine n’a ni la mentalité, ni l’envie d’attaquer l’Europe. S’il avait eu cette envie, alors qu’il est au pouvoir depuis 2000, pourquoi avoir attendu 24 ans pour mettre son projet à exécution ? Qui, d’Alexandre, Hannibal ou Napoléon, aurait agi de même ? Et s’il ne l’a pas fait jusqu’ici, pourquoi le ferait-il maintenant ? Pourquoi se mettre une guerre mondiale sur le dos, alors qu’il a tout son pays à développer, avec des partenaires, à l’est et au sud, qui lui tendent les bras ?
  • En effet, il est beaucoup plus facile de contrôler la Commission que de contrôler 27 Etats individuellement. Et pour ce faire, il suffit de faire remonter à son niveau le maximum de prérogatives, de façon à vider les Etats de leurs pouvoirs et de leur autonomie.
  • Cf « L’ami américain », Eric Branca
  • Autre qu’une présence officielle de « conseillers ». Ceux-ci sont d’ailleurs présents depuis 2014 et l’instauration du partenariat Ukraine-OTAN, le PPP (Partenariat pour la Paix).
  • Nous avons proposé de livrer à l’Ukraine 100.000 obus sur 1 an. Les russes tirent entre 10.000 et 40.000 obus par jour. Ils consomment donc l’équivalent de notre don en à peu près 5 jours. Le reste de l’Europe est à l’avenant. Comment, dans ces conditions, se lancer dans une telle affaire ? https://youtu.be/QWOkBmXETUs?si=YqH2VBWf8XaEuvRl
  • En réalité, la presse aux ordres, connaissant le Président, savait très bien que la déclaration internationale n’était qu’un prétexte pour faire oublier les agriculteurs. Mais comment les politiques, en général madrés, et les intellectuels, ont-ils pu se faire prendre ? On peut penser qu’ils n’étaient pas plus dupes. Tout le monde s’est coalisé pour remettre les paysans au « placard ». Mais qui est donc encore sincère parmi nos élites ? 
  • En général, Macron se fiche comme d’une guigne de la politique extérieure. Ce n’est pour lui qu’un levier pour sa politique intérieure, dont il se sert chaque fois qu’il est à l’étranger ou qu’il aborde une question de ce type.
  • C’est déjà commencé ! https://www.20minutes.fr/politique/4080459-20240309-europeennes-2024-face-rn-macronistes-dramatisent-entree
  • Pour être bâtisseur, il faut prendre un risque, celui de fédérer les hommes, même s’ils peuvent un jour se retourner contre soi. Les pervers narcissiques, experts en stratégies pour monter les uns contre les autres, sont très forts pour conserver le pouvoir, mais ne savent rien en faire.
  • Pour ce faire, il s’est arrangé pour introduire les « black blocs » parmi les manifestants, avec instruction à la police de tirer sur les GJ, mais pas sur les BB. Rapidement, les bourgeoisies, grandes et petites, qui étaient au départ plutôt favorables au mouvement, se sont senties inquiètes, puis terrorisées par les destructions et les « violences », et ont rejoint le camp du Président
  • Il est impossible pour la mémoire collective d’oublier des événements comme la Peste Noire, de 1334 à 1353, par exemple, qui a tué près de 60% de la population européenne. Cet événement terrifiant a brisé le Moyen Age
  • Autre série d’événements inoubliables pour la mémoire collective européenne et française.
  • Les différentes « sorties » de Nicolas Tenzer, devant la commission de l’Assemblée ou dans la presse, vont aussi dans ce sens. Elles ressemblent furieusement à une commande. Ne le voit-on pas ?
  • Peut-être commencent-ils aussi à bien connaître leur Président…
  • Partie sécessionniste de la Moldavie.
  •  Quitte à prendre des risques avec son opinion.   https://lenouveauconservateur.org/rubriques/politique-etrangere/charles-reviens-ils-sont-tous-devenus-fous/

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