Par Christine Boutin, présidente d’honneur de VIA – la voie du peuple
Un projet froid comme de la glace
Emmanuel Macron ne s’est guère engagé sur quoi que ce soit au cours de la dernière campagne. Les deux seuls faits marquants, même s’ils peuvent paraître anecdotiques, étaient l’impression d’ennui qu’il véhiculait comme un fardeau et sa pose avachie sur la table du débat du deuxième tour de la présidentielle face à son adversaire. Tout continuait comme avant, les violences de toutes sortes se multipliaient, l’immigration nous dépassait, des Français tirés au sort devaient nous dire ce que la France pense sur la fin de vie, court-circuitant la représentation parlementaire. Enfin arrivait le projet de réforme sur les retraites. La très ferme Première Ministre expliqua doctement sa réforme.
A l’écouter, le projet apparut comme un projet comptable, sans chair et sans humanité. Un projet froid comme de la glace. Il s’agissait, non pas de répondre à l’inquiétude de nombreux travailleurs et de redonner du sens à une valeur « travail » très secouée par les conditions dans lesquelles il s’exerce aujourd’hui, notamment la dépersonnalisation et la dépossession inscrites dans le tout-numérique, ainsi que par l’inflation, mais d’équilibrer les comptes budgétaires pour les années à venir. C’est alors que toutes les incohérences et mensonges ont explosé à la face des Français. Prenons la plus emblématique, celle du sort réservé aux femmes par la réforme.
Ras-le-bol populaire
Comment, à notre époque où l’hystérie pour la place des femmes est à son comble, avoir concocté une retraite où elles sont les plus mal loties ? Que rajouter à tout cela sinon la folie et l’immaturité de députés qui, jour après jour, décrédibilisent leur fonction ? Face à ces provocations, la réponse vient du peuple, ce peuple que les oligarchies dominantes oublient. Les manifestations organisées se succèdent avec des foules nombreuses et calmes. Ces hommes et ces femmes refusent la réforme mais dénoncent aussi l’incompétence de nos dirigeants et la surexcitation puérile de nombreux Députés. Comment ne pas voir ici l’expression d’un ras-le-bol populaire à l’endroit de nos représentants politiques actuels qui disent tout et son contraire, ignorent tout de la vie difficile d’un nombre croissant de Français, racontent des calembredaines et qui finalement les méprisent ?
Sans doute l’attitude du candidat président dans ce débat du 2e tour était-elle l’image concrète de ce mépris ? Comment alors éviter les tensions si le chef de l’Etat laisse supposer que, pour dire les choses de façon modérée, il n’aime pas son peuple.
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