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Il faut désormais inscrire la survie de la France dans le débat politique

Entretien avec Sébastien Meurant, sénateur du Val-d’Oise, soutien d‘Eric Zemmour

En juillet 2021, Sébastien Meurant, sénateur LR et alors président de la fédération du Val-d’Oise de ce parti, a dressé pour Le Nouveau Conservateur une courageuse analyse des dangers de l’immigration (voir LNC n°4, « Le Grand remplacement est en marche ») : illustration parmi d’autres de la combattivité de certains élus « Les Républicains » contre l’actuel Président de la République, qui contraste avec la passivité de nombreux élus LR, voire leur complicité avec sa politique et ce que l’on a nommé la « porosité LR-LREM ». Sébastien Meurant a tiré les conséquences d’une dualité (pour ne pas dire plus) qui, après le piètre score de sa candidate, Valérie Pécresse, à l’élection présidentielle, pourrait un jour mettre un terme à l’existence même de ce qui n’est déjà plus depuis longtemps un parti gaulliste. A l’heure où celui-ci se choisit un nouveau président, et se trouve « à la croisée des chemins », ce dont ses militants ont pris conscience en ayant porté à la première place de son élection interne de décembre dernier, Eric Ciotti, puis à la tête de son groupe parlementaire un opposant clairement et âprement engagé contre l’actuelle majorité, M. Olivier Marleix, il nous a paru utile de nous entretenir avec Sébastien Meurant, militant de la coalition des droites, qui est peut-être un prophète, en tous les cas un artisan précieux de la reconstitution d’une droite nationale, apte à gouverner, et assez unie pour espérer un jour retrouver le fil de l’épée et redresser la nation. Entretien à cœur à cœur.

Vous avez rejoint Eric Zemmour pour la présidentielle de 2022. Quel bilan tirez-vous de cette année électorale ?

D’abord, qu’il y a eu un espace politique pour des idées nationales ; et que, après cinq ans d’existence, la direction de LR s’est montrée incapable, une fois de plus, de proposer un projet crédible aux Français, ce dont j’ai tiré les conséquences. Le premier devoir d’un candidat à la présidentielle est de dire la vérité, de partir du réel et de proposer un chemin pour redonner confiance et espoir. Face à des comédiens de la politique, Eric Zemmour a été la révélation de cette campagne, et, à un moment, presque en capacité de se qualifier au deuxième tour. Sa sincérité, sa culture générale et son courage sont apparus à tous les Français. Sortir de l’impuissance démocratique, résister à la dilution de la nation et oser l’Europe des nations restent des buts à atteindre.

Le résultat n’a certes pas été à la hauteur de mes espérances, mais je fais partie de ceux qui ne regrettent rien. D’abord, sur le plan idéologique, il me semblait nécessaire de faire campagne sur mes convictions, alors que, hélas, la campagne de Valérie Pécresse ne se démarquait pas assez de celle d’Emmanuel Macron. De façon générale, trente ans après le traité de Maastricht, alors que tout montre que nombreux parmi les nôtres, autour de Charles Pasqua, ou Philippe Séguin, mais aussi Villiers, Chevènement et quelques autres, avaient raison, je suis surpris d’entendre aussi peu de voix discordantes dans l’arène politique, ou médiatique : tout le monde ou presque fait mine de croire que, si la « construction européenne » fonctionne mal, c’est parce que les Etats-nations ont encore trop d’importance et qu’il faudrait « plus d’Europe », alors que, de toute évidence, ce qui manque, c’est précisément la subsidiarité et le respect de la souveraineté nationale.

Face à des comédiens de la politique, Eric Zemmour a été la révélation de cette campagne, et, à un moment, presque en capacité de se qualifier au deuxième tour. Sa sincérité, sa culture générale et son courage sont apparus à tous les Français.

Autre point important : Eric Zemmour a été l’un des rares dans cette campagne à ne pas prétendre que les hommes étaient interchangeables entre eux, comme le veut le dogme soixante-huitard. J’ai naturellement aussi beaucoup apprécié qu’il mette le sujet, réellement crucial, de la survie de la France dans le débat.

Par ailleurs, sur le plan électoral, contrairement à ce qui est souvent dit, je suis loin de considérer que le bilan est mauvais : la « droite hors les murs », d’ordinaire si morcelée, a trouvé un champion qui l’a placée à 7 %. C’est un très bon point de départ. Ajoutons qu’au point de vue des statistiques et des chiffres, les résultats sont, là aussi, impressionnants. En quelques mois, une machine de guerre a été bâtie : plus de cent mille militants, un budget de plusieurs millions d’euros. Beaucoup de partis plus importants pourraient nous envier ce bilan.

Sur quoi Reconquête! doit à votre avis mettre l’accent désormais ?

Il va falloir bien sûr progresser. En montrant davantage, pour commencer, qu’un programme de droite complet (et celui de Zemmour était beaucoup plus complet que ne l’a dit la doxa médiatique) ne doit pas seulement traiter d’immigration et d’identité, mais aussi d’éducation, d’économie, de famille et de bien d’autres sujets – autour de quelques grands principes clairs comme la souveraineté de la France, la défense des libertés, la restauration de l’ordre public, la promotion de la famille, etc. Mais aussi en nous organisant sur le terrain, localement. Reconquête! dispose d’un fantastique appareil militant ; il reste à « l’enraciner », à le développer dans la durée, commune par commune, département par département, fédération par fédération. Il est clair qu’il faut mieux parler à la « France périphérique » et cela suppose un militantisme de terrain et pas seulement l’indispensable (et très efficace) militantisme numérique. La détermination est le courage du temps long. Nous sommes déterminés.

Il faudrait que les partis de droite discutent entre eux, car la politique reste aussi l’art de bâtir des coalitions capables de l’emporter. Je ne pense pas que l’ostracisme qui continue de peser sur le Rassemblement national soit tenable à long terme…

Par ailleurs, il va aussi falloir discuter avec les autres partis, car la politique reste aussi l’art de bâtir des coalitions capables de l’emporter. Je ne pense pas que l’ostracisme qui continue de peser sur le Rassemblement national soit tenable à long terme – ne serait-ce que parce que l’on ne peut pas ignorer un parti qui atteint pour la deuxième fois en deux élections le deuxième tour de la présidentielle, et moins encore quand il réussit, malgré un mode de scrutin défavorable, à faire élire 89 députés. Au demeurant, il est idiot de prétendre que Jean-Paul Garraud, Thierry Mariani, Christophe Bentz ou Pierre Meurin, et bien d’autres nouveaux élus, sont devenus « fascistes » en rejoignant le RN. Mais ne faut pas non plus ignorer ces milliers de cadres locaux et de militants LR qui partagent l’essentiel de nos convictions. Tous ne sont pas devenus macroniens en quelques mois, que je sache !

Bref, je dirais que cette année électorale fut un début prometteur, mais qu’il faut aller bien plus loin et se préparer à faire gagner les droites en 2027, pour le service de cette France qui reste la grande oubliée des derniers gouvernements. Et préparer sérieusement les élections locales.

Retrouvez la suite de cet entretien dans le numéro VIII du Nouveau Conservateur.

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