Par Alain Houpert – sénateur de la Côte-d’Or
Alain Houpert lance l’alerte dans cette tribune. Les déchets qui jonchent les rues de Paris sont un risque sanitaire. Souvenons-nous du préfet Eugène Poubelle qui fit oeuvre de salubrité publique.
5500 tonnes, c’est la quantité de déchets qui jonchent les rues de Paris depuis bientôt une semaine dans les arrondissements gérés par la régie municipale de ramassage des ordures ménagères. Une situation qui alimente un sentiment d’abandon des Parisiens par la municipalité, complété par les nombreuses critiques émises par les Françaises et les Français mais aussi les touristes étrangers à l’encontre de Paris, jadis plus belle ville du monde, en passe de devenir la plus sale et peut-être la plus dangereuse.
Certes, il n’est pas question de casser la grève ni de pointer du doigt l’irresponsabilité des éboueurs parisiens. Le seul responsable de ce marasme de puanteur reste le gouvernement qui — face à une France opposée de toutes ses forces à son projet de réforme des retraites — continue d’estimer qu’il est le seul garant de ce qui est utile ou non au peuple français, démontrant que la technocratie et le pragmatisme ont pris le dessus sur la démocratie et pire encore, mettent cette démocratie en danger en déroulant une fois de plus le tapis rouge aux partis extrémistes, seuls gagnants de ce bras de fer entre le pouvoir et le peuple.
Le retour de l’insalubrité publique
Mais il est désormais temps de répondre à l’urgence de la situation. Que Madame Hidalgo soutienne les grévistes, j’en ne peux que m’en réjouir, moi-même opposé à cette réforme. Mais il s’agit maintenant d’une affaire de santé publique. Cet amoncellement de déchets qui permet aux rats de proliférer place les Parisiens face à un risque bien plus grave que le confort, l’odeur et bien plus mortel que le Covid : la leptospirose, une maladie transmissible à l’homme par contact de l’urine des animaux infectés avec les muqueuses (nez, bouche, yeux), les plaies ou à travers une peau saine. Si la leptospirose est bénigne la plupart du temps chez l’homme, elle peut conduire à la mort dans 5 à 20 % des cas selon l’Institut Pasteur. De plus, elle se transmet d’autant mieux à travers les animaux domestiques — chiens et chats — et plus abondamment encore en cas de fortes pluies — comme c’est actuellement le cas à Paris.
Il appartient donc aujourd’hui à Madame Hidalgo de protéger les plus fragiles : nos enfants, les plus en contact avec les déjections animales, mais aussi les personnes les plus mal logées, les sans-abris et d’assurer la sécurité sanitaire des parisiens. Au-delà d’une question de revendications politiques, il s’agit d’une question de santé publique.
Le souvenir du préfet Eugène Poubelle
Que Madame Hidalgo s’inspire du Préfet Eugène Poubelle qui pour combattre le choléra rendit obligatoire le tout à l’égout et — bien entendu la poubelle — instituant même l’obligation du tri sélectif dans les immeubles. Que Madame Hidalgo, fervente amatrice des effets d’annonce et de la comédie s’inspire sinon de Star Wars et de cette déclaration de la princesse Leia : « Je n’ai pas été élue pour voir mourir mon peuple… pendant que vous discutez en commission ! Si cette assemblée ne peut agir, il faut changer ses dirigeants ».
Les enfants parisiens ont aujourd’hui besoin de sécurité. Il en va de leur santé. C’est aujourd’hui le devoir de la municipalité de Paris d’agir en responsabilité.