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De sombres perspectives : l’étranglement par la dette

par Victor Fouquet

D’après les estimations de la Banque de France, chaque hausse de 1 point des taux d’intérêt entraîne au bout de dix ans un coût annuel supplémentaire de 40 milliards d’euros pour le budget de l’État, soit l’équivalent environ du budget actuel de la Défense ». Jeune fiscaliste, dont nous avons déjà signalé les ouvrages et qui avait annoncé l’inflation dans nos colonnes dès l’été 2021 (cf. LNC n°4 : « De la dette publique et de ses conséquences »), poursuit ici son analyse implacable des conséquences du laxisme budgétaire et de la philosophie du « quoi qu’il en coûte », avertissant que le « goulot financier » rendra bientôt impossible toute politique économique, quelle qu’elle soit. Sombres perspectives : du moins ne pourra-t-on reprocher aux Conservateurs de n’avoir pas su les anticiper, et de les regarder en face.

Les motifs d’inquiétude ne manquent pas en ce second quinquennat de M. Macron. Celui suscité par une Assemblée fort éclatée l’emporte entre tous, en ce qu’il préfigure l’impasse financière dans laquelle nous nous engageons inexorablement. Au vu des innombrables défis qui sont devant lui, le pays aurait eu besoin d’un Gouvernement qui gouverne, et gouverne courageusement, sans les compromissions et les demi-mesures qui sont le lot des pouvoirs exécutifs à la merci des partis. Certes, il y avait fort à parier qu’un Gouvernement même majoritaire n’eût pas été enclin à mener une politique budgétaire un tant soit peu rigoureuse. Le premier quinquennat ne l’a que trop montré (et ce, indépendamment de la Covid-19), les dépenses, hors mesures d’urgence sanitaire et de relance économique, ayant progressé de plus de 40 milliards d’euros entre 2021 et 2022, soit davantage encore que les mesures prises pour l’urgence et la relance.

Déficit : 180 milliards d’euros et donc 2 milliards d’euros supplémentaires après la loi de finances rectificative de l’été.

Il est désormais certain, pour des raisons politiciennes que l’on s’efforcera de présenter comme « sociales », que le pays ne reviendra pas à une politique de rigueur budgétaire (pourtant fructueuse en matière de production et d’emploi si l’on en croit ses nombreux succès à l’étranger (1). Entre le dépôt sur le bureau de l’Assemblée au début du mois de juillet dernier du projet de loi de finances rectificatives pour 2022 et sa promulgation mi-août, l’Exécutif a dû jeter du lest, et céder à des revendications des différents groupes politiques, désireux de concert de baisser les impôts et les charges tout en augmentant les dépenses publiques, sans souci du déficit budgétaire (près de 180 milliards d’euros, et une dégradation de plus de 2 milliards d’euros à l’issue de l’examen du texte dans chacune des deux chambres…).

Depuis le « quoi qu’il en coûte », les demandes de crédits budgétaires supplémentaires abondent

Des artifices de procédure à disposition du Gouvernement sont prévus par la Constitution, en particulier dans le domaine des lois de finances, mais y recourir ne ferait qu’aggraver la crise de légitimité qui frappe le pouvoir en place. L’éventualité d’un recours au fameux article 49 alinéa 3 de la Constitution, évoquée par Élisabeth Borne pour faire voter « en force» le budget 2023, promet d’ailleurs une rentrée parlementaire agitée. L’impératif d’assainissement des comptes publics semble d’autant plus inatteignable que la « crise sanitaire » est passée par là, renforçant la coûteuse illusion d’un État divin, bienfaiteur omniscient, nécessairement supérieur aux mécanismes « aveugles » de marché, prétendument « gratuits ». Depuis le « quoi qu’il en coûte », les demandes de crédits budgétaires supplémentaires abondent, tantôt pour renforcer le système hospitalier et revaloriser la condition des personnels soignants, tantôt pour renforcer le système éducatif et revaloriser le métier d’enseignant. Sans que l’on se demande, dans un cas comme dans l’autre, si le problème ne viendrait pas d’abord de l’insuffisante complémentarité entre la sphère publique et la sphère privée, ou plus prosaïquement de la mauvaise allocation des crédits pléthoriques déjà existants…

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