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Notre maison brûle : la regardons-nous brûler ?

par François de Voyer, chef d’entreprise, voix de Livre Noir

Nous l’avons dit souvent ici et le répéterons : le grand souci écologiste qui saisit depuis quelques années nos contemporains est fort bien venu, d’abord parce qu’il répond à de véritables urgences, ensuite parce qu’il instruit par petites touches le réflexe conservateur face aux emballements de plus en plus destructeurs du totalitarisme techno-progressiste, enfin parce qu’il donne de nouvelles semences, sans doute fécondes, à la droite française après qu’il s’est perdu à gauche, confinant alors à des délires qui l’ont gravement disqualifié -notons, au reste, que l’écologie est classée « à droite » dans plusieurs pays européens, par exemple en Autriche, ce qui n’est que logique. Notre ami François-Louis de Voyer, chef d’entreprise, président du cercle Audace et architecte de la Convention de la Droite (dont nous attendons une deuxième édition), démontre ici, avec de nouveaux arguments, que le corpus conservateur doit aussi s’inspirer de l’urgence écologique. Après tout, qu’il s’agisse d’écologie ou d’économie (au sens traditionnel de ces deux mots), le préfixe ‘éco’ (oikos, maison en grec ancien) est au centre de notre vision du monde : ne nous incombe-t-il pas avant tout de protéger et pérenniser nos maisons ?

En France, la crise sanitaire conduit un grand nombre de nos concitoyens à s’échapper vers la campagne, ou les villes moyennes. Les confinements à répétition mettent crûment en lumière la dégradation des conditions de vie dans les métropoles, dans nos foyers. Car c’est aussi cela l’écologie : pas seulement des prévisions de température dans les 50 prochaines années, mais l’avilissement, voire l’enlaidissement actuel de notre cadre de vie : bruit, embouteillages, insécurité, saleté, bétonnage… Et de ce point de vue, il n’y a aucun doute : notre Maison brûle, et nous la regardons brûler. Oui, notre Maison brûle et notre devoir de conservateurs est d’empêcher les progressistes fous de se jeter dans le brasier (et nous avec) ainsi que certains de regarder ailleurs, comme tant le font à droite. L’écologie est pleinement conservatrice. Les premières sentinelles à nous alerter sur le déferlement de la technique, l’hubris de l’individu et la croissance infinie sont des conservateurs, et pour beaucoup ils sont Français : Giono, Bernanos, Ellul ou Charbonneau.

Dès les années 40 et 50 du siècle dernier, ils ont réalisé le danger du règne absolu de la technique, couplé au libre-échange. Avec ses penseurs et ses incomparables terroirs, la France aurait dû incarner une voie saine pour protéger la Nature – ce grand paradigme de droite. Notre pays est un des territoires qui possède, avec ses Outre-mer, l’une des plus incroyables diversités de paysages, de contrées, de monts et de littoraux, d’espèces de faune et de flore, de manière d’aménager, de cultiver, et de fertiliser. Nous sommes l’un des premiers pays à avoir protégé notre patrimoine historique et naturel ; nous avons la chance d’avoir des sources variées d’approvisionnement énergétique, et un très haut potentiel d’autosubsistance. Pourtant, nos politiques ne se sont jamais emparés sincèrement du sujet. Parce qu’ils restaient obsédés par ce mantra : « à problème global, solutions globales », sophisme stupide, comme « l’immigration est une chance ». Au contraire, seuls des Etats Nations puissants ont les moyens et la volonté de s’attaquer aux défis écologiques : ne laissons pas la question climatique sur laquelle nous avons une prise limitée, éliminer lentement l’indispensable biodiversité, arrêtons l’artificialisation des terres, les pollutions, l’hyperconsommation, et autres déraisons sur lesquelles chaque Etat, mais aussi chaque citoyen, peut, moyennant une suffisante prise de conscience, avoir un poids considérable. Seule l’échelle nationale – soit à l’intérieur de nos frontières, soit par la coopération entre Etats souverains – propose des solutions opérationnelles. Les COP (‘Conference Of Parties’, terme désignant la réunion des Etats signataires de la Déclaration de Rio de 1992) sont des cirques coûteux qui brassent du vent. Car toute politique de protection de la nature n’est possible qu’avec des frontières : c’est cela que nos oligarchies françaises n’ont pas compris.

Autriche et Hongrie, deux précédents réussis pour les conservateurs

A ce jour, hélas, l’écologie est la grande absente de la campagne présidentielle 2022 : la gauche n’en parle plus guère ; quant à la droite, elle balbutie une phrase convenue ici ou là, quand elle ne confond pas dans un même mépris la défense de nos terroirs et les prurits de Sandrine Rousseau. Pourtant, il y a des précédents politiques réussis pour les conservateurs : la voie a été ouverte en 2020 par l’Autriche et la Hongrie. « Il est tout à fait possible de protéger le climat et les frontières », déclarait le chancelier Kurz en janvier 2020 pendant qu’au même moment le président Orban, dont on connaît les positions sur l’immigration, lançait une « stratégie nationale pour le climat ». Peu importe que ces positions soient dictées par des contextes politiques particuliers, elles n’en sont pas moins fondamentales. Elles posent enfin le constat tragique dont la jeunesse européenne est pleinement consciente : deux évolutions seront un jour irréversibles si nous ne prenons pas conscience de la gravité de leurs enjeux : l’immigration massive et la destruction de l’environnement. On ne peut régler un sujet sans s’attaquer à l’autre.

Immigration et environnement, deux urgences liées

Mieux, les deux sont pleinement liés. C’est l’émigration qui empêche la transition démographique des pays les plus pauvres, transition démographique qui est un des principaux moteurs d’une meilleure protection de l’environnement. C’est l’immigration qui interdit un aménagement du territoire à long terme des pays d’accueil. Car le mineur isolé, débarqué par des passeurs à la frontière franco-espagnole voit immédiatement son empreinte carbone décuplée. Il vient bouleverser le système d’éducation, de santé qui doivent s’organiser sur des trajectoires démographiques stables, et qui est perturbé par un afflux imprévu de population. Ce migrant, malgré toute sa bonne volonté, n’a pas le respect millénaire du citoyen pour son foyer, et sa préoccupation est d’abord de survivre dans des conditions difficiles plutôt que de se préoccuper de l’avenir du pays qui vient de lui ouvrir les bras. Il n’y a rien de particulièrement novateur dans le programme écologique autrichien ou hongrois : neutralité carbone, diversification des sources d’énergie, amélioration des chauffages individuels, développement de l’agroforesterie, protection des cours d’eau… Mais il y a du bon sens, de l’ambition, et surtout, il y a une cohérence avec leur vision de la souveraineté et de la lutte contre l’immigration qui leur donne une efficacité redoutable. A quoi bon l’application des Français pour protéger leur environnement si, chaque année, 280 000 personnes entrent légalement sur leur territoire – sans compter les dizaines de milliers d’illégaux ? Comment demander un effort à celui qui sent qu’il peut devenir du jour au lendemain étranger à son propre pays ? A force de constituer des peuples nomades au nom de la sacro-sainte mobilité, nous récoltons les fruits amers du nomadisme : pillage, abandon du patrimoine, vision à court terme, déracinement moral… Lutte contre l’immigration de remplacement, défense de la Nature : les candidats de la droite, tant Eric Zemmour que Marine Le Pen, ne doivent pas s’emparer de l’un sans se saisir de l’autre. Il serait même bon qu’une même voie soit choisie par les deux candidats pour ce commun combat. Qu’ils s’écharpent sur la fiscalité, l’économie, l’Union Européenne, mais pas sur l’immigration, ni sur l’écologie… Et peut-être alors, pourrons-nous, à chaque génération, écrire comme Bernanos : « J’habitais, au temps de ma jeunesse, une vieille chère maison du pays d’Artois, pleine d’un murmure de feuillage et d’eau vive… ».

François de Voyer

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