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Heurs, malheurs et mensonges de l’écologie politique

Entretien avec Christian Gerondeau 

Que pensez-vous du temps qu’il a fait depuis notre rencontre de juin, tandis qu’il ne s’est pas passé un jour sans que les grands médias évoquent un été extrêmement chaud, mentionnant sans relâche des températures élevées tantôt ici, tantôt là-bas, autour de la Méditerranée. L’été fut-il vraiment exceptionnel ? Que vous inspire ce constant matraquage sur la météo ?

Notons d’abord que les deux sujets, météo et climat, ne se recoupent pas : la météo porte sur le temps qu’il fait en un lieu donné et le temps qu’il va faire dans les jours ou les semaines, voire les mois, qui suivent, tandis que le climat est une série de données qui dépassent la seule considération de la température et qui, surtout, dépassent le temps court pour s’intéresser au temps long, comme, généralement, à de plus vastes espaces.

Quant au temps qu’il a fait cet été, la situation est beaucoup plus contrastée qu’il n’y paraît, si l’on suit l’espèce d’hystérie qui s’est emparée des grands médias ces dernières semaines montant en épingle et répétant à satiété de très hautes températures observées en effet autour de la Méditerranée, en Espagne, en Grèce, en Algérie mais aussi dans l’arrière-pays provençal. Certes, l’été fut chaud et l’on a souvent, en de nombreux lieux, dépassé les 40 degrés. Furent cependant passées sous silence plusieurs périodes au long desquelles l’été fut plutôt frais, notamment pendant la première quinzaine d’août – j’étais alors au Québec où l’on se plaignait beaucoup de la fraîcheur de l’été. Ce qui est arrivé autour de la Méditerranée pendant plusieurs semaines n’est pas transposable à l’ensemble de la planète. L’impression de chaleur dépassant l’ordinaire, pour ne pas dire l’extraordinaire, a été accentuée par les nombreux reportages sur les grands incendies qui ont touché l’Espagne ou la Grèce, ainsi d’ailleurs que le Canada.

L’impression d’un été exceptionnellement chaud est renforcée par la chaleur de l’arrière-saison, en septembre et au début d’octobre. Phénomène connu sous le nom d’El Nino, consécutif à la persistance des effets de l’anticyclone des Açores, qui fut très prononcé et d’une très longue durée. Mais ce phénomène survient de temps à autre depuis le début de notre ère de réchauffement, ère qui, je vous le rappelle, a commencé il y a plus d’un siècle et demi – vers le milieu du XIXe siècle, sans lien avec nos centrales, nos automobiles, nos avions, nos supertankers…

Vous avez écrit plusieurs ouvrages remarqués sur les mensonges du GIEC et sur son rapport, du moins le court résumé dont tout le monde semble se contenter. Vous pointez même des contradictions entre les rapports d’une année sur l’autre. Les travaux du GIEC n’ont-ils vraiment aucune valeur scientifique ?

La façon dont fonctionne le GIEC est – au sens propre – extraordinaire. Il y a le fameux rapport publié tous les cinq ou six ans, qui est très précisément fait pour que personne ne se retrouve dans ce fatras de pages écrites par des dizaines de chercheurs, à la suite l’un de l’autre, sans aucune cohérence, les uns étant spécialisés dans les volcans, les autres dans la température des fonds sous-marins, d’autres dans l’étude des cycles historiques, d’autres dans les émissions toxiques des usines à charbon, etc. Tout ça est certes en « libre accès » en cherchant bien sur Internet, mais c’est de toute façon illisible, même pour les spécialistes (qui ne le sont pas de toutes les matières abordées à la queue-leu-leu…), à plus forte raison pour les dirigeants et même pour les journalistes qui ne se donnent pas la peine – ou n’en ont tout simplement pas les moyens intellectuels – de fouiller et de vérifier la véracité d’études scientifiques truffées de chiffres et de graphiques. Alors, ils répètent le fameux communiqué qui est une pure fabrication et qui d’ailleurs n’est pas signé…

Il y a d’ailleurs deux versions courtes : le communiqué et un « résumé » pompeusement destiné « à l’attention des décideurs ». Il est loisible à chacun de trouver aussi « ce résumé à l’intention des décideurs » sur Internet, mais on verra assez vite qu’il n’a aucun rapport avec le Rapport. En réalité, ce prétendu « résumé » (titre qui est un mensonge à lui seul) est une succession de renvois à d’autres études, elles aussi très spécialisées, que les dizaines d’auteurs du rapport adressent à l’institution sur leurs études et les publications qu’ils ont précédemment publiées sur des sujets divers tout au long de leur carrière. Bref, ce faux résumé est un épais breuvage imbuvable. Par chance, il reste au sommet de cet iceberg un communiqué de presse qui, lui, est complètement étranger aux deux documents précédents et qui n’a qu’un but : aligner en deux pages une succession de chiffres tirés on ne sait plus très bien d’où et dont le but est d’affoler les populations. Tout cela n’a a rien d’un véritable rapport scientifique ; c’est une grande falsification, une véritable machination uniquement faite pour tromper.

Votre ouvrage avance que la température de la terre commence à se refroidir. Les chiffres semblent clairs ; pourtant divers membres de ce que l’on présente comme « la communauté scientifique » les nient en bloc. Que penser ?

Comme vous dites, les chiffres sont clairs et c’est pourquoi mon livre se fonde d’abord sur des chiffres ainsi que des croquis, car des chiffres bien référencés et des croquis indiscutables sont la seule façon de convaincre des incrédules à qui la propagande a tourné la tête.

 En l’occurrence, je dis ce que disent les climatologues, à savoir que, depuis 2015 environ, la température de la Terre commence à se refroidir ; de façon infinitésimale certes, pour commencer,  mais en tous cas,  l’augmentation de la croissance thermique, qui a commencé au XIXe siècle, a cessé. Elle n’a d’ailleurs été qu’un peu plus d’un degré au XXe siècle – du moins pour l’ensemble de la Terre ; pout l’hémisphère Nord, celui qui compte la plus grande proportion de terres immergées, on approche les deux degrés. Remarquez que ce réchauffement est une chance, car nous bénéficions dans l’hémisphère nord d’une température que l’on peut juger très optimale et qui de toute façon n’est pas une nouveauté, puisque l’observation des cycles prouve que nous observons à peu près les mêmes températures que celles des débuts de l’Empire Romain aux deux premiers siècles après J-C – température qui est aussi celle qu’on a observée aux alentours de l’An Mil.

Beaucoup moins agréables, dans l’hémisphère Nord, sont les périodes de refroidissement extrême comme celles que l’on a observées à partir du XVIe siècle et notamment au début du XVIIIe siècle, quand on disait qu’il faisait si froid que le vin glaçait dans les verres (cf. encadré). Ce refroidissement général, lui aussi naturel, fut responsable de la mort de dizaines de milliers de Français pour cause de disette ou tout simplement de froid. Observons que les mauvaises récoltes se sont poursuivies tout au long du XVIIIe siècle et qu’elles furent sans doute la cause de la Révolution française. Tout cela est, bien entendu, indépendant des centrales thermiques, de l’activité humaine, etc. Je renvoie bien sûr aux travaux qu’a effectués sur ces cycles longs l’excellent Emmanuel Leroy-Ladurie. 

Nous sommes là au cœur de la grande querelle : vous ne niez pas le réchauffement climatique, admettant donc qu’il y a des cycles de réchauffement et de refroidissement naturels. Est-ce à dire que dans un sens comme dans l’autre, l’homme n’a aucune influence sur ces cycles ?

Si l’homme a une influence, ce qui après tout est possible, cette influence est extrêmement faible et il est totalement faux de croire, et de faire croire à nos contemporains, et en particulier aux Européens et aux Français, qu’ils sont pour quelque chose dans les évolutions climatiques. Songez que par rapport à la masse atmosphérique, ce que peut émettre la France représente moins de vingt millièmes des émissions mondiales ! Donc, diminuer de 5, 10 ou 15 % nos émissions n’aura aucun effet – s’il y en a, c’est à une échelle de temps auxquels nos fanatiques ne songent pas, celle des siècles. Par conséquent, c’est hors d’atteinte de nos contemporains, et tout particulièrement de nos quelques 440 millions d’Européens, soit 5% de l’humanité (proportion qui décroît vite…), et cela, quoi qu’ils fassent.

Ajoutons surtout que, quoi que disent ces mêmes Européens (je pense surtout à ceux du Nord, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et dans les ,pays scandinaves, l’écologisme étant bien moins répandu au Sud et surtout à l’Est…), quels que soit les propos, études ou injonctions comminatoires qu’ils multiplient, les pays en voie de développement, qui sont responsables de plus des deux tiers et bientôt des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre, ne changeront pas un iota à leur comportement. Ils savent bien que l’activité industrielle et que la dépense d’énergie, laquelle est au cœur de toute activité économique, est la condition pour que leur pays sorte du sous-développement – notamment, qu’une partie notable de leurs citoyens sortent de l’extrême-pauvreté et échappent à la famine. Vous pouvez leur dire ce que vous voulez, les menacer, les intimider, le discours écologiste glissera sur eux comme l’eau sur les plumes d’un canard. Et c’est bien compréhensible – c’est aussi pourquoi les émissions continuent à croître, car rien n’empêchera un pays comme l’Inde d’augmenter ses émissions de 50 % environ dans les prochaines décennies.

Propos recueillis par Paul-Marie Coûteaux

La suite de cette analyse est à retrouver dans le numéro XI du Nouveau Conservateur.

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