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Un autre regard sur la guerre civile espagnole

par François Martin

Le livre Les trahisons des gauches espagnoles, de Michel Festivi (Editions Dualpha), n’est pas écrit par un historien, et même, il n’est pas très bien écrit. Mais ce qu’il dévoile est passionnant, lumineux même. Il montre que tout le récit de la guerre d’Espagne a été honteusement « trafiqué ».

En fait, presque toute la démonstration tient dans les quelques pages introductives de la « Chronologie de la période historique évoquée » (p. 25 à 30).

Pour comprendre, le mieux est donc de la reprendre in extenso :

  • 15/09/1923 au 30/01/1930 : Gouvernement du capitaine-général Miguel Primo de Rivera, semi-dictature ou régime « dictatorial mou ».
  • 17/08/1930 : Signature à San Sebastián d’un « pacte républicain » pour renverser la Monarchie et instaurer la République.
  • 12/12/1930 : Tentative de coup d’État républicain contre la Monarchie, Ce sera un échec. D’autres suivront, également des échecs.
  • 12/04/1931 : Élections municipales, organisées par la Monarchie. Les villes votent pour les candidats républicains, les zones rurales pour les monarchistes. Le résultat du scrutin n’est jamais publié. Le soir, les foules des grandes villes se répandent dans les rues et appellent à la République.
  • 13/04/1931 : L’armée et la Garde civile ayant refusé de soutenir le Roi, Alphonse XIII, sans abdiquer, après la démission du gouvernement, quitte l’Espagne. La monarchie s’écroule. – 14/04/1931 : Les leaders républicains prennent la tête du gouvernement, et déclarent l’arrivée de la IIe République, qui s’autoproclame sans référendum ni plébiscite, suite à un simple mouvement de foules dans les grandes villes.
  • 11/05/1931 : Des centaines d’édifices religieux (églises, maisons de retraites, couvents, institutions culturelles et surtout d’enseignement) sont saccagés, pillés, incendiés sur toute la péninsule. C’est à ce moment-là, en réalité, que la guerre civile espagnole commence.
  • 28/06/1931 : Élection des Cortes. Les républicains de gauche y ont la majorité.
  • 20/10/1931 : Vote de la « Loi de défense de la République ». Elle permet de suspendre toutes les libertés publiques (presse, réunion, association, parole en public, etc…), de procéder à des amendes ou à des arrestations préventives, sous le prétexte « d’atteinte à l’ordre public ».
  • 9/12/1931 : La Constitution est promulguée. Elle est monocamérale, avec un président aux larges pouvoirs. Elle est violemment anticléricale. Elle permet les expropriations sans indemnités, ainsi que la socialisation des terres. Elle habilite aussi, si nécessaire, la suspension de presque toutes les libertés publiques.
  • 10/12/1931 : Niceto Alcalá-Zamora est élu pour 6 ans par les seules Cortes, alors que la constitution prévoit, en plus, un collège de délégués du même nombre. Mais une annexe de la constitution a suspendu cette disposition pour la première élection…
  • 15/06/1932 : Les Cortes votent un statut de large autonomie pour la Catalogne. Les Basques, très catholiques, hostiles aux dispositions anticléricales de la constitution, en sont privés.
  • 19/11/1933 : Après la dissolution des Cortes par Alcalá-Zamora, les législatives sont remportées largement par la CEDA, le parti de la droite républicaine. Le parti centriste d’Alejandro Lerroux est 2e , le PSOE s’effondre. Mais Alcalá-Zamora refuse à la CEDA de nommer son leader comme chef de gouvernement, ni aucun de ses membres comme ministres. C’est finalement Alejandro Lerroux qui est nommé. Les conséquences seront funestes.
  • 09/1934 : Les gauches et les socialistes, qui avaient acheté des armes en contrebande, fomentent des troubles insurrectionnels dans tout le pays. De très nombreuses caches d’armes sont découvertes.
  • 4/10/1934 : La CEDA, après de multiples requêtes, ayant obtenu seulement 3 ministres, les gauches socialistes et les anarchistes déclenchent une révolution armée. Elle échoue partout, sauf aux Asturies.
  • 4/10/1934 : Dans les Asturies, anarchistes et socialistes, qui avaient stocké des armes, tuent, pillent, incendient et proclament la république asturienne. Le gouvernement déclare l’état de guerre et fait appel à l’armée. Elle mettra 14 jours pour rétablir l’ordre public. C’est la 2e étape de la guerre d’Espagne.
  • 14/01/1936 : Après avoir encore refusé la nomination comme chef de gouvernement de Gil-Robles de la CEDA, Alcalá-Zamora dissout une nouvelle fois les Cortes, uniquement dans le but d’empêcher la droite républicaine, majoritaire, de gouverner.
  • 16/02/1936 : Dès le soir du 1er tour des élections législatives, et alors que les résultats ne donnent aucun vainqueur, les partis de gauche et les anarchistes se répandent dans les rues, ouvrent les prisons, prennent le contrôle des gouvernements régionaux et imposent leurs lois.
  • 19/02/1936 : Dès avant le 2e tour, le gouvernement démissionne, et refuse de rétablir l’ordre public. Les milices révolutionnaires deviennent maîtresses des rues, et les gauches s’emparent du pouvoir : Azaña s’autoproclame chef du gouvernement, alors qu’aucun résultat n’est publié. Les gauches prennent en main le processus électoral en cours.
  • Fin 02/1936 : Lors du 2e tour, les gauches « estiment » avoir la majorité absolue. Les résultats définitifs ne seront jamais connus ni proclamés. Environ 30 candidats de droite seront invalidés par la commission électorale tenue par la gauche. Plusieurs historiens considèrent que plus de 80 sièges ont été attribués indûment à la gauche. – 7/04/1936 : Alcalá-Zamora est destitué par les Cortes, prouvant ainsi qu’il avait bien violé la Constitution.
  • 04/1936 : La bolchevisation du PSOE se poursuit, par la fusion des organisations de jeunes socialistes et communistes. L’ensemble est dirigé par le stalinien Santiago Carrillo.
  • 11/05/1936 : Manuel Azaña est nommé président de la République, une fois encore, semble-t-il, par les seules Cortes, ce qui est une nouvelle entorse à la Constitution.
  • 05/1936 et 06/1936 : Les incendies d’églises reprennent, les assassinats politiques se multiplient. Le gouvernement abuse de la loi « de défense de la République ». Des journaux d’opposition sont suspendus, les arrestations préventives se multiplient.
  • 05/1936 et 06/1936 : Plusieurs députés de droite, dont José María GilRobles et José Calvo Sotelo sont menacés de mort en pleine séance des Cortes, par des députés de gauche et des membres du gouvernement, parce qu’ils dénoncent les atteintes à l’ordre public. – 05/1936 et 06/1936 : Les partis et syndicats de gauche et les anarchistes, dans leurs congrès, réunions et journaux, appellent à la révolution, et à une transformation radicale de la société. Certains prévoient un soulèvement pour début août.
  • 12/07/1936 : Le député de la CEDA Calvo Sotelo est enlevé en pleine nuit, à son domicile, devant sa femme et ses enfants, par les gardes d’assaut, les milices officielles du gouvernement, en uniforme, venant de leur caserne, dans un véhicule de l’État. Les miliciens, connus de tous, ne sont pas arrêtés. Ils ont tenté de faire de même avec Gil-Robles, mais celui-ci se trouvant en France a échappé à la mort.
  • 13/07/1936 : Le corps de Calvo Sotelo est retrouvé criblé de balles. Son enterrement est suivi par une foule énorme, alors que le gouvernement a interdit de publier toute mention du drame, ainsi que le lieu et l’heure de l’enterrement.
  • 17/07/1936 : L’armée d’Afrique, sous les ordres du général Franco, se soulève.
  • 18/07/1936 : Un soulèvement national a lieu dans toute l’Espagne. La guerre civile entre dans sa 3e phase. Le général républicain Emilio Mola dirige le soulèvement pour le nord de l’Espagne. De nombreuses capitales provinciales tombent dans le camp national.
  • 19/07/1936 : le général républicain Queipo de Llano, qui a rejoint le camp national, prend Séville.
  • 7/11/1936 au 4/12/1936 : Dans les villes de Paracuellos del Jarama et Torrejón de Ardoz, à 20 km de Madrid, plus de 2500 personnes, hommes, femmes, enfants, de toutes catégories sociales et de tous âges, considérées comme opposées aux thèses républicaines, sont sorties de prison en 23 convois, fusillées sommairement et jetées dans des fosses communes. La responsabilité de Santiago Carrillo est directement engagée. L’avion du représentant de la Croix-Rouge, venu de Genève enquêter sur ces massacres, est abattu à son retour par deux avions russes.
  • 1936 à 1939 : Poursuite de la Guerre d’Espagne. 13 évêques, 4 184 prêtres, 2365 moines et 283 religieuses sont assassinés.
  • 1/04/1939 : Victoire du soulèvement national. « La guerre est finie », déclare le général Franco.

Cette énumération est sidérante, car ces faits sont incontestés, connus de tous les spécialistes, confirmés par les plus érudits, comme le français Bartolomé Bennassar ou l’américain Stanley Payne. L’histoire de la République espagnole ne fait pas polémique chez les vrais connaisseurs. Or elle est très éloignée du récit des « gentils démocrates » républicains, confrontés aux « méchants nationalistes ». Elle est presque exactement le contraire. Toute la période de 1930 à 1936, n’est en réalité que la poursuite d’un seul et même projet : la mise en place progressive et violente, en détournant sans cesse la Constitution, et par tous les moyens, depuis les émeutes de rues jusqu’aux saccages des biens de l’Église, aux soulèvements, aux sécessions, aux meurtres politiques, et même aux exécutions de masse, d’un régime stalinien. Pour autant, la version « officielle » et « romantique », totalement fausse, continue à être propagée, à longueur d’années, dans les médias et les cercles d’intellectuels, pour la jeunesse et le grand public français. Honte à la lâcheté de nos spécialistes et historiens. De plus, la gauche espagnole actuellement au pouvoir tente aujourd’hui de réutiliser cette version de l’Histoire falsifiée. On peut prédire que le réveil de cette douloureuse fracture, que Franco s’était efforcé de résorber, et l’utilisation d’un discours mensonger (alors que toutes les preuves sont connues !) vont créer de vives tensions dans le pays.

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