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Mission Ismérie, de l’Islam vers le Christ

Entretien de Paul-Marie Coûteaux avec Marc Fromager, directeur de Mission Ismérie

S’il est un hommage à rendre ici, c’est bien à Marc Fromager, figure de ces catholiques de combat devenus trop rares dans l’Eglise. Ce laïc, père de six enfants, assez lucide pour mesurer les dangers de l’islamisme mais assez courageux pour le combattre, s’est littéralement mis au service de sa foi. Né à Nouméa en 1968, les longues années qu’il a passées au Proche-Orient lui ont permis de mesurer la vulnérabilité des communautés catholiques en de nombreux points du globe, mais aussi la fragilité de l’islam, dont un nombre croissant de fidèles sont, soit indifférents à leur religion, derrière apparences et simagrées, soit tentés en secret par la foi catholique. Son parcours est impeccable : directeur en chef de la revue « L’Eglise dans le monde », il fut un directeur très actif de l’association AED (Aide à l’Eglise en Détresse) et entreprend à présent d’amplifier les actions de Mission Ismérie qui vient en aide aux musulmans convertis. Chapeau !

PMC – Le monde musulman est partout conquérant, mais il semble aussi qu’un nombre croissant de ses fidèles doute – aussi bien dans les pays à majorité musulmane que dans les communautés musulmanes d’Europe ; quel est votre sentiment sur ce point ?


Marc Fromager – Il y a quelque chose d’assez paradoxal dans ce qui se passe au sein de l’islam aujourd’hui. On a à la fois cette impression de force conquérante, ne serait-ce que sur le plan démographique, et en même temps des signaux très clairs de profonde crise. On pourrait parler d’un colosse d’argile. Pour schématiser, on pourrait catégoriser la communauté musulmane en trois parties : une première, minoritaire mais très engagée, qui se radicalise dans une dynamique de sécession ou de conquête, parfois les deux à la fois ; une seconde, de plus en plus répandue, de distanciation par rapport à la religion, en voie de sécularisation voire d’athéisme ; une troisième enfin, qui est plus ou moins à la recherche d’une autre proposition religieuse, en général le christianisme. Cette catégorisation assez large s’applique tout autant à la population musulmane présente en Occident que dans les pays à majorité musulmane. Dans les deux cas, on cherchera souvent à mettre en avant la partie la plus radicale parce qu’elle est plus visible et qu’elle fait parler d’elle, mais en réalité, un mouvement de sécularisation est partout à l’œuvre. Et cette remise en cause peut aller jusqu’au rejet le plus profond – même s’il reste discret.
Dans beaucoup de pays à majorité musulmane, la population essentiellement jeune supporte de moins en moins la théocratie avec son lot de muttawas (police religieuse) et d’ayatollahs. Internet est une vitrine sur le monde extérieur et sert de catalyseur à cette profonde remise en cause.

PMC – Dans l’Histoire, les conversions de musulmans à la religion chrétienne n’ont pas été rares, à commencer par la belle figure d’Ismérie, princesse musulmane du XIIe siècle, fille du sultan d’Égypte, qui se fit chrétienne après avoir rencontré des chevaliers que son père l’avait envoyée convertir. Pour reprendre une de vos expressions habituelles, un bon nombre de musulmans français sont aujourd’hui ‘’en chemin vers le Christ’’ ? D’après vous, quelles sont les motivations les plus fortes, et celles sur lesquelles nous pourrions agir le plus utilement ?

Marc Fromager – Depuis l’apparition de l’islam, il y eut des conversions de musulmans au christianisme mais plutôt de manière anecdotique. Normalement, on ne peut pas quitter l’islam, l’apostasie étant théoriquement punie de mort, ce qui a évidemment eu pour effet de réduire toute velléité de conversion. Aujourd’hui, nous assistons à un phénomène assez inédit avec des conversions en masse, à commencer dans les pays à majorité musulmane. Ces conversions demeurent discrètes par mesure de sécurité pour les personnes, mais ce mouvement prend des dimensions importantes. En France aussi, des musulmans cheminent aujourd’hui vers le Christ, mais il serait exagéré de dire qu’ils sont d’ores et déjà nombreux. Dix pour cent des baptêmes d’adultes dans l’Église catholique en France concernent déjà des personnes venues de l’islam, ce qui semble encourageant même si cela représente 300 personnes. Chez les évangéliques, c’est beaucoup plus ! Mais ces chiffres ne représentent pas toute la réalité. Il y a en effet des conversions qui demeurent cachées et qui ne vont pas jusqu’au baptême, encore une fois pour des raisons évidentes de sécurité. Pressions, menaces, rupture familiale et sociale, le parcours du converti est loin d’être une sinécure.

Retrouvez la suite de cet entretien de Paul-Marie Coûteaux avec Marc Fromager dans Le Nouveau Conservateur -Eté 2021.

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