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La politique de la France est une permanence

Entretien de Paul-Marie Coûteaux avec Thierry Mariani.

On connaît Thierry Mariani, gaulliste de bonne souche, ancien ministre, actuellement député français (RN) au Parlement européen, et conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Il est une parfaite incarnation de cette Union des droites dont nous restons persuadés qu’elle est la meilleure et sans doute la seule façon de construire une majorité et de redresser un pays qui ne pourra éternellement dévaler toutes les pentes sans s’effondrer et disparaître – et avec lui tout ordre, qu’il soit républicain ou non. Il est heureux que son influence croisse à la faveur du spectaculaire duel qui vient de l’opposer – en juin dernier – au président de la Région PACA, Renaud Muselier, et à un « front républicain » assez curieux face à un gaulliste…


Paul-Marie Coûteaux : Je vous ai rencontré auprès de Charles Pasqua, puis de Philippe Séguin, et peux témoigner que, pour beaucoup, vous êtes l’un des derniers hommes politiques à maintenir le flambeau du gaullisme – en PACA comme ailleurs. Commençons par une question d’allure simple mais qui l’est moins qu’il n’y paraît : comment résumeriez-vous en quelques lignes le gaullisme ? Quels mots vous viennent à l’esprit à l’évocation du nom du Général de Gaulle ?


Thierry Mariani : Le Général incarne d’abord une conviction que la France est une permanence. Je crois que c’est ce qu’il faut retenir du sens de sa fameuse citation « Toute ma
vie, je me suis fait une certaine idée de la France. ». Le Général de Gaulle n’était pas, chacun le sait, un idéologue, mais un héritier d’une certaine politique naturelle qui alliait une anthropologie évidente, un profond respect des familles et la certitude que le patriotisme était une conséquence de l’organisation de la « vie bonne » au sein de la société doublée de la révérence pour les efforts consentis par nos pères pour préserver l’héritage, et l’orner, quand c’est possible, de quelques ajouts.
Cette idée, c’est celle de la permanence. A la suite de Charles Benoist, le Général de Gaulle savait qu’il existait des lois de la politique, et que la géographie, les mœurs, les conditions historiques sont très rarement les vecteurs d’évènements nouveaux mais plutôt des trésors de leçons pour ceux qui souhaitent servir notre pays. Ignorer ces lois, accepter des combinaisons qui sortent la France des racines de cette permanence, c’est une trahison de l’esprit, qui est toujours préalable aux trahisons pratiques.

L’Etat a abandonné aujourd’hui de très larges parties de ces permanences : l’unité de la France est mise en péril par une définition très abstraite de la nationalité, ce qui a conduit à une altération très profonde de nos mœurs, notre rapport à l’histoire est passé du mode de l’exaltation à celui de la consternation (voir par exemple celle qu’inspire la manie de la repentance) si bien que c’est désormais la vocation de la France qui est en danger.
Nous sommes dirigés par des cénacles qui ne croient plus ni à notre destin, ni à notre rôle particulier, et voudraient par exemple que nous soyons des auxiliaires de l’Allemagne, ce qui au passage rendrait bien un service au parrain américain. Comme c’est sensible dans les questions internationales ! Je rappelle à chacune de mes interventions quand le Général de Gaulle reconnut la Chine de Mao presque dix ans avant les États-Unis, et qu’il n’a pas hésité à rencontrer Staline. Si ces démarches eurent toutes leur temporalité, leur logique propre, elles ne furent jamais des offres de blancs-seings, mais bien le résultat d’une démarche géopolitique. Dans une logique d’affrontement de blocs, la France a tout à perdre. Ceux qui veulent la perpétuer, qu’on trouve beaucoup trop aujourd’hui dans les milieux de droite,
sacrifient l’intérêt de la France à une forme de nostalgie de la guerre froide. Leur rêve
serait d’être les mercenaires de Washington sur le continent européen. Ukraine, Belarus,
Balkans, les sujets ne manquent pas où le Quai d’Orsay poursuit une politique
de provocations à l’Est, laquelle est aux antipodes de nos intérêts.


La France doit être un pont entre l’Orient et l’Occident, c’est son rôle historique, sa place géographique, son intérêt national. L’affrontement sur le sol européen entre la puissance américaine et la Russie et la Chine doit faire l’objet de décisions prudentes, raisonnées, très
éloignées du préjugé Etats-Unien qui tient ces Nations pour barbares. Le Général avait tout compris : nous avons intérêt à être des alliés non alignés des États-Unis et des partenaires fiables pour les pays d’Europe orientale et d’Orient. C’est une des façons d’être gaulliste aujourd’hui !

Retrouvez la suite de cet entretien de Paul-Marie Coûteaux avec Thierry Mariani dans le numéro 4 du Nouveau Conservateur – Eté 2021.

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