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LE JOURNAL DE PMC – DÉCEMBRE 2021

Vendredi 26 novembre. Paris. Force touittes, ces jours-ci. Étrange expérience : par mon petit appareil, des personnages surgissent dans ma vie, que je ne rencontrerai jamais mais qui pourtant accompagnent mes jours et mes nuits. Tel ce vieux médecin, Christian C. qui dit avoir exercé son art pendant près de 50 ans, presque chaque jour et souvent plus d’une douzaine d’heures chaque jour : il ne veut pas se laisser injecter le produit expérimental, devinant que l’opération covid est une vaste tragédie dont on est encore loin de mesurer l’échelle et auquel, en homme lucide et digne, en Chrétien, il ne veut pas prêter la main ; mais il doit aller chaque mois à l’hôpital pour, écrit-il, « des soins vitaux », et l’hôpital refuse désormais de l’accueillir puisqu’il n’a pas le Passe et le Code. Il ne cède pas, s’affaiblit, et conclut : ainsi soit-il…  

  Repris tout à l’heure ce touitte d’une jeune femme dont le compte se nomme Vanessa 34 : « Je n’ai jamais eu l’impression de faire partie de cette société, j’ai toujours été décalée ; mais, maintenant, j’ai plutôt l’impression de regarder une pièce de théâtre dont je ne fais pas partie ». Je pourrais dire de même : mon univers est de plus en plus éloigné du monde extérieur, de plus en plus étranger à ce que je regarde à travers les vitres étroites de ma forteresse, théâtre dévasté d’après la chute, ruines éparses, désastre sans fin dont je sens bien qu’il pourrait me devenir peu à peu indifférent, et qu’il menace de moins en moins les douces joies du for intérieur, loin des petites bêtes soumises et haïssables qui ne sont plus vraiment des hommes. Tout irait bien, certes, si du moins je ne dépendais pas d’eux, ou si j’étais encore assez pieux pour que le regard que je pose sur eux parvienne encore à sourire…

Je les vois aligner les uns après les autres les misérables raisons pour lesquelles ils ont cédé, ont accepté l’injection, se sont soumis à la machinerie, laquelle n’a plus rien de sanitaire : ces raisons sont d’ailleurs aussi justes et fondées qu’elles sont misérables. Si chacun avait un peu résisté au grand rouleau trans-humaniste qui avance sur un terrain qu’on croirait vierge de toute raison, de tout courage, de tout humanité, les incessants diktats se seraient peu à peu perdu dans les sables. Mais non, on se soumet, on veut aller en vacances, on veut aller au resto, on veut aller au cinéma etc. Je cherche de la pitié, je ne trouve plus que de la haine pour de si grandes lâchetés, ou du mépris, qui est plus coupant encore -qui me coupe plus encore de mes contemporains.  Leur soumission me sidère, et l’effort qu’il me faut faire pour lutter contre ce mépris que n’adoucit plus aucune commisération, aucune goutte de cette vieille pitié pour la misère humaine qu’autrefois j’aimais tant retrouver en moi mais dont je vois bien qu’elle s’est tarie au fil des mois, cet effort de charité désormais toujours battu finit par épuiser mes jours.

Une lueur : d’abord je fais de plus en plus souvent, dans les autobus, des trajets entiers sans masque, et je vois bien que les voyageurs qui m’interpellent sont moins nombreux de mois en mois ; ou bien n’est-ce qu’un effet d’optique, car je finis par ne plus guère sortir, sinon dans les restaurants où je sais que l’on ne me demandera rien -restaurants de plus en plus nombreux, d’ailleurs…  Ensuite, plusieurs de mes proches ont été déclarés vaccinés parce qu’ils ont trouvé, dans la vaste nébuleuse des professions médicales  un complice pour jeter la dose d’IGE (Injection Génique Expérimentale) dans le lavabo ; bien d’autres usent d’un faux QRCode, qu’un de leurs amis tient d’un de ses amis, etc. De sorte que la résistance passive est plus large qu’il n’y parait -on parle de 6 millions de « non injectés » mais les dissidents sont bien plus nombreux, dont les rangs vont bientôt s’enrichir de ceux qui refuseront la troisième puis quatrième injection, du moins annoncent-ils fièrement (cette fierté veut tout dire) qu’ils la refuseront. Serons-nous dix millions, comme en Allemagne -où du moins ce chiffre est donné officiellement, comme si les mailles de l’omniprésent filet de la propagande étaient là-bas moins serrées qu’elles ne le sont en France…

                                                                       *

Samedi 29 novembre : c’est d’ailleurs grâce à l’un de ces faux certificats que j’ai pu assister l’autre jour, avec D., au très prenant Vaisseau Fantôme qu’on donne cette saison à l’Opéra Bastille. A la porte, « c’est passé crème » comme dit D., faussaire lui aussi -en fait, il suffit de faire marcher la photocopieuse, comme je l’ai vérifié encore tout à l’heure en allant dîner au Sénat avec G., et ses frères. Le premier règne des dictatures, chose connue, est d’abord celui de la peur -mais, tout de suite après, celui de la débrouillardise. L’homme repousse toujours, dans les interstices, comme se faufilent toujours, entre les pierres, les plantes opiniâtres qu’on croyait déracinées.

            A propos de ce très beau Vaisseau Fantôme, j’aimerais pouvoir trouver les mots justes malgré ma fatigue (il est plus de deux heures du matin, mes yeux se ferment tout seuls), pour dire l’espèce de stupéfaction que m’a donnée, pendant presque trois heures, non point tant la magnificence de la musique, que je connais à peu près par cœur, ni le spectacle un peu trop sobre de la scène, mais celui de l’assistance : nous étions presque trois mille dans l’immense salle noire, il m’a bien semblé que tous les sièges, assez étroits d’ailleurs, étaient occupés, mais chacun était silencieux, immobile, figé : époustouflants alignements de statues, dans une froideur minérale de musée. Pas un bruit, pas un geste (certains, comme je l’ai fait, enlevaient seulement, mais subrepticement, leur masque), pas un de ces raclements de gorge ou quintes de toux qui gâchent ordinairement les concerts de province. Eh quoi ? Etait-ce un nouveau signe de l’hébétude générale ? Impossible : l’hébétude moderne est du genre agitée, bougiste, et les décervelés contemporains n’ont pas assez de vie intérieure pour tenir ainsi trois heures durant dans une incroyable concentration collective. La passion pure. « les wagnériens, c’est une race à part », dit D en sortant – moins ému que moi, il cherchait déjà un restaurant…

            Pourtant, il y a bien des longueurs, chez feu M. Wagner -de ces longueurs qui me retiennent souvent d’aller à l’Opéra, où je n’irais guère, comme jadis le faisait le faisait l’impérieuse Marie-Catherine G. si l’on ne m’y invitait. Cette fois, cependant, l’atmosphère était si dense et recueillie, je me sentais dans une telle apesanteur que les mots et leurs défilés menaient dans ma tête la grande sarabande des beaux jours. Revenait souvent, je ne sais pourquoi, cette phrase de Montherlant, écrite, me semble-t-il, dans une lettre à de Gaulle, ou bien à Philippe de Saint Robert, qui la cite souvent : « Moi qui ne crois pas, je ne puis croire qu’en ceux qui croient et pourtant je ne comprendrai jamais en quoi ils croient ». Que de choses, en peu de mots -que j’aimerais dire, décortiquer et dépecer, mais décidément je pique du nez…

                                                                       *

Dimanche 28 novembre. Paris. C’est peu dire que l’ami Zemmour nous donne des émotions, ces jours-ci. J’avais déconseillé le voyage à Marseille : assez de villes, pour commencer, assez de pierres, de béton et de banlieues ; un peu de campagne, de terres et de villages ! Et gare à cette vieille Phocée qui cache tant de pièges -et ne se prête que trop aux propos radicaux, qu’on aura tôt fait de qualifier d’extrémistes. A Marseille ne pouvaient qu’éclater les deux faiblesses de sa campagne, la radicalité et l’apesanteur -auxquelles s’ajoute l’évidence que je ne cesse de lui dire, par courriels, par textos, ou de vive voix, qu’il doit changer de comportement et de « corps », entamer la transubstantiation « des deux corps du roi», abandonner son allure d’intellectuel batailleur pour adopter peu à peu celle d’un Homme d’Etat. Au vu des péripéties de Marseille, je crains bien d’avoir une fois de plus labouré la mer…

Il faudrait dare-dare changer de stratégie, cesser de ne viser que l’électorat radical (en fait celui du Rassemblement National) en reprenant, avec les mots les plus crus, le thème de l’immigration massive que Marine le Pen semblait mettre de côté ; il faudrait diversifier les thèmes, mieux séduire l’électorat de la droite parlementaire, qu’on l’appelle conservatrice, légitimiste, gaulliste ou chrétienne, comme on voudra, qui est le véritable cœur de cible, du moins la clef de l’élection – je me croyais revenir aux conseils que je donnais voici dix ans à Marine le Pen, en vain.    

            Passons sur les efforts de forme et de comportement, que lui seul doit comprendre (comprendre que, comme je le lui répète « l’onction précède le sacre », et que c’est en se comportant dès à présent, dès aujourd’hui même, en Homme d’Etat qu’il pourrait le mieux le devenir), acquérant alors cette gravité, cette hauteur et cette solennité qui ne lui sont certes pas spontanés -homme trop aimable et souriant… Il faut en venir à l’apesanteur, l’absence autour de lui, de terres, d’arbres et de paysages, qui seuls pourraient l’enraciner. Dans le train qui le ramène de Marseille, je sens par ses messages son désarroi, lui suggérant de s’arrêter dans la prochaine louer un taxi, rouler vers le premier village venu, enregistrer sa candidature sur une petite route de campagne…

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Mardi 30 novembre. Z déclare sa candidature parmi bien des péripéties et se remet in extremis en selle. MBC, avec qui je dîne (quel personnage époustouflant ! ) assure que la mise en scène de cette déclaration sombre et lyrique, très 18 juin, est réussie. Elle convient certes à l’aspect dramatique de cette élection, la dernière peut-être avant le chaos -Z est bien la dernière lettre de l’alphabet -une finis-terrae, le dernier promontoire au-delà duquel nous tomberons à la mer.

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Mercredi 1er décembre deux mil vingt et un. Paris, où les premières pointes du froid m’ont ramené tout à l’heure, comme chaque année à cette date, à celles de l’année 1993 – à ce soir de ténèbres où, après un discours de Philippe Séguin à Dauphine sur « l’Organisation de la Grande Europe », que j’avais préparé de longue main, je rentrai chez moi, heureux du joli coup, et trouvai le corps glacé.

            La question du pain finit par me passionner. J’en prends alternativement de diverses sortes, qui me plaisent toutes. A Paris, j’ai retrouvé par hasard, dans une boulangerie de la rue Brézin que je ne connaissais pas, le pain sans levain plus courant et tant aimé à la campagne. Il est certes plus âpre, sauf quand on y mêle de l’huile d’olive ou qu’on le tartine de beurre salé – quelquefois les deux, ou bien accompagné d’olives, ou bien encore de tarama, ou de guacamole doux. Mais, bien grillé, il est nettement plus intéressant; on retrouve la sécheresse de l’hostie, et d’ailleurs le pain sans levain est chanté dans les Ecritures saintes ( Ancien comme nouveau Testament) comme signe de pénitence, et de sanctification. C’est l’alliance constante de l’austérité et des bonheurs soigneux  d’Epicure, qui me plait tant, et en chaque chose -y revenir.

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Mardi 12 décembre -finalement j’ai, sur le sujet de la France, un tempérament anxieux que je ne me connais hélas pas en tous sujets : bien loin de mes craintes, les électeurs de Nouvelle Calédonie ont massivement choisi de demeurer dans le giron de la France.

Le point est d’autant plus notable que ce énième referendum  (il y en eut ! ) met un terme, sinon définitivement du moins durablement, au long processus dont on ne doutait pas, à gauche, qu’il aboutirait à l’indépendance de la Nouvelle Calédonie, du moins lorsqu’il fut lancé voici trente ans par Michal Rocard -pour cet homme gonflé d’importance, encore un échec, posthume celui-là. Plaisir gâché par la répétition en boucle, dans presque tous les commentaires, que le faible taux de participation , soit 44%, « vicie »  (mot lancé aussitôt par M. Mélanchon) le scrutin. Or, si il fallait révoquer tout scrutin obtenu malgré une faible participation, il en resterait peu -pas de députés européens, pour commencer. C’est que les petites bandes anti-françaises qui règnent sur nos médias enragent que puisse perdurer cette vérité, incompréhensible certes après tant de déconstructions et de destructions : la France est le seul pays au monde sur lequel le soleil ne se couche jamais -et, en plus, avec le consentement de ce que le Roi de France appelait jadis,  « ses peuples ». Les petites bandes ne s’en remettent pas.

                                                                       *

Jeudi 16 décembre. La panique de la gauche fait plaisir à voir : tout à l’heure, faisant une incursion dans la cuisine, comme toujours, la meilleure pièce de l’appartement, pour taper une petite graine de six heures, je branche, comme toujours, la radio et qu’entends-je ? Christiane Taubira se présente ! Une huitième candidate de gauche, me suis-dit in petto, avec gourmandise, tandis que se chauffaient doucement dans le four mes rôties de chèvre et de fines herbes, cela promet…

 
          Pas encore : cette dame ne se présente, si l’on peut dire, qu’à la présentation : pour l’heure, elle entend rien moins que réunir les sept autres – qui, à eux sept, n’atteignent même pas le quart de l’électorat, ce dont comprend qu’elle et ses amis s’inquiètent un peu. On triomphait si aisément, il y a quelques temps encore, des hordes de la Manif Pour Tous ! D’urgence, U-ni-on. La grande Taubira, c’est en somme blanche-neige au secours des sept nains. Hélas, les petits nains ne sont pas d’accord, du moins pas les trois communistes de LO, de la LCR et du PCF, ni davantage Leurs Excellences Jadot et Mélanchon, qui tiennent chacun leur lopin et n’ont pas craint d’envoyer illico Blanche Neige se promener dans les bois – on a beau être de gauche, on n’en tient pas moins à son petit capital. Restent les deux derniers rejetons du PS, Hidalgo et Montebourg qui, mis ensemble, ne dépasseraient guère 5% et que voilà si peu glorieux ( il y a dix ans le PS, longtemps le « premier parti de France », remportait l’élection suprême, atteignant 28,6% au premier tour et 52 % au second, mais c’était avant les ravages du célèbre couple Hollande/Macron – si peu glorieux, donc, qu’ils auraient aimé se faire oublier, si au moins les camarades en avaient fait autant, etc. 

          Que va-t-il se passer ? Soit les deux socialistes s’effacent au bénéfice de la radicale-socialiste, qui ne fera pas beaucoup mieux qu’eux deux réunis, soit Blanche Neige s’opiniâtre et se présente en chantant devant les électeurs la chanson de l’union – après tout, quand il y en a pour sept il y en a pour huit. D’ailleurs cette candidature serait logique : Mme Taubira a quelque chose de plus, selon la neuve logique de la néo-néo-gôche : elle n’a pas seulement, depuis le coup du Mariage pour Tous, les faveurs de l’électorat LGBT, (qu’elle surévalue sans nul doute), ainsi que des évangélistes du féminisme et de l’anti-racisme, et du communautarisme le plus houoque. Ces atouts-là, désormais indispensables à gauche, la belle Hidalgo de Cadix les a aussi. Taubira en a un autre : elle est encore plus extérieure à la France, non seulement parce qu’elle vient de plus loin au Sud, mais parce qu’elle a longtemps milité, comme indépendantiste guyanaise, contre la France, et dispose ainsi de gages d’anti-France en bonne et due forme : une apothéose. Il n’est cependant pas douteux que, hors communautés actives, les Français soient moins emballés et que deux ou trois sondages mettent fin à cette boufonnerie. Sic transit ; mais c’est dommage : une telle tentative aurait du moins montré où en est la gôche quant à ses critères de recrutement, tout en lui réservant un bouillon assez pédagogique.Décidément, la panique de ces anciennes grandeurs met en joie.

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