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Marleix contre les liquidateurs

La Lecture de Jean-Gérard Lapacherie

Olivier Marleix, député Les Républicains, a présidé en 2018 la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la débâcle qui a emporté trois fleurons de l’industrie française : Alstom, STX, Alcatel. L’affaire avait été dévoilée dans le documentaire diffusé en 2016 sur La Chaîne Parlementaire, Guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric. Au moment où s’est déroulée la commission d’enquête, les Gilets jaunes protestaient contre une augmentation de la fiscalité. Dans ce livre, Olivier Marleix, un des rares élus à avoir une connaissance réelle et technique des finances publiques, du capitalisme, des décisions de la Commission européenne, essaie de comprendre à la suite de quels processus la France a pu tomber aussi bas. Olivier Marleix montre que le capitalisme financier est devenu prédominant et il l’emporte sur le capitalisme industriel. Le résultat est que la France a désormais un capitalisme sans capital. Les opérations de fusion-acquisition, dont Macron a été un spécialiste chez Rothschild, se sont multipliées de 2014 à 2016, pendant qu’il était ministre de l’économie et des finances, et toutes en faveur de capitaux étrangers. Ces opérations sont sources de bénéfices énormes pour les banques d’affaires, les cabinets d’avocats et de comptables qui les préparent. Olivier Marleix analyse une situation d’apocalypse : souveraineté disparue, défiance accrue, citoyens déçus par la démocratie ou ce qui en tient lieu, protection sociale utilisée pour panser les plaies d’une mondialisation faussement heureuse, mirages de la start-up nation, monnaie unique bénéfique pour l’Allemagne, mais catastrophique pour la France, dont la balance commerciale est déficitaire depuis vingt ans, augmentation des prélèvements qui obèrent des entreprises en butte à la concurrence mondiale. Cette situation justifie le titre et le soustitre qui pourraient paraître excessifs. Des hommes, des lobbys, des groupes procèdent tranquillement à la liquidation de l’industrie en France, comme si la France était en faillite ou en cessation de paiement. L’État n’a plus de stratégie, la politique industrielle de la France est faite par les grands groupes financiers. Longtemps, libéralisme et capitalisme ont convergé. Désormais, ils ont divorcé. Telle est la thèse qui sous-tend ce livre. Le capitalisme mondialisé est « illibéral ». Ce ne sont pas les gouvernements d’Europe de l’Est qui sont « illibéraux », mais le capitalisme du monde global : l’accusation est retournée. La concurrence existe toujours, mais les entreprises ne sont plus soumises aux mêmes règles : pas de règle là, mais un lacis de règles contraignantes ici, en France, ce qui explique qu’après les trente années glorieuses de croissance (1945-1975), la France connaisse quarante années douloureuses de croissance faible, de hausse du chômage, de stagnation du pouvoir d’achat, de lente disparition de son industrie. Dans la seconde partie, Olivier Marleix, qui fait l’éloge de Pompidou, esquisse une contre-politique centrée sur la protection, « l’ADN de la droite française », et qui se donnerait pour but d’imposer enfin quelques règles au capitalisme mondial.

Olivier Marleix, Les liquidateurs – Ce que le macronisme inflige à la France et comment en sortir (Robert Laffont, 2021, 250 pages)

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