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Toujours Fillon

par Valentin Gaure

La France – peut-être même l’Europe – est passée à côté du sursaut en 2017. Cette élection aurait pu constituer autre chose que l’habituelle course quinquennale des petits chevaux. Loin de tout relèvement national, 2017 ne fut pourtant qu’une étape supplémentaire sur la route du déclin.

François Fillon dépassait d’une tête ses autres concurrents. Sa personnalité correspondait à la fonction. Son programme était le bon pour la France. L’homme, marqué par le courage et une forme de panache, réussit à convaincre en s’imposant par surprise à la primaire. Son tempérament entrait en résonance avec la profonde France. Des femmes et des hommes issus de tous milieux percevaient sa vérité. Il n’était pas de la race des bonimenteurs de foire, ces politiciens de rencontre qui vous font prendre des vessies pour des lanternes. Alors, son programme s’annonçait austère. Mais fallait-il priver le malade de remède, sous prétexte que celui-ci eût un goût âpre ?

L’homme de la rupture

En appelant au travail, à l’ordre, au dépassement collectif, François Fillon engageait la rupture avec le « consumérisme électoral » qui tient lieu de martingale en France, a minima depuis 1981. Il ne voyait pas dans le peuple un groupement de consommateurs désireux d’obtenir pour eux-mêmes des avantages, des chèques publics ou des tickets à gratter. Le « pouvoir d’achat » ne lui semblait pas l’horizon indépassable de la patrie. Bien qu’en redonnant au travail son sens, en baissant enfin ces satanées charges qui strangulent nos entreprises, l’effet sur les salaires eût été concret, sonnant et trébuchant.

François Fillon voyait plus loin. Il s’agissait pour lui d’en appeler à la grandeur, cette chose que notre pays, après en avoir été l’incarnation aux yeux du monde, trouve désormais incongrue ou baroque, presque dangereuse. C’est que les grandes politiques réclament de grands efforts. Et pour notre malheur, trop de Français rechignent désormais à toute aventure qui dépasse l’isolat moimoïste.  

Il y eut donc les affaires. Les chiens de garde lancés à ses trousses. Les faux-frères. La presse, vengeresse. La justice, instrumentalisée. Les grands enjeux du pays, jetés au caniveau. Nous connaissons la chanson et ses refrains stridents. La présidentielle est devenue un jeu de bonneteau, avec ses roueries et ses trucages. Une sale danse.

François Fillon dérangeait. Parce que son programme voulait rendre la France à elle-même, et donc la restituer aux yeux du monde. Les réformes fondamentales entreprises, notre pays aurait pu prétendre, en une décennie, à faire de nouveau jeu égal avec l’Allemagne. Et s’inscrire finalement comme la première puissance européenne. Le désendettement de la France, condition sine qua non d’une politique étrangère aux mains libres, eût signé notre résurgence. L’ordre public, la lutte contre le totalitarisme islamique, la natalité, la défense de la culture, de l’éducation et de la langue. Voilà autant de batailles qui ne sont plus menées. Avec Fillon, il en eût été autrement.

La France détournée de son destin

Il s’agissait du seul programme qui vaille en France : le programme de la France. Suite et continuité du long fil d’or de notre Histoire, mantra des premiers capétiens jusqu’à l’œuvre gaullienne. Il s’agissait d’un effort intense et digne, réconciliant l’individu avec la société, renouant de fait avec la civilisation.

La France libérée des chaînes et rendue à ses racines. Au centre de tout, il y avait l’idée de retrouver une voix indépendante, à équidistance des empires. Le pont jeté vers l’Est, vers la Russie et ses possibles. Voilà qui aurait peut-être évité le pire. Fillon président, c’est Brzeziński battu. La réunion du monde latin et du monde orthodoxe. La vieille Europe tirée de sa léthargie.

Les récits au conditionnel ont leurs limites. Mais il est rageant et terrible de voir que la France, en 2017, ait été ainsi détournée de son destin.

En écoutant les deux heures d’audition de François Fillon devant la commission d’enquête sur les ingérences étrangères, présidée par Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, on reconnaissait l’homme tel qu’en lui-même. Au-delà de l’excellent programme qu’il a voulu défendre, François Fillon est doté du tempérament idoine pour la fonction suprême.

De ce léonin à l’œil ombrageux, il émane une autorité immédiate, force tempétueuse et tranquille, amoureuse du secret, du silence, du mystère. Cet homme au sourcil pompidolien et à la voix gaullienne convenait à cette fonction habitée par la mort, parce qu’il parle son langage. Chacun pressent chez lui une vie intérieure très forte, guidée par la Foi. Dieu, la France, peut-être même le Roi. Une sorte de Richelieu, malheureusement vaincu par toutes les Rochelles d’aujourd’hui.

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