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Être conservateur, un état d’esprit

Par Laurence Trochu, présidente du Mouvement Conservateur

Le Nouveau Conservateur salue la création de l’Alliance des Conservateurs nouée entre Laurence Trochu, présidente du Mouvement Conservateur, Xavier North, président du CNIP (Centre National des Indépendants et Paysans) et Via | la voie du peuple que dirige Jean-Frédéric Poisson. Chacun de ces dirigeants et leurs collaborateurs ont table ouverte au Nouveau Conservateur. Laurence Trochu poursuit ici notre réflexion entamée dès notre n° 2 (« Ce qu’être conservateur veut dire ») en rappelant l’oeuvre de l’essayiste et philosophe britannique Roger Scruton, brutalement disparu en 2020. Esprit original et détaché de toute école, celui qui se définissait comme « intellectuel français, anglais de naissance, romantique allemand et Virginien fidèle » laisse une oeuvre diverse et foisonnante, véritable antidote à la pensée techno-progressiste : un trésor caché qu’il nous reste à découvrir.

Déroutant conservatisme ! Qui espère y trouver un système de pensée, une sorte de « kit de prêt-à-penser » seront déçus. Qui se délecte de ses caricatures et répète à l’envie les mantras éculés – passéiste, nostalgique, rétrograde – ne parviendra jamais à le découvrir. Qui l’étudie ne le fait généralement qu’en référence à d’autres conservateurs, etc. En réalité, seul Roger Scruton et ses disciples ont réussi à dessiner l’âme du conservatisme – un conservatisme vivant. C’est ce que Frédéric Rouvillois a très justement exprimé dans l’hommage qu’il lui a rendu dans Le Figaro : « Etre et se sentir, foncièrement, de quelque part, d’un certain lieu, et s’engager à le défendre, lui et le trésor de biens, de sensations, d’affections, d’habitudes et d’usages qui s’y rattachent ; se trouver menacé dans son existence même par les assauts de la modernité : telle était pour lui « la vérité du conservatisme », conçue comme un combat quotidien. »

Au cours de la campagne présidentielle, d’autres horizons politiques se sont ouverts à mesure que les cœurs se sont unis au cri de « On est chez nous ! ». Ce cri du cœur, c’est celui des hommes et des femmes particulièrement conscients d’avoir quelque chose à perdre, un quelque chose qui leur tient à cœur : avant tout, un patrimoine culturel. Le patrimoine, c’est ce que nous recevons de nos parents et de notre nation, famille de familles. C’est ce que nous aimons, ce que nous voulons protéger et améliorer pour le transmettre. Ce cri du cœur dit tout simplement ce à quoi nous sommes attachés et que nous ne voulons pas voir disparaître ou remplacer – un instinct de conservation d’autant plus puissant que les menaces sont grandes vis-à-vis de notre identité, qu’il s’agisse de l’islam politique ou du wokisme. Un pays se définit par son histoire et sa géographie et nous sommes menacés sur ces deux fronts. Une maison sans fondation, sans mur ni toit…

Commencer par l’Oikophilie

Ce « on est chez nous » que nous avons fait nôtre a son corollaire dans l’amour du « chez soi » . C’est l’oikophilie, amoureusement explicitée par Roger Scruton : « l’amour de la maison, un motif qui englobe tous nos attachements les plus profonds, créant au milieu de nos urgences un abri dont les générations futures pourront aussi profiter ». C’est la racine même du patriotisme et c’est ainsi que les conservateurs contribuent de manière unique et distincte à la préservation de nos patrimoines culturel et écologique. Le conservatisme met donc l’accent sur les identités locales, les liens historiques de loyauté et d’interdépendance ; à l’opposé du socialisme et même du libéralisme et de leurs visions mondialisantes, le conservatisme recherche, plutôt que le changement, un équilibre qui est d’abord local. Déjà, au XVIIIe siècle, Edmund Burke en posait les bases, contre les révolutionnaires s’arrogeant les patrimoines culturels et naturels pour leur propre cause – c’est ainsi que des écoles, des fondations d’église, des hôpitaux et autres institutions fondées par des personnes pour le bénéfice de leurs successeurs, ont été expropriées ou détruites. En opposition à cette logique, Edmund Burke a développé trois idées qui sont autant de solutions.

Nos morts sont toujours des objets d’amour et de vénération. Les honorer et en faire mémoire, c’est planter dans nos cœurs la vision trans[1]générationnelle de la société. La tendresse envers les ancêtres et ceux dont on raconte l’histoire familiale nous préparent à faire de la place dans nos cœurs pour nos successeurs. On prend soin du chez soi car on en est responsable. Nous le savons bien, la société dépend de relations d’affection et de loyauté, et celles-ci ne peuvent être construites que par des rencontres en face à face. Les ressources communes peuvent être gérées de façon stable à condition d’être gérées par une communauté locale. On est bien loin de la vision mondialiste qui prétend vouloir sauver la planète en la détruisant par son gigantisme…

La tradition, c’est-à-dire le lien vivant, est ce qui permet à une société de se reproduire et de durer. Détruire nos traditions, comme les wokistes s’acharnent à le faire, c’est déconstruire le principe même de la société. Le pacte social exige une relation d’appartenance. Si on décide de notre avenir commun, c’est parce que nous reconnaissons que nous avons du commun hérité du passé. La responsabilité naît de la conscience de la volonté de transmettre nos traditions et nos coutumes.

Vous pouvez retrouver la suite de cette tribune de Laurence Trochu dans le numéro X du Nouveau Conservateur.

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