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Contre la Trahison nationale

Par Nicolas Dupont-Aignan, député de la nation, président de Debout la France

Plus d’un demi-siècle nous sépare de la disparition de Charles de Gaulle. Un demi-siècle d’une démolition constante et minutieuse de son œuvre, comme si ses successeurs avaient inconsciemment rivalisé d’efforts pour, comme ils disent, « déconstruire », domaine par domaine son héritage et, avec lui, ce qu’il parvint à restaurer au XXe siècle de la France millénaire. Une trahison ? C’est exactement le mot approprié tant l’exceptionnel redressement de la décennie gaullienne, qui fit le bonheur et la fierté des Français, fut un véritable cauchemar pour les puissances avides de domination ou de revanche, à commencer par les Etats-Unis et l’Allemagne, mais aussi pour les intérêts financiers dont la France, grâce à un rigoureux équilibre budgétaire, commençait à secouer les tutelles ? Une France libre et forte était de retour ? Il fallait la reprendre en mains : ce fut l’œuvre de nos oligarchies, notamment politiques, qui année après année, firent semblant d’honorer la mémoire du Général de Gaulle comme on va à confesse, pour faire oublier les grands et les petits péchés de chaque jour.

Il fallait enchaîner cette France redevenue libre

Dans la solitude de l’exil londonien, le Général avait compris que c’est justement le dénuement qui imposait la grandeur et l’indépendance. Sa seule boussole fut dès lors, du 18 juin jusqu’au référendum de 1969, le rétablissement de la souveraineté française. De la création de la force de frappe à la sortie du commandement militaire intégré de l’OTAN en passant par la politique de la chaise vide pour arracher le compromis de Luxembourg, le fondateur de la Ve République voulait rendre à notre pays sa liberté d’action, condition de sa prospérité économique et de sa cohésion sociale. Ses successeurs ont pris la direction inverse à celle, pourtant bien simple, qu’avait indiquée de Gaulle, dévalant dès lors toutes les pentes au prétexte que nous étions (selon eux) une puissance moyenne. Ils ont, traité après traité, enchaîné la France aux intérêts étrangers.

Le résultat est tragique : le déclassement est aujourd’hui visible à l’œil nu. Les coupures d’électricité menacent la vie quotidienne, à commencer par l’école, réduite à une simple variable d’ajustement. Le dépeçage de notre parc nucléaire profite d’abord à l’Allemagne, puisqu’il met un terme au coût raisonnable de l’électricité dont bénéficiaient les entreprises françaises. Le rachat de nos « pépites scientifiques » par des fonds américains entrave notre indépendance. Tout le terrain, patiemment reconquis par le Général de Gaulle, puis Georges Pompidou, a été cédé aux banques d’affaires et à la Commission européenne, qui ont désormais la mainmise sur Bercy. Emmanuel Macron symbolise, mieux que quiconque, ce conflit d’intérêts permanent. Comment s’étonner, dès lors, que la voix de la France ne soit plus audible, ni crédible ?

Quel contresens historique ! Au moment où le monde devient multipolaire, comme le général l’avait anticipé en pleine guerre froide, en osant, dans ses discours de Phnom Penh à Mexico, en passant par Québec, offrir à tous les peuples de la terre une espérance, ses successeurs (à l’exception de J. Chirac sur la guerre en Irak) ont renoncé à penser le monde et donc à porter haut la voix de la France. E. Macron, sous l’alibi de la mythique souveraineté européenne, pense, lui, le monde en banquier démocrate américain, verni d’une culture woke de bas étage. Par ses décisions quotidiennes, il incarne la vassalisation à la commission américaine de Bruxelles dont l’arrogance, sous le règne de la dame patronnesse von der Leyen, n’a plus de bornes.

Miner nos fondations

L´immaturité d’E. Macron face au conflit ukrainien est confondante. Maintenir le dialogue avec V. Poutine était une bonne idée, à la condition de porter une voix libre capable de réconcilier les deux camps. Mais la gesticulation, assortie d’un alignement contreproductif sur le régime corrompu de Zelensky qui sacrifie son peuple, n’a aucun sens. Paradoxe : les européistes conduisent l’Europe à la ruine économique et à l’explosion sociale pour la plus grande joie des Chinois, dans les bras desquels est poussée la Russie – folie géopolitique ! La France eut, pendant quelques semaines, l’occasion unique de profiter du legs gaullien pour être l’arbitre impartial d’un conflit tragique – et elle s’évanouit. Notre diplomatie atlantiste laisse nos amis d’Amérique latine, d’Afrique et du Moyen-Orient prisonniers d’une nouvelle guerre froide. E. Macron enfonce un dernier clou sur le cercueil en fanfaronnant en anglais à chacun de ses voyages, abandonnant en rase campagne la Francophonie – avec cet énorme culot, quand il passe au Sommet francophone de Tunis, de se plaindre, à la tribune, de la diminution du rôle du français dans le monde…

Mais le reniement va plus loin encore, minant nos fondations. Le général de Gaulle, contrairement à la mauvaise interprétation de sa fameuse citation « l’intendance suivra », savait combien l´assainissement des finances publiques était le préalable à toute stratégie de puissance et de conquête. Son génie fut justement d’articuler une bonne gestion budgétaire, année après année, et une vision des rapports de force économiques, obligeant à une planification souple de l’effort de recherche pour tenir notre rang. Là aussi, ses successeurs, obnubilés par la fuite en avant européenne, ont laissé les bureaucrates de Bruxelles prendre le pouvoir.

A l’abri d’un euro qui nous a ruinés tout en nous protégeant de la sanction des marchés, l’Etat a perdu du muscle et devient obèse. Terrible bilan du record d’impôts et taxes pour des services publics au rabais, des territoires ruraux abandonnés et une école qui sacrifie le savoir.

Mettons fin à cette spirale de la dépendance et de l’appauvrissement collectif. Renouons avec cette ambition gaullienne qui savait qu’une politique n’a de valeur que par sa cohérence. Politique intérieure et politique extérieure sont les deux faces d’une même médaille : celle de l’effort, du courage et de la liberté. « Vaste programme »…

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