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Bâtir un avenir conforme à notre histoire !

Laurence Trochu

Présidente du Mouvement Conservateur

Le 14 octobre dernier, le Mouvement Conservateur organisait, à Asnières, une  « Journée des Conservateurs ». Sa président, Laurence Trochu, prononça à cette occasion, aux côtés de Jean-Frédéric Poisson, président de VIA/La voix du peuple, et de Bruno North, président du Centre National des Indépendants et Paysans, un discours inaugural qui situa l’immense enjeu que représente l’émergence en France, comme d’autres pays le connaissent, d’un grand mouvement conservateur. De ce discours, nous lui avons demandé des extraits que voici. Signalons à cette occasion que Laurence Trochu fut l’invitée de nos Conversations diffusées sur TVL (taper: TVL Conversations, Laurence Trochu ): on y découvre l’étonnant parcours de cette mère de famille volontaire et très organisée, professeur de philosophie, correspondante en France du philosophe britannique Roger Scruton, ancienne présidente de «Sens Commun» qu’elle transforma en «Mouvement conservateur»: une vie politique naissante, mais déjà une œuvre.

Mes chers amis,

Il y a déjà 55 ans, plus d’un demi-siècle, le député britannique Enoch Powell tenait devant le congrès du Parti conservateur un discours qui restera dans l’Histoire : « La fonction suprême de l’homme d’Etat est de protéger la société de malheurs prévisibles. […] Comme les Romains de Virgile, je vois confusément le Tibre écumant de sang. » Enoch Powell n’est plus parmi nous, et nous avons à cœur d’espérer que ses songes n’iront jamais jusqu’au bout de leur terrible prémonition romaine.

Il flotte dans l’air européen comme un parfum d’hypocrisie, de non-dits, de technocratie hallucinogène et elle-même hallucinée, de culture de mort et de mensonges en série. Mais, comme à toutes choses, il y a une limite, Il n’est plus possible que 3000 ans de civilisation grecque, romaine, chrétienne, soient anéantis par le flot ininterrompu des arrivées de jeunes hommes déracinés, de jeunes familles dépourvues des fondations élémentaires d’une éducation, d’un art de vivre dans nos sociétés policées, d’une éthique et d’une morale adaptables aux nôtres. Et pire que tout : de l’arrivée de djihadistes qui nous détestent et qui s’obstinent à imposer leur loi, nous soumettre à leur violence, nous réduire à la conversion forcée.

Retrouver la capacité de dire NON

Il est donc temps, grand temps, de bâtir « l’alliance de la grande muraille d’Europe ». Une maison ne tient pas sans murs, un pays ne tient pas sans frontières, un continent ne se maintient pas sans limites. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’un mur de pierre et de chaux. Il s’agit du mur de nos volontés. Il s’agit du Mur de l’action, qu’il faut rendre implacable, celle de nos forces de sécurité, de police, de Justice. Il s’agit de la fin du droit du sol, de la fin d’une sorte de « droit à immigrer » que constituent le regroupement familial et la jurisprudence des Cours nationales et européennes ; mais il s’agit aussi de la fin du droit de se loger et de se nourrir sans travailler et sans rien apporter. Il s’agit de retrouver la capacité de dire NON. Il s’agit de se dresser, devant l’Histoire, devant ce que nos enfants retiendront de nous, à l’appel de notre Honneur – cet honneur qui vit nos pères combattre comme des lions, essuyer tant de peines, et qui contemplent aujourd’hui le spectacle d’une génération réduite à l’impuissance, lionceaux ligotés dérivant au long des eaux du renoncement.

Et puis, mes chers amis, non contents de nous dresser sur la muraille de l’Europe, il nous faut rebâtir notre civilisation. Il faut retrouver l’âme de l’Europe. Qu’est-ce que l’âme de l’Europe ? L’âme de l’Europe, c’est le meilleur de ce que chacune de nos Nations peut apporter à un ensemble géographique, politique, culturel qui partage tant. L’âme de l’Europe, c’est la fondation pierre par pierre de la Chrétienté sur les ruines de l’Empire romain : c’est l’Espérance. L’âme de l’Europe, c’est ce grand manteau d’églises et de monastères, suivant les figures de Saint Martin, Saint Benoît, Saint Colomban, Saint Boniface et tous leurs successeurs, dont les fondations ont constitué l’aliment de la vie intellectuelle : c’est la Foi. L’âme de l’Europe, ce sont ces clercs qui avaient sauvé les manuscrits de l’Antiquité, qui étaient les grands éducateurs des peuples : c’est le Savoir. L’âme de l’Europe, c’est la Force. L’âme de l’Europe, ce sont les rois arbitrant les litiges, sur le fondement d’un droit qui recherche toujours la plus grande équité entre les requérants : c’est la Justice. L’âme de l’Europe, ce sont ces chefs-d’œuvre dans chacun des arts : c’est la Beauté. L’âme de l’Europe, c’est la grandeur de sa littérature, de sa science, de ses Universités, c’est son ingéniosité et sa maestria. L’âme de l’Europe, c’est ce ressort intime qui est dans le cœur des Européens et qui les fait poursuivre de grandes ambitions, épouser de larges vues et, dans le même temps, s’appliquer pour soi-même, en son for intérieur, à garantir la plus grande rigueur morale, la plus grande vertu, la plus grande exemplarité et, bien souvent, la plus grande abnégation. L’âme de l’Europe, c’est le don de ses meilleurs esprits à de grandes œuvres et c’est une forme de charité !

Certes, l’Europe a été grêlée de vicissitudes. Son Histoire est une trame entachée de conflits, de déchirements, de renoncements. Si l’Europe a sidéré le monde par les charmes de sa civilisation, elle a aussi déçu, détourné les Nations par la violence de ses conflagrations, puis par ses promesses non tenues. Certes, cette Europe qu’on a voulu forger après la Guerre, fondée sur la mise en commun d’intérêts matériels, ne nous satisfait plus aujourd’hui. Cette Europe-là a peut-être parlé à nos porte-monnaie, elle a sans doute contribué à la hausse de la prospérité en abaissant des barrières aux échanges, mais elle n’a jamais parlé à nos cœurs.

Alors, qu’est-ce qui peut réveiller cette âme de l’Europe ? Ce ne sont pas les institutions européennes, ce ne sont pas Emmanuel Macron, ni Ursula von den Leyen qui vont nous tirer d’affaire (…) En réalité, pour réveiller l’âme de l’Europe, nous n’avons pas d’autre choix que de réveiller celles des Peuples d’Europe. Il est temps que sortent de leur torpeur l’âme des Espagnols, celle des Autrichiens, celle des Irlandais, celle des Allemands, celle des Danois et qu’elles s’unissent à celles des peuples qui ont déjà commencé à se réveiller : les Polonais, les Hongrois, les Suédois, les Italiens. Car l’Europe n’est pas, elle n’a jamais été un empire, c’est un concert de Nations.

Nous sommes le phare dans la nuit

Pour nous, Français, notre tâche consiste à réveiller et faire vivre l’âme de la France. Qu’est-ce que l’âme de la France ? C’est l’âme d’un peuple qui ne veut pas disparaître, pas subir, pas s’incliner, mais durer. C’est notre force et nous la trouverons dans notre volonté impitoyable de ne plus rien céder aux faiblesses du découragement et de l’abandon. Il nous faut rayonner autour de nous, d’abord, afficher sans complexes les convictions dont nous sommes remplis et qui ne demandent qu’à s’épancher et remporter l’adhésion ! C’est une France fière de son histoire, de sa culture et de son art de vivre. Car faire vivre l’âme de la France, c’est tout à la fois donner à nouveau du sens à l’action de nos institutions publiques et de nos concitoyens. C’est s’inscrire dans une Histoire pour bâtir un avenir. C’est admettre que devant les enjeux moraux qui se posent à nous, du harcèlement que subissent nos enfants exposés aux drag queens dans les écoles, aux choix à faire en matière d’usage de l’intelligence artificielle, en passant par le contrôle de la vie humaine, les solutions ne consistent pas essentiellement à trouver des critères matériels, mais à retrouver, comme disait Rabelais, « la Conscience sans laquelle la science n’est que ruine de l’âme ». C’est admettre que l’homme est « merveilleusement vain, divers et ondoyant » selon Montaigne ; qu’il est un « néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant » selon Pascal ; qu’il doit parfois s’incliner devant la part de sacré qui le dépasse ; qu’il ne peut balayer d’un revers de la main ce que 2000 ans de civilisation nous ont enseigné avec constance. C’est accepter que la laïcité fournisse des règles pour les rapports entre l’Etat et les religions, mais qu’elle ne saurait donner une âme à un peuple. Que les grandes lois de l’espèce humaine, la Prudence, la Justice, la Force et la Mesure, sont des vertus de l’âme, éminemment importantes pour les gouvernants, et qui devraient être les critères du fonctionnement de nos institutions. Que ces vertus ne peuvent croître que si l’Etat et la société les honorent, les défendent et les protègent et si l’école les enseigne.

L’exemple de sainte Geneviève

Si nous tirons le meilleur de notre civilisation, en puisant dans son être profond, alors nous pouvons à nouveau être « le phare dans la nuit » que nos contemporains attendent que les Conservateurs allument enfin. Sur les rives de Seine où nous sommes réunis aujourd’hui, je ne peux manquer d’avoir une pensée pour une petite bergère qui, voici 1600 ans, faisait paître ses moutons, non loin d’ici, à Nanterre. Elle n’était pas grand chose. Elle aussi a dû se dire que tout était perdu, lorsque les hordes de Huns qui avaient ravagé l’Europe ont déferlé sur Paris. Mais elle n’a pas baissé la garde. « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous resterons. Nous prierons Dieu tant et tant qu’il entendra nos supplications. » Puissions-nous à notre tour ne pas baisser la garde, défendre chèrement notre pays, notre peuple et notre civilisation et mener pied à pied les combats qui nous attendent. Vive la Conservation de notre patrimoine! Vive nos Nations européennes ! Et comme dit Eric Zemmour : Vive la République, et surtout, surtout, vive la France !

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