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Deux dirigeants face à la crise

Par François Martin

Il est intéressant de comparer les attitudes et les décisions de deux dirigeants politiques, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, dans leurs récentes crises, celle, en France, des émeutes suite à la mort de Nahel Merzouk le mardi 27 Juin, celle, en Russie, de la « rébellion » d’Evgueni Prigogine le 23 Juin.

A priori, on devrait pouvoir comparer ces deux événements, d’abord, parce qu’ils ont été pratiquement  simultanés, ensuite, parce qu’ils mettent en cause les dirigeants de deux « grands » pays du monde, enfin parce que, si l’on fait une analyse sommaire, on peut avoir eu l’impression que, dans les deux cas, les chefs d’Etat ont « maîtrisé la situation », même s’ils ont été fragilisés. 

En réalité, l’examen plus précis des faits montre une très grande différence entre les deux situations.

La crise en France

En France, c’est la mort du « jeune » délinquant Nahel Merzouk qui démarre l’affaire, suite au tir d’un policier lors d’un refus d’optempérer, une séquence qui clôturait un rodéo urbain à tombeau ouvert dans les rues de Nanterre de plus de 30 mn, avec conduite sur la voie de bus, feux rouges grillés, une fuite au cours de laquelle deux personnes, un piéton et un cycliste, ont manqué d’être tués. Le coupable de cette poursuite était un conducteur sans permis de 17 ans, lui-même très connu des services de police pour de nombreux délits préalables : conduite sans permis, refus d’optempérer, trafic de drogue et de voitures. Rien, donc, d’un « petit ange ».

Ce qui déclenche les émeutes, ce n’est pas la mort de ce délinquant, mais bien la déclaration du Président de la République qui, dès le lendemain à Marseille, affirme que «  la justice doit passer » et qu’il « rend hommage aux forces de l’ordre qui font leur travail dans des conditions très difficiles », mais, préalablement et dans la même phrase, que « la famille de ce jeune a l’affection et le respect de la nation », et aussi que cette mort est «  inexplicable et inexcusable ». Par ce fait, il prend en réalité déjà parti, avant même que l’enquête ne soit diligentée, contre le tireur et les forces de l’ordre, et pour les lobbies islamo-gauchistes et mafieux qui ne manqueront pas, il le sait, d’exploiter la situation. Et sa déclaration est d’autant plus stupide ou cynique, c’est selon, qu’il connaît parfaitement le cadre juridique des tirs de cette nature, qui ne sont pas limités à la légitime défense, mais incluent, depuis les événements du Bataclan de 2015, la possibilité que le malfaiteur, si on le laissait continuer, ne puisse faire de futures victimes (ce qui était, en l’occurrence, évidemment le cas). Il est donc très possible que le policier auteur du tir soit innocenté par la justice, mais, à cet instant, la déclaration d’Emmanuel Macron n’est dictée que par un sentiment, la peur, et par un objectif, « embrasser les babouches » de ses ennemis politiques en espérant qu’ils ne déclencheront pas trop d’émeutes. Il ne se comporte pas en véritable chef d’Etat, en arbitre impartial, mais il cède déjà sur le fond à ceux qu’il pense les plus forts, pensant ainsi les calmer et les contenter. Cet aveu de faiblesse sera reçu 5/5 par toutes les forces politiques gauchistes, islamiques et mafieuses, qui vont exploiter l’événement de toutes leurs forces pendant une semaine. 

Car, et Macron le sait mieux que personne, la réaction adverse, qui du coup va s’amplifier considérablement à l’aune de sa faiblesse, n’est ni une rébellion sur fond de « misère sociale » des quartiers (quelle misère dans ces lieux où l’argent de la drogue coule comme le Niagara ?), ni une émeute de jeunes surexcités mal tenus par leurs parents (si c’est le cas, l’Etat ne se félicite-t-il pas lui-même, depuis des lustres, à travers, entre autres choses, la sexualisation à outrance de l’Ecole, de la déséducation des jeunes français ?), mais, à travers tout cela, une attaque politique. C’est Mathieu Bock-Côté qui en parle le mieux lorsqu’il parle de guerre de conquête. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Prenons trois exemples pour le prouver :

  • Dans le document de l’ISESCO (l’équivalent de l’UNESCO pour les pays islamiques) intitulé « Stratégie de l’Action Islamique Culturelle à l’Extérieur du Monde Islamique » signé à Doha en 2000 par les 150 pays islamiques du monde, il est écrit, notamment, en s’adressant au monde occidental, « Notre objectif est de remplacer votre civilisation décadente par une civilisation pure basée sur les préceptes de l’islam ». Ceci n’est-il pas une prise de position politique de conquête, et la plus claire qui soit ?
  • Lors des élections législatives de 2017, je me suis présenté dans ma circonscription, la 9ème des Yvelines. A cette occasion, j’ai tenu à aller rencontrer les représentants de la Mosquée des Mureaux, pour leur dire que ma doctrine politique, par rapport aux lobbies LGBT, c’était que « mes garçons se marient avec des filles et mes filles avec des garçons », ce qu’ils ont évidemment approuvé. Mais j’ai appris à cette occasion que la Mosquée des Mureaux s’appelait Mosquée Tariq Ibn Ziyad. Or qui est ce Tariq ? C’est celui dont le nom a été donné à Gibraltar (Djebel Tariq, la montagne de Tariq). C’est le conquérant de l’Espagne. Pense-t-on que si d’aventure, nous obtenions le droit de bâtir un église à Riyadh, en Arabie Saoudite, nous pourrions l’appeler Eglise Charles Martel ? Ici aussi, un signe politique de conquête, ignoré par nous, mais tout aussi clair !
  • L’un de mes fils habite Lyon. Depuis l’arrivée du nouveau maire, la Place Bellecour et ses environs sont envahis de racailles et de points de deal. Mon fils, qui y passe régulièrement, ne se détourne pas et ne baisse pas les yeux. Ainsi, il est souvent pris à partie. Un jour, l’un de ces petits malfrats lui dit « Wallah, on s’en balek de tes conneries. Un jour, on débaptisera toutes vos rues ! ». Une prise de pouvoir assumée : religieuse (évidemment, il s’agira de changer en priorité les rues « Saint Louis », « Saint Georges » ou « Saint Priest » en « Rue du Prophète » ou « Rue de la Mecque »…), mais aussi politique, territoriale, administrative et culturelle. Ainsi, dans la tête de ces petites frappes, de haut en bas de leur hiérarchie sociale, qu’ils soient islamistes ou non (mais l’islam est une motivation puissante), l’idée de conquérir, de prendre le pouvoir est bien l’idée centrale. C’est pour cette raison qu’ils s’attaquent aux symboles de l’Etat et aux personnes, et pas simplement aux voitures et aux magasins. Ils ne nous disent pas « On veut s’amuser » ou « On en a marre », mais « Ici, c’est chez nous. C’est nous les chefs. Soumettez-vous ! ». Sommes-nous les derniers imbéciles à ne pas le voir et le croire ?

En cédant, par peur, au camp islamo-gauchiste, Emmanuel Macron a donc, un peu plus, fracturé l’unité nationale, déjà bien mal en point. De plus, on sait que par peur d’une « bavure » ou d’un embrasement plus grand encore, il a donné aux policiers et aux gendarmes les instructions très claires de ne pas aller au contact, mais d’attendre que les choses se calment « toutes seules », spéculant sur le fait que, au bout d’un moment, les caïds des quartiers rappelleraient leurs troupes qui désertaient les points de deal. La pagaille, c’est éventuellement sympa pour le  moral, mais c’est mauvais pour le « business »… C’est effectivement ce qui s’est passé, mais le résultat a été dû au fait que les « troupes ennemies » ont d’elles-mêmes abandonné le champ de bataille, et pas parce qu’elles y ont été battues par les forces de l’Etat. Or ceci est fondamental, parce que pour ces « conquérants », ce scénario est la promesse d’une victoire suivante. « Ils ont cédé aujourd’hui, donc on les aura demain », pensent-ils. Et certainement, demain sera pire qu’aujourd’hui.

Et la crise en Russie

En Russie, les choses ont été très différentes. Car là-bas, Poutine n’a pas subi la crise, mais l’a provoquée. En effet, voulant faire une « entrée » très prudente dans le conflit ukrainien, avec seulement 150.000 hommes, et voulant éviter, dès le début, la mort de trop de jeunes soldats, il a privilégié les milices privées (il y en avait 20) et les légions étrangères, comme les tchétchènes. Ensuite, suite à notre campagne médiatique démente, axée non pas sur une défense « légitime » de l’Ukraine, mais sur une diabolisation de la Russie, nous avons réussi à persuader le peuple russe que l’objectif de la guerre était la destruction finale de son pays. Nous avons réussi le tour de force de resserrer sa population autour de Poutine, et de lui donner l’argument ultime dont il avait besoin, celui de la « patrie en danger », pour transformer cette opération extérieure en une véritable guerre de défense. Il a ainsi pu mobiliser largement (on parle, aujourd’hui, de près de 750.000 soldats), et il n’a plus autant besoin, comme au début, des milices privées.

Par contre, celles-ci sont un risque. En effet, on ne sait que trop que la popularité extrême de Poutine dans son pays (près de 85% d’opinions favorables) vient du fait qu’il conserve une position politique très centrale en conjurant deux dangers,majeurs : d’un côté, les ultra-libéraux atlantistes, représentés par les oligarques auxquels il a ravi le pouvoir dès son arrivée, en Juillet 2000. Ceux-ci, qu’ils soient en exil à l’étranger ou tapis dans l’ombre à l’intérieur, ne lui pardonnent pas de les avoir évincés. A l’autre bout de l’échiquier politique, les ultra-nationalistes, nostalgiques de l’Union soviétique, ne décolèrent pas non plus, lui reprochant sa supposée « mollesse », en particulier lors de cette guerre ukrainienne où, il aurait dû, selon eux, écraser tout le pays sous les bombes, avec sa capitale et son président, et au passage, sans doute, la Pologne, les pays baltes et tous les ennemis de la « grande Russie »… Ce que les populations russes reconnaissent à Poutine, c’est sa main de fer, et le fait qu’il l’a utilisée pour  mater et enfermer dans leurs cages ces deux tigres dangereux. Personne, en Russie, ne veut du retour des années tragiques de 1990, ni d’un dictateur totalitaire et sans pitié. Ni d’Eltsine ni de Staline… Cela permet à Poutine, avec cette politique ferme et sage (celle qu’avait appliquée Franco tout au long de son règne), de contenter les modérés des deux camps, les bourgeoisies d’affaires compradores d’un côté et les militaires nationalistes de l’autre. Cet équilibre difficile, nécessaire et profitable, qui est la base du développement du pays (la même « recette » qu’avait appliquée Charles de Gaulle pour la France), les russes pensent que Poutine est le seul à pouvoir le tenir, et ils lui en savent gré.

Par rapport à cela, il est évident que la permanence, sur le sol russe, de milices privées de moins en moins utiles sur le terrain ukrainien, aurait représenté un grave danger politique, dans la mesure où elles auraient pu, désoeuvrées, se mettre au service de telle ou telle faction pour renverser le pouvoir. C’est pour cette raison qu’anticipant la chose, Poutine fait un coup politique : il signe, dès le 12 Juin, un décret qui dissout toutes les milices privées et les réintègre dans l’armée à partir du 1er Juillet. Sur les 20 milices, 19 optempèrent, et une seule, celle de Prigogine, refuse. A partir de cela, on peut déjà presque dire que Poutine a gagné, puisque Prigogine est isolé. Sa réaction, mal calculée, sa « marche des fiertés militaires », comme il l’a présentée maladroitement, n’était solide ni d’un point de vue militaire (il aurait suffi de quelques Migs pour transformer sa colonne en tapis de cendres…), ni du point de vue politique (bien trop « téléphonée » pour réussir). C’est, bien plus qu’autre chose, le soubresaut d’une bête blessée anticipant sa mise à mort. La question pour Poutine n’est plus alors de conjurer un danger politique (il l’avait fait dès le 12 Juin), mais de sauver les apparences, c’est-à-dire de se montrer magnanime, et de ne pas mitrailler ni faire assassiner tout de suite le « héros de Bakhmut »… C’est ce qu’il fera magistralement en 24 heures, d’abord, en envoyant le soudard en « exil » en Biélorussie, ensuite en le laissant même ressortir, et en révélant qu’il l’a reçu pendant 3 heures le 29 Juin. Muselé, en laisse, sans troupes, sans siège (son prestigieux immeuble à Saint-Pétersbourg a été immédiatement saisi et débaptisé) et sans doute sans argent, Prigogine n’est plus dangereux. Il va montrer à tous les russes la maestria et la magnanimité de Poutine, qui transforme cette affaire de « pieds-nickelés » en une formidable opération d’auto-promotion.

Lâcheté présidentielle et promesse d’une prochaine crise, plus grave encore, pour la France, « coup politique » magistral, qui conjure un danger possible et conforte le pouvoir du chef en Russie, l’un des dirigeants coule et l’autre se renforce. Comment pourrait-on les comparer ?    

François Martin

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