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Soumettre chaque sujet au tamis du Bien commun ; un exemple : la PMA

par Tristan de Carné,
directeur des Éditions du Bien Commun

On a pu entendre un ancien candidat déclarer : « Moi, sur la PMA, je ne me suis pas prononcé, ce n’est pas facile. En, revanche, la GPA, non, vraiment ce n’est pas possible. » Non, en effet, la GPA n’est pas acceptable, mais la PMA sans père ne l’est pas davantage ! C’est en fait la même question, et elle n’est pas difficile à trancher… Pour qui la PMA sans père serait-elle un bien ? Pour les enfants ainsi engendrés ?

Non, pour au moins trois raisons : 1) Des études démontrent que « les enfants nés par FIV (fécondation in vitro) ont un risque plus élevé d’hériter de troubles épigénétiques, eux-mêmes causés par les traitements administrés à la mère ». 2) Ils devront grandir sans père : voilà qui est paradoxal à une époque où les hommes s’intéressent davantage à l’éducation de leurs enfants, où l’on montre combien l’absence des pères est problématique, et où le droit d’accès à ses origines devait entrer dans la loi. Il y a trente ans que l’UNESCO a reconnu aux enfants « dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux (2) ». 3) Leur cadre domestique (couple homo[1]sexuel, famille monoparentale, ou autres) sera souvent fragile et changeant, à l’heure où les psychologues montrent que la stabilité est une condition de leur épanouissement. – Pour la société ? Non, elle devra les aider plus souvent que s’il y a un père : règles nouvelles, aides sociales, dépenses de réparation psychologique… – Pour les hommes écartés ? À l’évidence, ils ne sont pas le sujet. – Pour les femmes alors ? Pas davantage : le parcours d’une PMA est long, difficile, frustrant car peu efficace (17 % de réussite seulement, en moyenne : qui le dit et coûteux. De plus, celle qui n’aura pas porté l’enfant sera toujours privée (volontairement ou pas) de l’intimité avec le bébé à naître. Toute mère sait qu’elle communique avec son bébé au bout de quelque mois de grossesse, et elle lui parle souvent, raison pour laquelle on parle instinctivement de « langue maternelle ». Alors bien sûr, elles auront peut-être un enfant grâce à la PMA, et leur intérêt, ou plutôt leur objectif, sera atteint ; mais à quel prix ?

En réalité, les seuls gagnants de la PMA sont les idéologues qui veulent asservir l’humain et les opérateurs de ces tout nouveaux marchés et de ces activités purement commerciales : les cliniques, les laboratoires, les vendeurs de gamètes, et toute la batterie des « accompagnateurs »… Ils sont les vendeurs de pioches, ravis, de ce nouvel eldorado. Ainsi, la PMA bafoue le bien commun et ne sert que les intérêts particuliers de quelques mafieux. Voilà ce que signifie le « M » dans « PMA » : M comme mafieuse, puisqu’elle n’a rien de médical : personne n’est soigné dans cette histoire. Le législateur devrait donc l’interdire, et ce d’autant qu’elle conduit inexorablement à la GPA (à tel point qu’on devrait parler de PMGPA(4) ou de GPMA). Déjà certains réclament une GPA « éthique ». Ils devraient arrêter le hasch, supprimer le « h » : la GPA est « étique », comme Rossinante, la monture de Don Quichotte : efflanquée, décharnée. Sans chair et sans corps, la GPMA conduit tout droit au pire : tri des embryons via le DPI (diagnostic préimplantatoire) et fabrication d’enfant selon un droit à l’enfant, puis le droit à l’enfant normal, bientôt le droit à l’enfant supérieur, impliquant bien entendu la destruction des autres(5)… Aucun respect du vivant là dedans, alors qu’on a affublé ces sujets du terme « bioéthique ». Comme le soulignait Jean-Frédéric Poisson, dans les pages du numéro 5 du Nouveau Conservateur : nouveau mot pour nouvelle réalité. Il ne s’agit plus d’éthique médicale, mais bien d’étiquette commerciale pour faire passer les pilules.

Les derniers gouvernements ont consacré l’essentiel de leur action à ces sujets (quoi d’autre dans leur bilan ?) et « en même temps » la plupart des politiques les qualifient de secondaires au regard des considérations économiques ou régaliennes. Ils sont au contraire primordiaux, car c’est sur sa conception de l’homme que s’érige toute société. S’affrontent en fait ici deux conceptions de la vie, deux civili-sations. C’est Rome et ses dieux Lares s’opposant à Carthage qui donnait à Moloch ses enfants à dévorer(6). Or, la quasi-totalité des candidats à l’élection présidentielle de 2022 est à l’aise avec la PMA, comme celui de notre introduction. Ainsi, une femme, ministre du président Macron, m’expliquait que de tout temps des femmes ont cherché un « géniteur » parmi des copains complaisants et que la PMA n’est qu’une avancée technique leur évitant un accouplement non souhaité. Elle conclut d’un anglicisme péremptoire (jargon que cette caste adore et dont je lui laisse la responsabilité) : « So what ? ». Je suis resté coi devant ce refus du dialogue et la bêtise de ce raisonnement. Le recours à un copain déresponsabilisé n’était pas un bien, donc il faut continuer à l’empêcher. Dans un autre domaine, la cybercriminalité est-elle plus acceptable que la criminalité tout court parce qu’elle est plus moderne et plus aseptisée ? « So ouate » : c’est la ouate qu’elle préfère, pour mieux endormir les citoyens, leur conscience, et la sienne. Ce monde aime tant enfouir la conscience sous la science… Pour le moment, seuls deux candidats prennent en compte sérieusement le socle anthropologique, annonçant qu’ils reviendront sur la PMA sans père : Marine Le Pen et Eric Zemmour. J’appelle tous les candidats à les rejoindre sur ce point, pour le vrai « bien de tous », pas l’intérêt de quelques-uns réunis dans des lobbies par lesquels ils se laissent impressionner voire financer. Et j’appelle tous les citoyens à écarter les candidats qui n’auront pas compris. Le président n’est pas un ministre, voire un bon gestionnaire, mais celui qui porte la vocation de la France : transmettre au monde la vision humaniste française, si nécessaire aujourd’hui face aux visions mercantiles et barbares.

Tristan de Carné

(1) Olivia Sarton, PMA, ce qu’on ne vous dit pas, Téqui, Paris, 2020, p.52
(2) Article 7.1 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), adoptée
par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre 1989 et signée par la
France le 26 janvier 1990, ratifiée le 7 août 1990
(3) Olivia Sarton, op.cit., p.61

Voir aussi

  1. Hélas, cela ne fait que suivre la logique tracée depuis longtemps. Tout est consommation : objets, bébés, relations sociales (facebook, etc…) Les enfants sont formés à être consommateurs à l’école, nous mêmes sommes des produits de consommation…qui consommons.

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