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Jean-Pierre Pernaut, la France dans ses yeux

Par Valentin Gaure

Hommage à Jean-Pierre Pernaut

Porte-voix de la France éternelle, le fidèle présentateur du 13 heures de TF1 vient de nous quitter, des suites de sa maladie. Il aura accompagné les Français chaque midi, durant trente-trois ans, au service d’une passion acharnée pour la défense de nos régions.

Quelques secondes avant treize heures. En trente-trois ans jamais un retard. Toujours à l’heure au rendez-vous. Rituel immuable. Son regard se fixe dans l’œil noir de la caméra. Son sourire, son bonjour, son coup d’œil aux prévisions météo d’Évelyne Dhéliat. Une carte de France s’affiche sur l’écran. Les provinces défilent une à une. Premières neiges sur les Alpes. Pluies régulières dans le Gard. Un temps plus sec en Gascogne. Le début d’un voyage long d’une trentaine de minutes au travers d’un pays de légende. Le plus beau du monde. Le nôtre.

Jean-Pierre Pernaut a inventé, il y a plus de trente ans, ce survol quotidien de notre nation. Chaque jour depuis il vient au chevet de la France éternelle. Celle de nos paysans de nos ouvriers de nos artisans. Les humoristes gnan-gnan l’ont beaucoup moqué. Ceux de la dérision facile, de “l’esprit Canal”, du mépris cosmopolite. Ah ! C’est que Pernaut aime les régions. Il a le malheur de préférer le Cantal à la Californie. Odieuse faute de goût ! Voilà un journaliste qui se refuse à tourner le dos au peuple… Pour Boboland, Pernaut rime donc forcément avec facho. Pernaut coupable ! Coupable de ne pas prendre les petites gens pour des ploucs. Coupable de s’émouvoir encore des beautés de la baie de Somme. Coupable d’aimer la France jusqu’au bout. Il faut croire que c’est devenu ringard, voire suspect…

Le 13 heures c’est une galerie de personnages. La petite retraitée qui compte ses sous sur le marché. Le jeune agriculteur confronté à la sécheresse et qui ne sait plus comment nourrir ses bêtes. Le maire qui se bat pour rendre vie à son centre-bourg. L’institutrice de village qui tente de donner à ses élèves de CP le goût de la lecture. Le menuisier tranquille qui travaille le bois au fond de son atelier. Des personnes simples et humbles, normales en vérité. Des hommes et des femmes auxquels le Président pensait sûrement, lorsqu’il déclarait voilà quelques années que dans les gares l’on pouvait croiser parfois “des gens qui ne sont rien”… Quelle idée folle !

Ces héros du 13h constituent la “majorité silencieuse” souvent invoquée (en vain) par nos hommes politiques. Ils forment le pays réel et tiennent entre leurs mains une part égale du génie national.

Jean-Pierre Pernaut, pendant plus de trois décennies, s’est évertué à être leur porte-parole. À maintenir la flamme et sauver ce qui pouvait l’être encore. Pernaut parle à la France des oubliés, celle qui comme le chantait Jean Ferrat « ne possède en or que ses nuits blanches ». Trop pudique pour se plaindre. Trop fière pour réclamer. Une France qui ne veut pas oublier ses racines. Une France qui n’a pas honte d’être Française. Une France qui se bat pour ne pas mourir.

En fin de reportage, parfois il avait presque du mal à retenir ses larmes. Trop ému de la splendeur des paysages et du courage des Français. Oui, Jean-Pierre Pernaut est un être sensible, affectif, fidèle. Il a créé avec son public un lien unique dans l’histoire de la télévision, un lien qui ne s’éteindra pas.

Il regardait la France au fond des yeux.

Valentin Gaure

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