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Grands écrans : Notre-Dame brûle

Grands écrans – Patrick Pommier

Notre-Dame brûle, de Jean-Jacques Annaud (2022)

Ce film est remarquable : d’abord parce qu’il rend hommage aux pompiers qui, à Paris, forment un corps professionnel. Ce qui est montré, c’est, dans une époque de laisser-aller, de relâchement, de couardise, le courage intemporel d’hommes et de femmes disciplinés, bien formés, ayant une longue expérience de la lutte contre le feu, et par-dessus tout, capables de faire davantage encore qu’exécuter des ordres, mais de les outrepasser et ainsi de s’outrepasser euxmêmes et de se hisser au-dessus de leur condition ordinaire. Le corps des pompiers de Paris est ainsi à la hauteur de la France, de son histoire, de l’édifice incendié, dont il est touchant de voir comme il les impressionne et les touche eux-mêmes. Ces êtres de valeur ont d’abord des valeurs : ils ne s’en badigeonnent pas le poitrail à tout instant, car ils ne font pas partie du showbiz. À la différence des politiques qui hésitent à prendre des décisions qui risquent leur vie, ils ne sombrent pas dans ce que nomme Olivier Rey « l’idolâtrie de la vie », mais acceptent de risquer leur vie pour sauver un symbole majeur de la vie collective qu’ils placent au-dessus d’elle. Dans ce film, il y a peu de dialogues. Dans l’action, parler ne sert à rien ou ne fait qu’entraver l’action : les images sont éloquentes seules. Chaque spectateur comprend le déroulement des faits : l’heure, le lieu sont indiqués dans des incrustations sur l’écran. Les acteurs sont peu connus : ce sont parfois des amateurs qui sont plus que des figurants. L’essentiel pour Jean-Jacques Annaud, ce sont les détails : une charpente gothique reconstituée avec précision, le plomb de la toiture que la chaleur liquéfie, l’eau qui tinte contre le gros bourdon, la patine des décors, l’étroitesse des escaliers qui entravent la progression des pompiers lourdement chargés, les clefs que l’on ne retrouve pas, les marches à gravir pour attaquer le feu. Jean-Jacques Annaud est un cinéaste du spectaculaire, lequel n’est pas le spectacle. Il ne cherche pas à en mettre plein la vue, mais à donner l’illusion de la réalité.

Retrouvez la suite de cette chronique de Patrick Pommier dans le numéro VII du Nouveau Conservateur

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