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Vers un juin 40 financier ?

Alors que le combat fait rage au Parlement autour du projet de budget pour 2025, nous proposons de revenir aux principes de la Doctrine sociale de l’Église : défense du bien commun et principe de subsidiarité.
Par Paul-Marie Coûteaux et Guillaume de Thieulloy

À l’heure où nous bouclons ce numéro, nous ne savons pas encore si et, le cas échéant, comment le budget 2025 sera adopté.
Le plus vraisemblable est que la version amendée par le Sénat (et donc nettement plus proche de la version gouvernementale que de celle de l’Assemblée) sera adoptée au 49-3.
Mais, d’ores et déjà, il nous est loisible de tirer quelques conclusions de cette « séquence » – comme on dit désormais, en assumant que la politique contemporaine soit devenue une comédie hollywoodienne.
Tout d’abord, mais nous le savions depuis plusieurs mois, faute de majorité et de mandat clairs, les nécessaires réformes sont reportées aux calendes grecques et l’Assemblée donne le pathétique spectacle d’un festival de démagogie.
Mais le plus grave est ailleurs. La situation de nos finances publiques est catastrophique. Pourtant, le seul argument que l’on nous présente pour les restaurer est un argument insistant encore sur la domination de l’étranger sur notre malheureux pays : il ne faudrait nous désendetter que pour complaire aux agences de notation ou à la sévère Ursula. Eh bien, non ! La seule question qui devrait se poser est celle-ci : la dette est-elle bonne pour la nation ?
Pour y répondre négativement, il suffit de noter deux éléments : d’une part, cette dette, largement détenue par l’étranger, bride notre liberté d’agir souverainement et, d’autre part, la dette ne sert pratiquement plus à financer des investissements (auquel cas il serait logique que les générations à venir, qui bénéficieront de ces investissements, participent à leur financement) mais les dépenses de fonctionnement et même, désormais, à payer les intérêts de la dette ! Pour un particulier, cette fuite en avant serait qualifiée d’escroquerie (la fameuse pyramide de Ponzi). Croit-on qu’un État puisse indéfiniment ignorer la réalité ?
Toutefois, ce n’est pas uniquement sur le sujet de la dette que nous vivons dans les nuées. Pour ne pas quitter le domaine des finances publiques, comment diable peut-on prétendre que les économies prévues pour ce budget 2025 ont été pour deux tiers des économies et pour un tiers des hausses d’impôts sur les plus riches ?
D’abord, les plus riches ne sont plus en France et ce sont donc les classes moyennes qui vont « trinquer ». Mais, surtout, ce que l’on appelle « économies » dans l’étrange novlangue contemporaine, consiste à supprimer un service sans diminuer les prélèvements obligatoires pour autant. En réalité, ce n’est pas une économie, c’est, au sens de l’Ancien Régime, une corvée, c’est-à-dire un impôt en nature. Dans la pratique, les 60 milliards « d’économies » annoncées seront donc, en réalité, 60 milliards pris dans les poches des Français soit directement sous forme d’argent, soit indirectement sous forme de service payé mais non rendu.
Faut-il rappeler que l’Ancien Régime, dont la légitimité était autrement plus solide que le nouveau, est mort notamment de la dette publique et de l’injustice fiscale ?
Là où Michel Barnier avait une occasion presque inespérée de mobiliser un grand nombre de Français sur la nécessité de chasser les dépenses inutiles – elles sont innombrables – nous n’avons droit qu’à des rafistolages.
Nous pourrions parfaitement réaliser des dizaines de milliards d’euros d’économies sur la préférence étrangère ou si, au lieu de décourager l’initiative par mille tracasseries administratives, nous laissions une véritable liberté aux personnes et aux corps intermédiaires.
Un exemple parmi cent autres : nous dépensons annuellement environ cent milliards d’euros en « aides aux entreprises ». Ces aides sont assorties d’une telle paperasserie qu’elles bénéficient très largement aux plus grosses entreprises – qui sont aussi celles qui délocalisent le plus. Si, au lieu « d’aider » les entreprises, on supprimait cette dépense et qu’on la remplaçait par une baisse de charges équivalente, il est évident que l’investissement, l’emploi et même le Trésor public en profiteraient. Il est vrai que la bureaucratie y perdrait un peu de pouvoir…
On connaît le mot du Baron Louis à Guizot : « Faites-moi une bonne politique et je vous ferai de bonnes finances. » L’inverse n’est, hélas, pas moins vrai : la politique désastreuse des quarante dernières années, si manifestement contraire aux intérêts de la France et des Français, a engendré des finances tout aussi désastreuses.
La solution est aussi connue qu’éloignée : il conviendrait qu’un gouvernement, doté d’une réelle légitimité, annonce au peuple « du sang, de la sueur et des larmes » pour restaurer la France. Mais, pour cela, il faudrait d’abord que nos dirigeants considèrent que la France manque au monde lorsqu’elle est aussi abîmée qu’aujourd’hui. Or, l’immense majorité d’entre eux n’y songe même pas. Le premier d’entre eux (dans l’ordre institutionnel, s’entend…) ne parle que « d’Europe » (sans rien connaître, apparemment, de la magnifique civilisation européenne) et prétend même que la culture française n’existe pas ! Il faut certes restaurer les finances publiques, mais, avant tout, c’est la France qu’il faut restaurer – et d’abord dans l’esprit des Français et de leurs chefs !
PS : Bonne lecture. Vous constaterez une nouvelle fois que, sur bien des sujets, les conservateurs ont des opinions fort diverses – et tant mieux !

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