Le lancement de notre nouvelle formule est une bonne occasion de rappeler nos principes et les raisons de notre combat politique et spirituel…
Par Paul-Marie Coûteaux et Guillaume de Thieulloy
Vous tenez dans les mains le premier numéro du Nouveau conservateur dans une nouvelle formule. Après quatre ans d’existence, il nous a en effet semblé nécessaire de passer, pour notre numéro 15, à une nouvelle étape, et d’accélérer notre rythme.
Reprendre l’offensive
La situation politique, qu’elle soit nationale ou internationale, nous l’impose. Elle exige que nous redoublions d’efforts, d’autant que nous sommes placés ces temps-ci face à un saisissant paradoxe : d’un côté, jamais la menace d’un effondrement de notre pays et de notre civilisation n’a été aussi précise et pressante, d’un autre côté jamais la voie et les solutions conservatrices n’ont connu autant d’échos et de résonances. Non certes que nous ayons gagné la bataille des idées, comme le disent parfois nos amis aussi bien que nos adversaires : la quasi-totalité des médias, de la nébuleuse que l’on nomme « industrie culturelle », selon l’affreuse expression contemporaine, et des différents agents de la dénommée Éducation nationale (il faudrait plutôt parler d’Éradication nationale) sont acquis à la bien-pensance, au conformisme anti-français et quelquefois au wokisme le plus extravagant. Mais il est patent que les forces de dissolution n’ont plus rien à proposer de nouveau, tout en continuant à nuire, par un simple effet d’inertie, tel un navire lancé sur son erre. Au fond, les forces de destruction sont à bout de souffle, au point de se détruire peu à peu elles-mêmes. Arrive ainsi le moment où les Conservateurs peuvent, et donc doivent reprendre l’offensive : c’est ce à quoi nous voulons contribuer, et l’accélération de notre rythme de diffusion va nous y aider. Paraître plus souvent nous permettra d’être mieux en prise sur l’actualité, ou aux prises avec elle, et par là de mieux riposter et proposer.
Naturellement, nous demeurons une revue et non un journal à proprement parler : nous continuerons à formuler des analyses et des décryptages approfondis et non une réaction à la dernière « petite phrase » médiatique. Cependant, ces analyses répondront mieux qu’auparavant à l’actualité ; deux exemples dans ce numéro : les attaques récentes contre la liberté scolaire nous ont amenés à travailler derechef sur la loi Debré ; un mini-dossier porte sur les enjeux des prochaines élections américaines.
Totalitarisme et mensonge
Par ailleurs, notre nouvelle fréquence nous permettra également de laisser davantage de place au débat, en particulier pour mieux cerner ce qu’est le conservatisme et comment ses principes peuvent nous aider à sortir la France de l’ornière où l’ont embourbée des décennies de gouvernements pitoyables, qui ont joué avec la France et sa politique comme des enfants étourdis jouent aux billes. Nous ouvrons ainsi un débat sur l’épineuse question du libéralisme, mot délicat, extraordinairement ambigu, et donc trompeur, dont le discours politique ne parvient toujours pas à faire l’économie, ne serait-ce qu’en raison du gouffre qui sépare le matérialisme dit libéral et le libéralisme chrétien-social. La parole est donnée dans le présent numéro à l’accusation, sous la plume de Pierre Le Vigan, lequel nous offre un article très critique du libéralisme ; mais annonçons d’ores et déjà que les prochains numéros donneront la parole à des « libéraux-conservateurs » de divers types. Notre revue n’a en effet pas vocation à être l’organe d’un cénacle, fussent-ils au service des meilleurs principes, mais à mettre en lumière les ressources intellectuelles qui permettront la renaissance de la France et de la civilisation européenne.
Ajoutons que, de plus en plus, il nous apparaît que le Nouveau Conservateur – comme le conservatisme en général – doit résister au totalitarisme mou qui prétend nous couper, non seulement de toute transcendance, mais aussi de nos racines, des communautés vivantes sans lesquelles nous ne serions pas ce que nous sommes, le résultat de cette double atteinte à la nécessaire verticalité de l’Homme étant de détruire toute civilisation et toute élite qui ne soit pas exclusivement fondée sur le règne de l’argent – aussi bien, ce qu’il nous faut restaurer, c’est une élite héritière et fière de transmettre ses héritages. Le réflexe conservateur, ce sentiment d’urgence qui nous inspire ce que d’aucuns nommeront une « révolution conservatrice », nous impose de défendre pour commencer la souveraineté française contre le babélisme bruxellois et le naufrage atlantique, aussi bien que la famille naturelle contre l’idéologie LGBT, aussi bien que nos humanités contre l’indigeste barbarie gloubi-boulgesque de la « cancel culture » – c’est d’ailleurs ce qui nous conduit à résister aux mensonges multiples et multiformes des oligarques contemporains, ce que nous persisterons à faire.
Totalitarisme et mensonge ont d’ailleurs partie liée, comme l’ont amplement démontré les grands dissidents, de la résistance catholique allemande de la Rose Blanche jusqu’à Jean-Paul II et Benoît XVI. En ce qu’il défend, non point tant le vieil homme que l’éternelle humanité de l’Homme, le conservatisme doit s’attacher indéfectiblement à la vérité pour renverser un totalitarisme nouveau mais terrible qui en vient à étouffer l’âme humaine, et jusqu’à l’idée même de l’Homme, jusqu’à l’idée même de l’âme.