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Pages de journal (10 novembre 2025 – 17 décembre 2025)

Par Paul-Marie Coûteaux


Lundi 10 novembre. Il faut prendre au pied de la lettre le titre que le courageux Marleix, pour en revenir à lui, a donné à son ultime ouvrage, « Dissolution française », texte accablant pour celui qu’il avait de longue date pris pour cible Emmanuel Macron. Ledit Macron est d’ailleurs la cible générale, et de façon irrévocable, tant est profonde la détestation, et même la haine, marinée depuis des années, dont il est l’objet de la part de l’immense majorité de son peuple – le point est même spectaculaire et l’on se demande comment peut encore prétendre « gouverner » un individu démonétisé sur la planète entière,  et qui se terre quand il ne se réfugie pas dans des voyages officiels impréparés et ridiculement inutiles, en Chine ou ailleurs, pour tenter de se donner un ultime rôle et, surtout, pour échapper à son peuple, objet d’un mépris diamétralement symétrique à la haine populaire. Macron et les Français : une longue histoire de haine et de mépris qui se nourrissent sans fin. 

La Dissolution est si profonde qu’elle n’est pas seulement économique, mais aussi politique, morale et par-dessus tout institutionnelle. La Ve République, conçue pour assurer l’autorité de l’Etat et la souveraineté de la Nation s’est complètement retournée contre ses deux objectifs initiaux. Autrement dit l’Etat se dissous comme un sucre dans l’eau, confirmant le verdict des derniers siècles français :  jamais ne tient, en France, un Etat qui croirait possible de se passer d’un Roi. L’histoire républicaine en France n’est qu’un long défilé de « Républiques » qui s’effondrent les unes après les autres, la Première dans la Terreur, la Deuxième dans l’anarchie, la Troisième dans un désastre militaire sans pareil, la Quatrième dans la débandade de politiciens apeurés par leur armée et la Cinquième glisse à présent, sous nos yeux au néant. 

Observons d’ailleurs que toutes « Républiques françaises » se sont achevées, comme on achève des bêtes devenues folles, par des Coups d’Etat salutaires : celui de Bonaparte pour la Première, de Louis-Napoléon pour la IIe, et, pour la IIIe et la IVe par les Coups de Majesté gaulliens que furent le 18 juin et le 13 mai 1958. Il est d’ailleurs probable que la « Ve République » finira également par un Coup d’Etat ; c’est même devenu une nécessité, au double sens de ce mot, qui signifie aussi bien le souhaitable et l’inévitable. 

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Mercredi 12 novembre. On l’attendait aux alentours du 1er novembre, date anniversaire de l’insurrection du FLN ; elle est arrivée plus tard, par surprise : c’est par l’Allemagne qu’est enfin libéré notre cher Boualem Sansal – je dis « cher », car j’avais aimé dès la première minute cet homme simple, toujours souriant et souvent drôle, que j’avais rencontré quelques semaines avant son arrestation dans la belle maison des Landes d’un ami commun, Eric M. – j’en ai profité pour faire avec lui deux « Conversations » pour TVL qui ont un certain succès et qui montrent la grandeur tranquille du personnage. 

L’Allemagne et pas la France, alors qu’il était Français et point allemand ? Le pauvre Macron se trouve une fois de plus ridicule. A ce pied de nez, cependant, on aurait pu s’attendre :  non seulement parce qu’Alger est trop content d’avoir trouvé un complice pour humilier Paris, mais aussi parce qu’il n’y a pas mieux que l’Allemagne pour faire la nique au « partenaire » français. Joli coup pour l’Allemagne puisqu’elle s’immisce dans la relation franco-algérienne que la France a toujours voulue exclusive. Sansal bénéficie aussi du grand besoin qu’ont nos chers voisins de trouver du gaz pour remplacer le gaz russe  – il paraît que se conclura dans quelques semaines un volumineux contrat, dont la libération de Sansal serait une gracieuseté initiale, un de ces petits cadeaux que tout bon fournisseur fait à ses gros clients. Comme on s’entend facilement, ces temps-ci, sur le dos de la France !

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Vendredi 14 novembre.  Le conservateur n’est pas seulement dubitatif face aux récurrentes fantasmagories du Progrès, sorte de foi infantile prenant tout ce qui est nouveau pour supérieur à ce vient des siècles ; mais le doute de l’authentique conservateur va bien au-delà dudit Progrès ( dont il semble bien que l’affaire soit enfin en passe d’être réglée ) pour s’appliquer à toutes les sortes d’efforts que font sans cesse les hommes pour l’amélioration de n’importe quelle chose existante, pour un perpétuel mieux et ce fameux  « plus haut, plus fort, plus vite » que le malheureux Coubertin, un fieffé progressiste, très républicain de surcroît, avait donné pour devise, universelle et agressive, à ses Jeux Olympiques. Altius, Fortius, Citius. Nos contemporains tiennent toujours le mieux pour supérieur à ce qui est, mais il n’est pas du tout certain que le plus haut soit le bien, et le moins haut  le mal, ou le moins bien, que le plus fort soit digne d’un plus grand intérêt que le moins fort, que le plus vite l’emporte en valeur sur le le plus lent : c’est chaque fois selon , et voilà tout. Il n’y a pas de système du Bien.

L’authentique conservateur tient dans ses goussets deux solides boussoles, qui reviennent de temps en temps dans la conversation courante, mais qu’il faut bien saisir l’une et l’autre dans leur ampleur secrète. La première est la sagesse selon laquelle « à toute chose malheur est bon ». A bien y regarder, cette maxime connaît d’innombrables illustrations, per exemple dans les tours et détours de toute vie. Jacques Chirac raffolait de citer l’histoire plus ou moins chinoises des deux frères dont l’aîné, après une malheureuse chute de cheval fut durablement alité, et soumis aux railleries du cadet devenu le plus solide élément de la famille – jusqu’à ce qu’advienne la guerre, qu’il soit appelé au combat et qu’il perde la vie , que garda l’aîné contraint à l’immobilité par sa malheureuse, ou bienheureuse blessure. A 20 ans, je voulais passer le concours de Secrétaire adjoint des Affaires étrangères, mais de pénibles circonstances m’en empêchèrent, et c’est avec résignation que le tentais peu après le concours de l’ENA qu’à la suite d’heureux hasard je réussis du premier coup, gagnant une existence finalement plus confortable que celle des heureux lauréats des Affaires étrangères, soumis leur vie durant aux fameux énarques, etc. A quoi s’échiner à ce que l’on croit être le mieux, cela dans le brouillard le plus souvent, quand il peut apporter autant peines que de joies ? Restons tranquilles. 

L’autre devise qu’affectionnent les vrais conservateurs est plus instructive encore : « le mieux est l’ennemi du bien ». A quoi bon s’opiniâtrer à vouloir toujours tout améliorer quand cette obsession détruit jour après jour le simple bien, dont on pourrait jouir paisiblement et qui n’est plus dès lors qu’un piètre état transitoire – un bien devenu sans cesse un moins bien qu’il faudrait changer sans fin ? Untel penserait bien meilleur d’avoir une autre femme, qui ne regarde plus les qualités de celle qu’il a, un autre voudrait  un emploi supérieur, une rémunération plus ronde, un statut plus enviable, qui du coup perd les bénéfices de ce qu’il a, etc. C’est vivre dans un inconfort, et sans doute une frustration permanente que de vouloir améliorer constamment sa condition, alors qu’il est si fréquent que tant d’efforts n’aboutissent pas à grand-chose, sinon de nouveaux tracas troqués contre la tranquillité bonhomme de l’existence, l’amour de ce qui est, le plaisir de la contemplation, la joie indépendante de l’émerveillement. Cessons donc de nous fatiguer, de tout déranger et saccager pour la Perpétuelle Amélioration, restons du côté de son vieil ennemi, le Bien – du moins « le moins mauvais », le « presque bien » et le définitif imparfait. 

 Ce que j’écris là, il est probable qu’un Américain ne le comprendrait pas, et s’emporterait contre moi, solidement convaincu qu’il vaut mieux saccager l’univers pour son bien, à quoi il s’adonne en toute bonne conscience depuis un ou deux siècles de frontières nouvelles en frontières nouvelles – plutôt que regarder le ciel. Je crois qu’un Russe le comprendrait bien mieux, et tout Chrétien aussi. 

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Dimanche 16 novembre. Dans ma longue série des Conversations pour TVLibertés ( nous approchons quatre vingt ),  aucune ne fut gratifiée d’aussi peu de vues que celles que m’a offertes le compositeur, chef d’orchestre et chef de chœur Hughes Reiner. Et pourtant, ce pourrait-être les meilleures tant elles découvrent un caractère, un esprit, une âme à vif – inquiète, souffrante, d’une richesse somptueuse ; et pour moi très instructives sur un sujet dont je n’avais pas mesuré toute la portée politique : la musique. 

Que faut-il faire pour, s’il se peut encore, recréer un peuple français ?  Faire qu’il retrouve le sens de son histoire, de sa foi, de sa culture et de sa langue, bien sûr – sa littérature, ses paysages, son air, son patrimoine, etc. Mais il y a peut-être plus urgent, et plus simple : qu’il retrouve sa musique. Car  rien ne forme plus et mieux un peuple que sa musique, comme, en retour, rien ne le déforme davantage qu’une musique étrangère, nous l’éprouvons à longueur de journée en subissant l’affreuse musake, comme dit Renaud Camus, américano-anglo- industrielle, dont les ascenseurs, les bars, les restaurants, les supermarchés, les radios et télévisions s’acharnent à injecter du matin au soir les boueuses rengaines au fond de nos oreilles, c’est-à-dire dans nos pauvres cerveaux – accompagnées de temps en temps par les danseries magrhébines que les envahisseurs du Sud font hurler dans nos rues en ouvrant toutes grandes les fenêtres de leur voiture. Dans les deux cas, colonisations insidieuses, mais que je crois très efficaces. 

S’il y a bien une guerre culturelle, elle se fait en grande partie, autant que par l’image, par le son, la voix, les voix, bref la musique. Et si les Français redécouvraient la musique française, sa tradition lointaine, sa richesse contemporaine, son immense portée spirituelle et intellectuelle ? Ne dit-on pas que l’on « entend » dès lors que l’on « comprend » comme si l’intelligence passait d’abord par l’oreille ? Ceux qui ont fait la Chrétienté ont su l’immense résonance qu’eut dans les esprits et les coeurs le chant dit « grégorien », comme l’ont su aussi nos rois musiciens, Louis XIII et son fils Louis XIV dont Philippe Beaussant a pu dire que le long règne fut une « dictature de Lully » – comme le surent aussi nos Républiques, la première qui interdisait à la fois la musique de cour et la musique sacrée, autant dire presque toute la musique pour y substituer quelques « chants révolutionnaires »  ou la IIIè République qui encouragea ce qui s’appellera la « musique française » , extraordinaire foisonnement musical dont Fauré, Ravel ou Debussy ne furent que de beaux exemples parmi tant d‘autres, tout cela  pour faire pièce à l’omniprésence de la musique allemande installée sur les décombres de la tabula rasa révolutionnaire, et qui, après Sedan, sonna aux oreilles françaises comme une insupportable provocation. Malraux le savait aussi quand il confia la direction de la Musique à l’immense Marcel Landosky, et Pompidou quand il favorisait Pierre Boulez, Jack Lang et sa clique dégénérée inventant finalement la fête de la musique pour que toute musique dite classique fut une fois pour toute recouverte par le brouhaha mondialiste des supposées « musiques du monde »  et qui ne fut le plus souvent qu’un tintamarre impérial – désormais omniprésent, obsédant, infernal, accompagnant l’actuel oubli universel, de nous-même. 

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Samedi 29 novembre. On dirait que, chaque année, Noël commence plus tôt. Tout à l’heure, mon nouveau pharmacien, avenant jeune homme qui me traite avec beaucoup de prévenance, m’offre pour Noël ( il dit bien sûr « pour les fêtes »…) un « petit cadeau » – commence déjà l’odieuse farandole des cadeaux, nous en avons pour un mois. Une « super crème », me dit-il « anti-âge ». Plus surpris que piqué, le lui répond benoîtement que je ne suis pas contre l’âge, à quoi, un peu surpris à son tour ( il est de bon ton de lutter contre le vieillissement , ce qui pour les Modernes va de soi…), il m’explique en s’embrouillant qu’il est toujours bon d’éliminer les rides etc. « Mais je ne suis pas contre les rides ! », répliquai-je avec une parfaite sincérité. Manifestement, la chose est pour lui inconcevable : il insiste sur les vertus super de cette super-crème et me la glisse dans le sac de médicaments. Et si je me méfiais de ces chimies dites pharmaceutiques, et si j’avais plaisir à vieillir, et si je détestais l’univers impérieux des consommations inutiles ? Je le remercie et sors en maugréant, laissant croître ma mauvaise humeur, constante ces jours-ci – la mauvaise humeur devient même mon dernier refuge, mon doux exil face au conformisme si épais qu’il confine au totalitarisme doux, vainqueur sur toutes les lignes. Joyeuses fêtes, etc. 

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Mardi 2 décembre. Tourbillon d’enregistrements : outre mes habitudes sur TVLibertés, et sur radio Courtoisie (qui, de mensuelles, deviennent d’ailleurs hebdomadaires), j’en prends de nouvelles sur « Géopolitique Profonde »,  et désormais sur Omerta, où je lance, aux côtés de l’infatigable François Martin une émission mensuelle sur «  La France dans le chaos du monde ». Comme dit François, il est aussi vain de réfléchir aux grands équilibres ou déséquilibres du monde sans réfléchir à ce que la France y fait ou pourrait y faire, que de réfléchir aux affaires françaises sans les inclure dans celles du monde. Caroline Galacteros, Alain Juillet, Eric Branca nous ont jusqu’à présent accompagnés : c’est une toute nouvelle aventure. Et voici que deux fiers jeunes gens, immenses l’un et l’autre, me proposent gracieusement leurs grands talents, leurs luxueuses machines à enregistrer, et surtout leur inépuisable gentillesse de gentilhommes à l’ancienne pour créer ma propre « chaîne U-tube » afin que, disent-ils, je puisse développer des idées que je ne fais jusqu’à présent que glisser dans les interstices de « débats » trop dispersés. Avons déjà enregistré trois « capsules » d’une bonne demi-heure chacune, «  face caméra ». Me voilà propulsé dans un tout autre monde, « l’audiovisuel de combat », combien plus léger et plus excitant que la vieille militance ! C’est au point que je néglige une fois de plus mes écritures – ainsi que le bon vieux Nouveau Conservateur, je le confesse… 

Jusqu’à présent, l’affaire Epstein m’était indifférente ; je la tenais pour une exhalaison parmi tant d’autres des fétides écuries « Démocrates ». Mais voilà que toutes les écuries politiques de la malheureuse démocratie semblent patauger dans cette boue, y compris le fier trumpisme. Bref,  la boue est universelle, donc sans remède : une fois de plus, la morale que j’ai longtemps tenue pour extérieure à la pure logique politique non seulement fait irruption dans le champ politique mais la dévaste au point que j’en viens à penser, après avoir tant professé le contraire qu’elle surplombe décidément toute politique – comme sans nul doute tout vie humaine et toute l’histoire des hommes.

C’est vrai en France aujourd’hui, tandis que la grande majorité des questions les plus graves qui se pose à la France dérivent aussitôt sur l’amoralisme foncier de la marionnette des oligarchies occidentales qui se prend pour le Président de la République : tout débat en arrive nécessairement à évoquer sa psychologie, ses psychoses, son manifeste déséquilibre affectif et mental dont on se demande s’il ne résulte pas de quelque traumatisme de l’adolescence – à l’évidence le viol qu’il a subi aux alentours de 14 ou 15 ans (l’année est discutée) par celle qui était et est restée son « professeur de théâtre », fait qui aurait bloqué son développement psychique, dérivant avec le temps vers des pathologies bien connues comme l’absence de limites à la toute-puissance comme au caprice narcissique de « l’ado ». Il est d’ailleurs piquant de pointer la pathologie narcissique et l’inconscience des limites comme la cause du déséquilibre présidentiel tandis que, justement, l’infantilisme et le narcissisme sont en train d’emporter toute la population – les pathologies du chef de l’Etat ne faisant en quelque sorte que symboliser les siennes. En d’autres termes La France aurait portée au pouvoir un homme qu’elle charge à proprement parler d’incarner ses turpitudes : drame très exactement moral qui pulvérise la croyance des générations précédentes, aux yeux desquelles ce n’était pas les hommes, grands ou petits qui faisaient l’histoire mais les surdéterminations économiques en particulier la « lutte des classes », jadis omniprésente dans le discours ambiant. En fait, c’est bien les hommes, et le cerveau des hommes, qui font l’histoire des hommes…

Avec Epstein, il se passe la même chose en Angleterre ( l’une des grandes victimes de l’affaire étant la frère du Roi – il est vrai que nous sommes habitués aux turpides ridicules de la très sotte dynastie dite « Windsor » mais nommée ainsi au début de la Guerre Mondiale pour cacher son origine purement allemande… ) et surtout aux États-Unis pays qui se sont signalés depuis des décennies par le délabrement moral et même la licence, spécialement la licence sexuelle, dont on a fini par faire, bien plus que la « démocratie » la principale caractéristique de l’Occident, et son ciment plus ou moins secret derrière l’appellation de « libération ». En fait de libération, l’Occident ne s’est libéré que de la morale. Or voici que « le sauveur américain » est rongé à sa tête même par un scandale sexuel d’une ampleur inégalée : voici que, après les cliques  Clinton et Obama c’est à présent « la nébuleuse Trump » plonge dans l’affaire Epstein -laquelle n’est rien moins que le détournement et le viol en série de mineures plus ou moins capturées.  

Dans ce cas aussi, comme en France, les civilisations chutent par où elles pèchent – prodigieuse revanche de la morale !

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Mardi 10 décembre. Tout à l’heure, Eric Morillot me recevait dans son antre magique pour enregistrer un débat avec Michal Onfray – il dépassa les deux heures, je ne sais si il en gardera tout, mais je suis qu’il y eut beaucoup d’idées sur la table, de hautes idées, comme nous en étions convenus lui et moi pour éviter le petit babillage politique, légèrement répétitif même quand il entre dans le vrai. C’est peu dire que j’attendais ce moment, dont j’espérais qu’il renouerait avec les premiers débats que nous eûmes vers la fin des années 90 au « Panorama » de France Culture. Et nous renouâmes, d’autant mieux qu’il m’a paru un peu moins « athéologue » qu’il l’était alors, la question religieuse, que nous ‘avons pas quittée ou à peu près, devenant bien plus fluide – même si, je le sais bien, il ne peut guère devenir chrétien, ni même héritier,, pour des causes personnelles dans lesquelles, par discrétion, je me suis gardé d’avancer trop avant.  

Il y a quand même quelques belles choses ces temps-ci, sur quelques fronts : outre le front moral, comme dit plus haut, il y a le début d’écho que rencontre ma bonne vieille idée de « sortir de l’Europe », que l’on nomme assez lourdement « Frexit » – je parlerais plutôt de Libération nationale, et me voudrais bien plus indépendantiste que « frexiteur », ou même « souverainiste », mot désormais débordé sur tous ses flancs. Voici vingt ans environ, exactement en novembre 2006 mon vaillant petit RIF ( littéralement Rassemblement pour l’indépendance de la France , )  que je dirigeais avec Jean-Paul Bled et Alain Bournazel, adoptait son programme pour la Présidentielle du Printemps suivant en lui donnant pour « clef de voûte » la sortie de l’Union européenne. Pour saluer la chose, Nigel Farage, dont j’étais alors, au supposé « Parlement européen », l’un des vice-présidents du groupe que nous formions avec son UKIP (Parti de l’Indépendance du Royaume-Uni ),  était venu à Paris prononcer le discours de clôture – nous n’étions pas loin du millier d’adhérents -c’était bien avant sa transformation funeste en SIEL, crée  en 2011 pour les besoins de l’alliance avec Marine le Pen lors des présidentielles suivantes, où les sages Bled et Bournazel ne me suivirent point … . Hélas !, il n’y avait guère plus d’une centaine de personnes dans la salle, et j’avais un peu honte de peser si petit poids à côté du si combattif  Farage, qui resta souriant et même « very happy » tout au long de son saut de puce à Paris… Ledit programme fut publié peu après  aux excellentes Editions François-Xavier  de Guibert, et ce petit livre (ci-contre) passe à présent pour prophétique. Hélas, quelques mois plus tard, quand s’ouvrit la campagne présidentielle, j’acceptai d’être le Porte-parole de Philippe de Villiers : il en résultat une triste rupture, le départ d’un des membres les plus éminents du RIF, François Asselineau, qui créa en mars 2007 son propre parti… On connait la suite, triste entre toutes. Parviendrai-je à concilier tous ces souveraino-indépendantistes favorables à l’évidente nécessité de quitter l’UE, et l’OTAN, et l’euro, et la CPI et tout le bataclan infernal de la soumission ? Hélas, je ne vois pas qui pourrait réunir ces républiques grecques, et je ne suis pas Démosthène… 

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Mercredi 17 décembre. Réunion tout à l’heure, chez Lipp, de l’Académie de la Carpette anglaise, qui  décerné son prix annuel d’indignité, pour abus servile de l’anglo-ricain à Mme Stéphane Pallez, présidente-directrice générale de la « Française des Jeux »,qu’elle a décidé de rebaptiser voici quelques années, « FDJ » pour gommer l’encombrante enseigne française, et qu’elle veut désormais nommer  « FDJ UNITED », pour symboliser, dit-elle, son « ouverture à l’international ». Pour réussir, cacher toujours plus la France.  Mais, au fond, j’ai de plus en plus souvent envie de tout laisser tomber. Comment refonder un peuple qui, non seulement n’a plus la moindre idée de ce qui l’a constitué, mais n’a plus même envie d’être un peuple, et n’aspire plus qu’à disparaitre sous l’aile de plus riche que soi ? Secret, mais permanent, ce calcul est bel et bien, la seule règle du jeu, conformément d’ailleurs au ressort de ce qu’est devenu le « libéralisme ». Comment penser à quelque redressement que ce soit dès lors que nul ne renonce à rien et que, en l’absence d’arbitrage entre les intérêts particuliers, ils fuient tous vers le précipice ? De toutes façons, quand bien même aurait encore la volonté de se redresser, il n’en aurait plus les moyens dès lors que sa population décroît ( pour la première fois, en 2024, le nombre de morts fut supérieur à celui des naissances ), qu’elle vieillit, se fait d’année en année plus hétérogène, que ses élites le méprisent tandis, qu’il importe à l’étranger peu près tout ce qu’il consomme, qu’une énorme part de ceux qui travaillent viennent de l’étranger, jusqu’à ses médecins ou ses prêtres et que ses dettes sont si lourdes qu’il ne peut plus les rembourser qu’en s’endettant encore, à des taux sans cesse plus élevés et que ses maux, il n’envisage plus de les alléger qu’en se fuyant lui-même, encore et encore ? 

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