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Mourir pour la vérité : dans les pas de Charlie Kirk (de Corentin Dugast)

Par Francis Jubert

« J’écris ce manifeste pour notre génération. C’est un manifeste spirituel et politique en hommage au combat pour lequel Charlie Kirk est mort. » Ces premières lignes donnent le ton : avec ce livre en forme de manifeste nous n’avons pas entre les mains un essai distant, mais un acte de fidélité incandescente.

Corentin Dugast, Vendéen de 31 ans, converti à vingt ans et missionnaire numérique, ne perd pas de temps : Il a réagi immédiatement à la mort de Kirk sur Instagram, demandant même une canonisation immédiate par le pape. Son livre, Mourir pour la vérité, publié chez Via Romana moins de deux mois après l’assassinat de Charlie Kirk, transmue le choc en uppercut spirituel et la sidération en appel de feu.

Chez ce jeune catholique engagé, point de biographie tempérée, pas de stratégie électorale ni de plan com’: une torche jetée au cœur de la lâcheté intérieure qui gangrène l’Occident.

On songe d’emblée en le lisant à La messe n’est pas dite d’Éric Zemmour, paru il y a quinze jours chez Fayard. Même diagnostic impitoyable : l’Europe agonise non pas d’invasion ou de dette, mais d’apostasie. Zemmour, juif laïc, rêve d’un « sursaut judéo-chrétien » pour sauver la civilisation ; Dugast, catholique brûlant, exige une conversion personnelle préalable à toute reconquête publique.

L’un brandit l’Histoire comme glaive identitaire, l’autre la Croix comme scalpel de l’âme. Éric Zemmour réveille la France en la confrontant à ses racines oubliées; Corentin Dugast la met à genoux pour qu’elle se relève changée. Même urgence, même refus du compromis : la vérité n’est pas négociable, qu’elle soit historique ou révélée.

Et c’est là que surgit Rod Dreher, spectre bienveillant au-dessus de nos deux auteurs. L’Américain, qui rendit hommage à Charlie Kirk comme à un « guerrier joyeux » et « homme de la Chrétienté », prône depuis Le pari bénédictin la retraite stratégique : construire des communautés intérieures solides avant de prétendre transformer le monde. Corentin Dugast le suit, ici, au pied de la lettre : « Reconstruire la vie intérieure avant la vie publique. Dans cet ordre. » La prière avant la manifestation, la confession avant le vote, l’ascèse avant le combat culturel.

Éric Zemmour, lui, reste sur le terrain de la raison combattante ; Rod Dreher et Corentin Dugast plongent dans la grâce. Mais les trois convergent : sans retour à la vérité objective – historique, spirituelle, incarnée –, point de renaissance. Charlie Kirk, abattu pour avoir osé dire le réel sans masque, devient le martyr qui relie ces trois voix. Rod Dreher y voit la fin de la « droite modérée » ; Éric Zemmour, un symptôme du désarmement spirituel européen ; Corentin Dugast, une semence pour une génération de témoins prêts à en payer le prix.

On pourrait taxer Corentin Dugast, à l’image d’Éric Zemmour dans ses derniers ouvrages, d’une célébration trop unilatérale : Charlie Kirk est célébré, érigé en icône, sans que ses outrances ne soient vraiment interrogées. Le manifeste de Dugas assume cette partialité préfèrant la lumière crue à la nuance grise, et c’est ce qui lui donne toute sa force.

Dans une droite française encore suspendue entre gestion de crise, ralliement et révolution conservatrice, l’ouvrage de Corentin Dugast s’impose comme un manifeste programmatique : conversion intérieure et bataille des idées avant toute reconquête extérieure.  

Mourir pour la vérité marque l’émergence d’une littérature catholique militante, nouvelle génération, qui parle directement à ceux qui refusent de voir leur jeunesse se dissoudre dans le nihilisme ambiant. Le livre de Corentin Dugas nous rappelle une évidence oubliée : aucune civilisation ne se sauve sans âmes sauvées. Son manifeste, bref et brûlant, constitue une pierre d’attente précieuse pour qui veut comprendre les ressorts spirituels du nouveau conservatisme américain et, au-delà, les conditions d’une possible renaissance occidentale.

Éric Zemmour ravive l’intelligence polémique, Rob Dreher défend l’option bénédictine des communautés résilientes, Corentin Dugast ranime la flamme spirituelle. Cette triple lumière converge pour consumer la tiédeur. Tant que des jeunes refusent de baisser les yeux, la messe n’est pas dite: le conservatisme post-Kirk pourrait bien faire des émules en France.

(Via Romana, 200 pages, novembre 2025)

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