0,00 EUR

Votre panier est vide.

La grande gloire des pillards

Par Paul-Marie Coûteaux et Guillaume de Thieulloy

Editorial du Nouveau Conservateur n°25

Le cambriolage du Louvre, le 19 octobre, est tristement symbolique de la situation de la France. Plusieurs pièces remarquables de la joaillerie royale (en particulier le diadème de l’impératrice Eugénie) ont été dérobées dans la galerie d’Apollon au moment de l’ouverture du Palais.

Remarquons d’abord que cette rocambolesque effraction aurait pu être évitée. Plusieurs experts (au premier rang desquels l’excellent Didier Rykner, fondateur du magazine La Tribune de l’Art, qui aurait la trempe, lui, d’un vrai ministre de la Culture) ont fait remarquer que la sécurité du Louvre laissait à désirer depuis longtemps. En vain Laurence des Cars, Présidente du Musée du Louvre, avait sonné l’alerte, dans une note du 13 janvier, sur la « multiplication d’avaries ». Naturellement, dans un pays gouverné par la finance internationale, nul ne s’intéresse au patrimoine : toutes ces alertes sont demeurées lettres mortes.

Les prétendus « progressistes », persuadés qu’ils sont la première génération de l’humanité et que rien de ce qui les a précédés n’avait d’intérêt, sinon préparer leur merveilleux avènement, considèrent sans doute que, au Louvre, sont entassées des « vieilleries ». Nous considérons au contraire que nous sommes intendants des trésors que des générations de Français nous ont légués afin que nous les transmettions à nos enfants – si possible en les faisant fructifier, y ajoutant d’autres trésors futurs au lieu d’en retrancher.

Un cambriolage allégorique

Les cambrioleurs du Louvre n’ont pas été les premiers à piller le patrimoine national. Les derniers Présidents et leurs affidés ont, eux aussi, bradé les richesses de la France. L’affaire Alstom sur laquelle avait enquêté le courageux député LR Olivier Marleix n’en est qu’une parmi tant d’autres. La liste en serait trop longue : mentionnons, comme au hasard, le démantèlement de notre filière nucléaire, ou encore la très curieuse vente des locaux de l’Imprimerie nationale (vendus pour 85 millions d’euros au fonds d’investissement Carlyle en 2004 et rachetés en 2007 pour 375 millions par le ministère des Affaires étrangères…). Inutile d’ajouter que ces « grandes braderies » profitent à certains.

Et ne parlons pas de cette autre forme de spoliation à large échelle qu’est la marche gigantesque de la Machine à multiplier dépenses et prélèvements publics, le plus souvent pour le seul bénéfice de ladite Machine, laquelle n’a plus grand-chose à voir avec un État et ressemble de plus en plus à une sorte de caverne d’Ali Baba où ses maîtres se servent abondamment en arrosant alentours leurs clientèles, la prédation du Bien Public se faisant alors générale, de la base au sommet de ce qui ne s’appelle plus que par habitude la « Fonction Publique ».

C’est d’ailleurs à ce grand sujet qu’est consacré le dossier du numéro qu’on va lire. Dérisoire spectacle que l’interminable débat sur la « réforme de retraites », qui ne fait qu’amuser la galerie quand ladite réforme ne réaliserait qu’une dizaine de milliards d’économies, alors que des coupes simples et raisonnables dans les finances monstrueuses de ladite Machine et ses accessoires inutiles, des cabinets de conseil (étrangers le plus souvent) aux innombrables cassettes du millefeuille administratif français (il est temps de supprimer les Conseils régionaux, eux au moins…), en passant par les contributions aux myriades d’associations, coopérations, organisations inter ou supranationales (à commencer par l’inutile Union européenne) nous permettraient de diminuer de 180 milliards chaque année la dépense publique, diminuant pour la moitié de cette somme les impôts (à commencer par ceux qui grèvent justement la transmission du patrimoine), l’autre moitié étant dévolue au début de remboursement de notre indigne dette – comme nous l’exposons dans les pages qui suivent… On vole les merveilles du Louvre – mais, à vrai dire, dans la France officielle d’aujourd’hui, le vol est général.

Pillards et sédentaires

À ceux qui prétendent à la redoutable mission de chef de l’État, ou de ministre, est-il trop demandé de se montrer scrupuleusement attachés à la nation française, à son passé et à son maintien dans l’être, et de cesser de se comporter en pillards et en bradeurs ?

Remarquons au demeurant que, depuis le néolithique, la plupart des peuples d’Europe, spécialement celui qui est devenu le peuple français, ont fait le choix de la sédentarité et donc de la lente constitution d’un patrimoine. Cependant, d’autres peuples ont gardé le comportement de nomades, vivant essentiellement de rapines et de pillages. Or, aujourd’hui, le modèle partout présenté est justement celui du nomade, qu’il s’agisse du nomade sans le sou des vagues migratoires, ou du nomade de l’oligarchie qui se sent « chez lui » dans n’importe quelle capitale du monde, vivant dans de sinistres palaces qui se ressemblent tous, pendant que les descendants des peuples sédentaires sont priés de se laisser piller sans rien dire.

Désormais, c’est l’attachement à sa terre et à ce que nous ont légué nos aïeux qui est considéré comme « peccamineux ». Cependant, pour notre part, nous avons l’effronterie de considérer que le pillage demeure moins noble que la lente et sage transmission d’un patrimoine !

Pour lire le Nouveau Conservateur n°25:

Voir aussi

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici