Rwanda, la vérité sur l’Opération Turquoise par Charles Onana aux Editions de L’Artilleur.
Recension de Patrick Pommier
Dans un ouvrage scientifique magistral consacré à l’opération Turquoise, qui remet en cause tout ce que l’on croyait savoir (ou que l’on voulait que l’on croie), Charles Onana, docteur en sciences politiques, revient notamment sur l’action du Conseil de sécurité de l’ONU qui, afin de mettre en sécurité les personnes en danger au Rouanda, autorisa, le 22 juin 1994 (résolution 929), le déploiement d’une force multinationale sous commandement français. Surtout, il analyse la fabrication du procès intenté à la France par l’actuel régime Rouandais comme par de nombreux membres d’ONG et leurs commanditaires, prenant à contrepied, avec un grand courage, la quasi-totalité des thèses et hypothèses en vogue sur la prétendue responsabilité de la France dans le génocide de 1994.
Après plus de dix années de recherches dans les archives du Conseil de sécurité de l’ONU, de l’Élysée, du ministère français de la Défense, du gouvernement des États-Unis et du Tribunal Pénal International pour le Rouanda, et en ayant recueilli de nombreux témoignages, Charles Onana démontre aussi que, aussi bien l’administration Clinton que les dirigeants actuels du Rouanda ont, pendant plus de deux mois, empêché l’intervention de l’ONU, encourageant ainsi les massacres plutôt que l’arrêt des hostilités et le partage du pouvoir, comme le prévoyaient les accords de paix signés en 1993 à Arusha.
Qui a abattu l’avion du président Juvenal Habyarimana et précipité le génocide de 1994 dans lequel des Belges et des Français ont trouvé la mort ? Que faisait l’ONU pendant cette période alors qu’elle était chargée de protéger l’aéroport mais aussi la capitale Rouandaise ? Quelle a été la responsabilité des Rouandais eux-mêmes dans l’attentat, les massacres qui ont suivi et l’ampleur de la barbarie qui a frappé leur pays ? Onana pose toutes les questions gênantes de cette tragédie africaine, lève le voile sur le silence que le président Paul Kagame fait peser sur l’attentat contre le Falcon 50 qui a déclenché le génocide, et dont le juge Bruguière, lui, a attribué la responsabilité après une longue enquête de plusieurs années. On comprend ainsi pourquoi ce dernier s’est opposé à l’idée d’une enquête internationale. Alors que ce militaire, à la fois homme de l’ombre et chef de guerre, invité régulier au Forum de Davos, a bénéficié d’un soutien complaisant de la communauté internationale, il apparaît de plus en plus comme le principal architecte de cette folie meurtrière.
Charles Onana donne de précieux éclairages sur le silence des pays occidentaux et surtout met en exergue le rôle crucial des États-Unis dans les accusations contre la France, leur soutien au FPR, et l’arrivée au pouvoir à Kigali de Paul Kagame, chef d’État au pouvoir depuis plus de trente ans…
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