Cessez de nous libérer !, par Anne Brassié et Stéphanie Bignon, aux Editions Via Romana.
Recension par Patrick Pommier.
Au fil des dernières décennies, tandis que l’idéologie progressiste dominante expulsait soigneusement toute idée de transcendance de la sphère publique pour l’enfermer dans la sphère privée, on faisait le contraire pour la femme, expulsée du foyer pour la jeter dans la sphère publique. Étrange coïncidence, notent malicieusement Anne Brassié et Stéphanie Bignon, qui s’emploient à tirer les conclusions d’une intuition plus profonde qu’elle n’en a l’air.
Accablée de mensonges sur la condition féminine et, simultanément, sur la laïcité, une société qui a peu à peu perdu ses vieilles boussoles a vu les féministes parodier les laïcistes, en désacralisant tout ce sur quoi « l’ancien monde » avait bâti une civilisation – toujours, sans le dire, au nom d’une rationalité économique qui finit par l’absorber. On prétendit défendre la femme en la persuadant d’abandonner sa vocation de mère et d’épouse, la réduisant à un rôle d’agent de production et, en fin de compte, en l’isolant – multipliant finalement les familles détruites et les mères isolées. La vocation de la femme n’est-elle pas toute autre qu’un parcours solitaire ? Aimer, protéger, veiller au quotidien ? Toute société saine et pérenne repose sur une chaîne de familles. Un foyer déserté par celle qui en est l’âme blesse la société tout entière. Car tout se tient : pour asservir notre société à d’autres valeurs, au fond productivistes et mercantilistes, il fallait commencer par en saper les fondations, anéantir la fonction de transmission de la femme, les vertus du don, de la gratuité et de l’amour.
L’objectif est-il atteint ? Ce manuel, quoique court, analyse ce processus et propose une alternative pour rien moins que refonder les rapports entre hommes et femmes. En éclairant la place de la femme historiquement et dans la société actuelle, Anne Brassié et Stéphanie Bignon réussissent leur plaidoyer pour la sauvegarde de la liberté, non seulement de la femme mais aussi de la personne (qu’elle soit féminine ou masculine), liberté mise en danger par, tout simplement, le matérialisme obligatoire. Ce petit livre, au style alerte est une véritable bouffée d’air frais.
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