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Le RER, principe évacuateur du peuple français

par Jean-Gérard Lapacherie

Dans la mythologie comme dans la littérature, y compris chez Dante, la descente aux Enfers du héros (qu’il se nomme Orphée, Ulysse, Énée, ou même Jésus dans le Symbole des Apôtres), est une révélation. Le véritable ordre du monde, la puissance du Verbe, la mort vaincue provisoirement, voilà ce qu’enseigne cette catabase. Il en va ainsi chez Richard Millet. Les enfers dans lesquels il voyage, c’est le RER qui relie la banlieue à la banlieue, et surtout la salle dite d’échanges du cinquième sous-sol de la station Châtelet-Les Halles. La vérité de Paris n’est pas dans le musée que la ville devient, mais dans le réseau sub-ferroviaire. Les Halles ne sont plus son ventre, comme chez Zola, mais son bas-ventre : le rhizome RER abolit toute verticalité et toute hiérarchie, qui ont fait la France. Richard Millet y voyage les yeux et les oreilles ouverts pour témoigner de ce qu’il voit, ce qui est devenu un délit aujourd’hui dans les sociétés anti-culturelles dites par euphémisme multi-culturelles. Il s’expose à la racialisation du regard ; l’autre ne se révèle plus que dans la vérité de son identité ethnique et religieuse, et surtout dans le nombre. « L’innombrable nie l’Autre, tout comme la mondialité ruine l’universel au profit du Même ». Le voyageur est contraint, par prudence, de noyer son regard dans le vide, quitte à ajouter l’aveuglement à la servitude plus ou moins volontaire… La révélation touche Paris certes, mais aussi la France ou ce qu’elle est devenue sous les flots de migrations incessantes et qui n’est rien d’autre qu’une barbarie en marche. Dans le bas-ventre de Paris, le peuple français est évacué. Il n’a plus de visage, comme s’en étonnent de plus en plus d’étrangers. « Tout voyage en RER appelle le requiem pour un jeune Français, qu’il faudra un jour écrire, avant que la langue ne s’enténèbre à jamais…». C’est la fin de la France que révèle cet Enfer. Les grands noms de l’histoire sacrée, Port-Royal, Saint-Michel et Notre-Dame s’effacent de la mémoire. Même le champ de bataille du djihad qu’ont été ces stations il y a deux décennies est oublié. Rien ne rappelle le sang versé des innocents. Il faut que les Français n’aient plus de mémoire pour être remplacés partout. Il ne reste plus à Richard Millet que le retranchement spirituel et politique, et l’apartheid volontaire.

Richard Millet, Paris bas-ventre – Le RER comme principe évacuateur du peuple français, suivi de : Éloge du coronavirus (La Nouvelle Librairie éditions, 2021).

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