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Florian Philippot, contre la politique des passes

Entrevue de Paul-Marie Coûteaux avec Florian Philippot

Il n’est guère utile de présenter Florian Philippot, jeune énarque gaulliste qui, comme tant d’autres, n’a pas retrouvé dans l’Etat tel qu’il est devenu aujourd’hui les capacités d’action et les boussoles qui lui permettaient jadis de servir l’intérêt général, et quelquefois le Bien Commun. En 2002, alors élève aux HEC, il créa une association de soutien à la candidature de Jean[1]Pierre Chevènement, puis s’engagea, en 2010, auprès de Marine Le Pen, dont il devint rapidement le principal conseiller et porte-parole, se faisant élire en 2014 député français FN au Parlement européen. En désaccord avec sa Présidente sur plusieurs sujets majeurs, il quitta en 2017 le Front National pour créer un nouveau parti, Les Patriotes, se vouant à la cause du Frexit. Depuis le début de la crise sanitaire, ce jeune homme intrépide et tenace n’eut de cesse de relever les incohérences, provocations et infractions aux libertés et de mobiliser les Français, organisant une série époustouflante de manifestations longtemps réduites à quelques centaines de résistants, mais qui finit par en réunir, plusieurs fois, au cours de l’an dernier plus d’une centaine de milliers. Il est ainsi devenu le principal porte-parole des réfractaires aux passeports dits sanitaires (avec Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Dupont-Aignan et Loïc Hervé, pour s’en tenir aux hommes politiques). Nous l’avons rencontré après qu’il ait renoncé à sa candidature présidentielle… Mais pas au combat contre la dictature rampante.

Quel fut pour vous le déclic  ? Quelle raison vous a déterminé à entrer en résistance contre ce que, depuis son début, nous appelons au Nouveau Conservateur, «l’opération Covid» ?

Lorsque le premier confinement fut annoncé par le Président de la République le 16 mars 2020, je n’y étais pas hostile, car nous n’avions alors aucun recul sur l’épidémie et qu’on nous l’annonçait pour trois semaines seulement. Mais, très rapidement, j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Le gouvernement ne cessait de s’empêtrer dans les contradictions. On nous disait tout et son contraire : sur le confinement, d’abord inutile, puis utile, puis indispensable et enfin, la seule et unique solution possible, qu’il était de remettre en question; sur le masque, inutile (puisque, de toute façon, on ne savait pas le porter), puis utile, puis seule riposte efficace face au virus et, finalement, objet sacré, obligatoire partout, tout le temps ; sur les essais cliniques, d’abord présentés comme le Saint-Graal, avant qu’il ne tombent dans un trou noir et qu’il ne soit plus possible d’en parler. Toutes ces injonctions contradictoires m’ont amené à m’interroger, au même titre que les absurdes autorisations de sortie, qu’il fallait se signer soi-même ! Les efforts du gouvernement, des médias et de certains médecins de plateau TV pour dénigrer tout traitement et présenter comme éminemment dangereuse l’hydroxychloroquine, molécule disponible sans ordonnance depuis des décennies, m’ont également paru suspects. Par ailleurs, la littérature scientifique et les exemples étrangers, en particulier celui de la Suède, ont vite montré que les mesures dites « sociales » n’avaient pas d’effet avéré sur le cours de l’épidémie. Il m’est donc rapidement apparu qu’elles n’étaient pas – ou seulement très marginalement – sanitaires, mais politiques et qu’elles relevaient de l’ingénierie sociale.

Tels que vous avez pu les apprécier, quels éléments ont motivé les nombreux Français qui ont rejoint Les Patriotes, ou participé à vos manifestations  ? Raisons sanitaires (interdiction de soigner, dangers de l’injection expérimentale…), raisons politiques (défense des libertés publiques), ou le simple bon sens ?

On a beaucoup caricaturé et diffamé les Français qui ont rejoint nos manifestations. Les médias les ont présentés comme des antivax, des extrémistes, voire des fascistes et des nazis ! Darmanin est allé jusqu’à accuser des manifestants de faire le salut nazi, alors qu’ils se livraient à un clapping (acclamations) en criant « liberté » ! Sa plainte a bien sûr été rejetée et nous le poursuivons en diffamation devant la Cour de Justice de la République. Loin de ces représentations mensongères, ces manifestants, qui sont issus de tous les milieux et parmi lesquels on trouve des médecins, des infirmières, des pompiers, suspendus ou non, des restaurateurs, ou encore des mères de famille inquiètes pour l’avenir de leurs enfants, sont avant tout attachés aux libertés publiques piétinées par ce gouvernement. D’ailleurs, le mot d’ordre de nos manifestations est bien le mot « Liberté ». Les Patriotes ne sont pas contre les vaccins, comme certains ont pu le dire ou l’écrire, mais pour la liberté vaccinale. Ils défendent également la liberté de prescrire. Ceux qui nous rejoignent ont la liberté au cœur. Ils ont bien compris que nous étions face à un choix civilisationnel : soit rester pleinement humains, soit entrer dans une société de la surveillance et du QR code totalement déshumanisée, à l’instar de celle que décrit Ionesco dans Rhinocéros (1959), sa pièce sur la montée du totalitarisme. Les Patriotes ont également permis à beaucoup de personnes de comprendre les liens entre les politiques folles qui nous sont imposées et l’Union européenne ; pour beaucoup, le sanitaire a été la voie d’entrée vers le souverainisme. Le Frexit est devenu une évidence à cette occasion pour quantité de gens qui n’y avaient pas réfléchi auparavant.

Pour autant, la grande majorité de nos compatriotes ont montré une étonnante obéissance. Cette passivité vous a-t-elle étonné ? Jugez-vous qu’elle soit aussi large qu’il y paraît extérieurement ? Je crois vous avoir entendu parler de «coup d’Etat» : comment comprendre qu’une telle évaporation du droit passe comme lettre à la poste ?

Vous avez raison. Une partie de la France semble s’être assoupie. Les « Gaulois » paraissent moins réfractaires qu’ils ne l’ont été par le passé. Certains ont pu craindre de se mobiliser compte tenu de la répression féroce exercée par le pouvoir macroniste contre les Gilets Jaunes. Chacun se souvient des yeux crevés et des mains arrachées. Cette relative passivité peut aussi s’expliquer par un manque de perspective sur « l’après ». Compte tenu du matraquage médiatique et du peu de place accordé à la véritable opposition pour exposer une alternative, certains ont pu penser qu’il n’en existait pas, que la seule voie était celle défendue par le gouvernement. Par ailleurs, celui-ci a réussi à instiller dans la population un climat de peur en multipliant les déclarations anxiogènes. Or, lorsqu’on est gagné par la peur, on ne fait plus usage de sa raison et on n’est plus en état de se révolter. Cette relative apathie a en outre été encouragée par le déluge d’injonctions contradictoires auquel les Français ont été soumis. Comme l’a expliqué Hannah Arendt, « quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais il est que plus personne ne croit plus rien ». D’où la relative inertie que vous observez. Mais ceux qui prennent conscience du coup d’État perpétré contre nos institutions et nos valeurs sont chaque jour plus nombreux. Les Français se réveillent, à l’instar des 5 millions de personnes qui n’ont pas pris leur troisième dose et ont basculé, avec nous, dans la résistance ! Sans parler de ceux qui ont fait exprès de l’attraper pour être dispensés du passe.

Pensez-vous que le passe va être prolongé et même étendu sous plusieurs formes dans un ensemble de contrôles aboutissant au « contrôle social » à la chinoise dans son ensemble ?

Oui, malheureusement. Notons que les membres du gouvernement et leurs soutiens n’ont parlé que de « lever » ou de « suspendre » ce passeport vaccinal discriminatoire et honteux, alors qu’il faudrait l’abroger purement et simplement. Les Patriotes défendent sa suppression totale et définitive. Ce passeport et les différentes restrictions qui l’accompagnent s’inscrivent dans une opération de manipulation de masse. Il s’agit d’habituer les gens à présenter un QR code pour être en mesure de participer à la plupart des activités de la vie courante. On pourra utiliser le passe pour d’autres épidémies comme la grippe et l’étendre à d’autres domaines. On parle d’un passeport écologique ou climatique, qui limiterait notre consommation, par exemple. Il s’agit, grâce à l’identité numérique, d’instaurer une société de surveillance, dans laquelle on désactiverait tous ceux qui s’écarteraient des prescriptions gouvernementales. Nous nous dirigeons donc bien – si nous ne réagissons pas avec la fermeté requise – vers un crédit social à la chinoise, ce qui n’est finalement pas si surprenant lorsqu’on connaît la fascination des « élites » françaises pour le PCC ! Gabriel Attal nous a d’ailleurs prévenus : si Emmanuel Macron est réélu, il mettra en place un nouveau contrat social qui fera passer les devoirs avant les droits, ce qui, d’après un article du Monde paru le 16 janvier 2020, constitue l’une des principales caractéristiques du crédit social à la chinoise. C’est aussi plus généralement un trait commun à tous les régimes totalitaires. On notera également que l’Union européenne souhaite mettre en place un passeport d’identité numérique avec reconnaissance faciale. Cette dérive autoritaire doit être combattue avec la plus grande fermeté. Nous sommes à la croisée des chemins. Il s’agit d’emprunter le bon : celui de la liberté et de l’humanité face au projet mondialiste visant à transformer les citoyens en simples consommateurs et à les asservir.

Pour retrouver la suite de cet entretien de Paul-Marie Coûteaux avec Florian Philippot, président des Patriotes, vous pouvez vous abonner au Nouveau Conservateur.

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