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Ukraine : arrêtez le massacre !

par François Martin, en coopération avec Le Courrier des Stratèges.

Dans cette guerre d’Ukraine, la propagande, la désinformation, les passions et les raisonnements géopolitiques ont libre cours, mais personne ne semble se rendre compte qu’au milieu de tout cela, ce sont des êtres humains qui sont détruits et qui meurent en masse. Une véritable boucherie, oubliée de tous.

Lors d’une émission télévisée, l’un des journalistes rétorque à Jean-Frédéric Poisson, Président du parti VIA : « Heureusement que l’Ukraine a des armes pour défendre nos valeurs ! » (1). En fait, la phrase est incomplète. Elle aurait dû être : « Heureusement que l’Ukraine a des armes, et que ses soldats, des garçons de 16 ans, des filles de 18 ans, des personnes âgées de 70 ans, se font massacrer pour défendre nos valeurs ». Et de fait, c’est actuellement la situation, et c’est l’état de la conscription en Ukraine. Par ailleurs, les analystes sont aujourd’hui d’accord pour dire que jusqu’ici, plus de 60.000 soldats ukrainiens ont perdu la vie dans ce conflit (2), ce qui veut dire qu’il y a au minimum 2 à 3 fois plus de blessés. Cela fait, pour 7 mois de guerre, entre 180.000 et 240.000 morts ou blessés, du côté des militaires ukrainiens. C’est une effroyable boucherie !

Cela tient à la forme du conflit. En effet, depuis 2014, l’Ukraine s’est organisée sous une forme défensive, le long d’une immense « Ligne Maginot », afin d’obliger les russes à s’y écraser, mais ceux-ci ne sont pas tombés dans le piège, et ont fait de même, en s’organisant aussi en défensive, comme pendant la guerre de 14 (3). Pourtant, pour justifier le fait qu’il a des succès, véritables ou supposés (4), le gouvernement de Kiev n’a eu de cesse soit de faire sortir ses soldats de leurs positions protégées et d’attaquer (ce à quoi les russes ont répondu surtout par l’artillerie, en tuant et en blessant beaucoup), soit même de les obliger à rester sur place sans jamais reculer, comme à Marioupol. Dans les deux cas, une « surconsommation » de son « matériel humain » et de ses armes, alors même que les russes, de leur côté, sont excessivement économes de leurs hommes (5). Le résultat de ce gâchis humain ukrainien, que le régime justifie par son impératif de demander toujours plus de crédits et d’armes (6), c’est que ses forces d’élites ont été très amoindries, et que la guerre est faite aujourd’hui en grande partie par la « chair à canon » de la conscription et par des mercenaires étrangers, polonais pour une bonne part.

Dans la  deuxième partie de cette guerre, depuis les attaques contre Izioum, Liman et Kherson, la doctrine ukrainienne a changé. L’OTAN a pris la main, avec beaucoup plus d’actions rapides en terrain découvert, mais ceci ne fait qu’accélérer les pertes ukrainiennes en soldats et en matériel, même lorsqu’ils gagnent du terrain. Et le changement de format du conflit (7), désormais bloc contre bloc, mais qui restera circonscrit au territoire ukrainien, sans doute, par effet de prudence des deux grands belligérants, va désormais broyer ce pays, dont l’essentiel était jusqu’ici épargné, et augmenter encore les dommages humains. C’est ce que montrent déjà les tout récents bombardements russes (8).

Et les hommes, dans tout cela ? Il est avéré que cette guerre devient de plus en plus, pour les pauvres conscrits ukrainiens d’abord, qui sont placés en première ligne, sans formation et parfois même sans armes, une véritable horreur. Or qui s’en préoccupe ? Nos journalistes ne cessent de justifier l’envoi de toujours plus d’armes et d’argent « pour défendre nos valeurs ». Et l’humanité, qu’en fait-on ?

Dans la plupart des conflits, jusqu’ici, dès que les armes ont parlé, des voix se sont exprimées pour demander des cessez-le-feu, globaux ou partiels, des couloirs humanitaires pour évacuer les blessés, des matériels, des hôpitaux de campagne et des médecins pour les soigner, de quelque bord qu’ils soient. Ces « belles voix », où sont-elles ? Ces chaînes humanitaires, où sont-elles ?

On sait qu’aujourd’hui, les ukrainiens, par manque de logistique, trop souvent, n’évacuent pas leurs blessés. Ils restent sur le front jusqu’à ce qu’ils meurent, faute de soins. Dans les villes, à Odessa, à Dnipro, à Kharkiv, à Kiev même, les hôpitaux sont totalement débordés, et on n’imagine même pas dans quelles conditions ces malheureux sont soignés. Quels journalistes s’en émeuvent ? Quels reportages le montrent ? Pire même que de l’abandon, c’est du déni et du calcul : il ne faut surtout pas en parler, pour ne pas donner l’impression que l’Ukraine est affaiblie. Ces malheureux sont donc les victimes d’un « trou noir » politico-médiatique bien entretenu par ceux-là même, les presses occidentales, qui se prétendent « humanistes ». Alors, pour compenser, on interroge à qui mieux mieux les civils, et on les choisit soigneusement pour qu’ils disent qu’ils détestent les russes. Et sur le front, chacun y va de son commentaire belliqueux. Mais qu’en est-il des souffrances de tous ces blessés ? Et pourquoi acceptons-nous ce déni ?

Tout se passse comme si chacun avait pris parti dans cette bataille, en oubliant l’essentiel : l’humanité. Il y a dans ce conflit, de notre part, responsables politiques, analystes, journalistes et observateurs, un flagrant défaut d’humanité.

Or on sait que sauf à ce que, cet hiver, une contre-attaque russe ne vienne y mettre un terme définitif, cette guerre sera longue. Ce sera le cas parce que, des deux belligérants que sont les USA et la Russie, aucun n’a intérêt à l’arrêter. Les russes parce qu’ils ne peuvent pas, les américains parce qu’ils ne veulent pas.

Il n’y a pas de solution militaire possible à ce conflit

Les Russes ne peuvent pas accepter de perdre parce qu’ils risquent tout. En effet, dans le cas d’une vraie défaite, les américains, les ukrainiens, et aussi les européens imbéciles exigeraient le retour au statu quo ante géographique qui prévalait avant 2014 : abandon du Donbass, et certainement de la Crimée. A la clef, une reprise de la politique de dérussification massive qui a eu cours après le Maïdan (9), une militarisation, une Otanisation et même une nucléarisation de l’Ukraine (10). Comme l’a expliqué Poutine aux russes dès le début du conflit, cela reviendrait à un « pistolet sur la tempe » de son pays. En fait, ce serait la fin de la Russie, avec toutes les répercussions géopolitiques effroyables que cela pourrait entraîner. Ceux qui disent qu’il faut « imposer à Poutine une défaite pour l’obliger à négocier » se trompent complètement de diagnostic. De la part des russes, c’est un scénario impossible. Comme l’a dit le grand géopoliticien américain John Mearsheimer, comme pour les américains à Cuba (11), ce conflit est pour eux existentiel. Ils ne peuvent faire autrement que d’aller jusqu’au bout. Donc dans un tel scénario, dans un premier temps, l’Ukraine toute entière sera transformée en champ de ruine. Ensuite, perdus pour perdus, ce sera le cataclysme nucléaire pour tous.

De leur côté, les américains ne veulent pas accepter d’arrêter parce qu’ils ne risquent rien. En effet, à part une blessure d’amour-propre, et un arrêt, durable ou momentané, de leur politique expansionniste s’ils perdent cette guerre militaire (12), pour l’instant, ils n’ont que des avantages à la situation actuelle. Ils n’ont pas de troupes sur place, à part des conseillers bien protégés. Ils ont brisé, et pour longtemps, les velléités européennes de s’ouvrir à l’est (13). Ils sont les maîtres du réarmement de l’Europe, à qui ils livrent et livreront des milliards de matériels. Demain, ils seront nos fournisseurs exclusifs d’énergie et de matière premières. Surtout, ils ont considérablement renforcé leur pouvoir politique sur l’Europe qui, d’allié plus ou moins docile qu’elle était auparavant (14), est devenu un « zombie », un mort-vivant politique. Pourquoi s’interrompre, avec un tel bilan ? Tout au plus, sur un plan géopolitique, accélèrent-ils, en ce moment, la multipolarisation du monde et le désir des BRICS et des émergents de faire leur propre chemin plus indépendant. Mais là aussi, si jamais ces pays tiers y parviennent, la route sera longue, et la puissance américaine est telle qu’ils trouveront certainement les moyens d’avoir leur place dans ce nouveau monde, après nous avoir ruinés et empêchés d’y trouver la nôtre.

Il n’y a donc pas de solution militaire possible à ce conflit (15), mais seulement une solution politique. Et  pour nous, européens, qu’un devoir, et qu’une seule voie de sortie :

Le devoir, c’est l’humanité. Nous devons exiger qu’au moins, les plus malheureux, et d’abord les soldats blessés, soient enfin pris en compte et pris en charge. Nous devons exiger un cessez-le-feu, et l’arrêt des livraisons d’armes. C’est une obligation absolue. La voie de sortie, c’est d’exiger que les belligérants, les américains, les ukrainiens, les russes et aussi nous-mêmes, les européens, se parlent. Il faut  arrêter les surenchères (16), les tricheries (17), les paroles blessantes (18) et les provocations humiliantes (19). Il faut  retourner à la table des négociations. Il doit y avoir ensuite une grande Conférence de la Paix à l’ONU, dont l’objectif (enfin !) doit être la sécurité en Europe (toute l’Europe !), et donc les garanties données aux russes dans ce sens, qu’ils attendent depuis 30 ans.

Ce programme est simple, et sera compréhensible, aujourd’hui, par toutes les opinions publiques, et les européennes d’abord, parce que, après la sidération initiale, les conséquences de la guerre commencent à être mieux perçues (20). De plus, il est conforme à la vocation chrétienne et pacifique de l’Europe, et aussi au destin de la France. Il n’y a pas d’autre sortie politique pour l’Europe. Elle sera broyée si elle continue à s’enfoncer comme elle le fait.

Si l’on ne s’engage pas à fond dans cette voie, la suite est inéluctable : c’est la mort de l’Europe d’abord, puis celle de l’humanité toute entière, à court ou moyen terme, qui nous attend.

Ce message politique de bon sens pourra-t-il être entendu ? (21)

François Martin

  • https://www.youtube.com/watch?v=6EsM1AP7fPk
  • Il y a par contre, de l’avis des spécialistes, en comparaison, très peu de morts civils. L’ONU cite le chiffre de 6000.
  • https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/09/20/les-etats-unis-et-lotan-commettent-lerreur-capitale-dans-une-guerre-sous-estimer-leur-ennemi-par-francois-martin/
  • Parce qu’à la différence des russes, l’Ukraine mène avant tout une guerre médiatique, avant d’être militaire.
  • C’est l’une des raisons pour lesquelles ils préfèrent reculer, puis réduire les attaquants à coups de bombes, ce qui entraîne des revers tactiques, le plus souvent calculés. Ainsi, on médiatise à outrance les « succès » ukrainiens, mais pas, ensuite, les reconquêtes russes…
  • Alors que l’on sait que seules 40% de ces armes parviennent au front. Près de 60% sont détruites en cours de route ou détournées. L’énorme affaire mafieuse qu’est ce conflit, une autre excellente raison de cette surenchère, dont on ne parle guère. Ukraine : il y a aussi une guerre économique, par François Martin – Le Courrier des Stratèges (lecourrierdesstrateges.fr)
  • https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/10/10/la-guerre-dukraine-est-elle-en-train-de-devenir-une-guerre-mondiale-par-francois-martin/
  • Ils ont un double objet : a) comme il n’y a plus d’espace de négociation, les russes n’ont plus besoin de ménager l’Ukraine, mais doivent, au contraire, la tenir à distance, militairement, mais aussi politiquement. b) les russes préparent ainsi leur offensive d’hiver, en détruisant, dans la profondeur, toute l’infrastructure et les chaînes de logistique et de commandement ennemies. D’une logique militaro-diplomatique « à l’ancienne », nous sommes passés à une véritable logique militaire d’anéantissement « moderne ».
  • Et une « punition » sans pitié des territoires russifiés, à laquelle nos « belles âmes » et l’ONU tourneraient le dos, comme elles l’ont fait entre 2014 et 2022…
  • Que Zelensky avait demandée, en Février 2022, accélérant ainsi, certainement, le déclenchement de la guerre.
  • L’Ukraine, ce n’est pas les Sudètes, c’est Cuba – SMART READING PRESS (srp-presse.fr)
  • Après les précédentes, Vietnam, Afghanistan, Irak, qui ne les ont pas abattus.
  • L’une des raisons principales du sabotage des gazoducs.
  • La France de De Gaulle, puis l’Allemagne de Schröder et Merkel.
  • Sauf, encore une fois, à ce qu’une contre-attaque russe cet hiver ne règle l’affaire définitivement. C’est ce qui semble se préparer en ce moment au vu des rassemblements de troupes et de matériel.
  • Comme la destructions des gazoducs
  • Comme le refus des occidentaux de mettre en œuvre leur partie des accords d’Istanbul sur le blé
  • Comme les phrases récurrentes de Van Der Leyen
  • Comme les tracasseries administratives vis-à-vis des touristes russes, ou même des diplomates russes qui veulent se rendre à l’ONU !
  • Il n’est que de voir les manifestations qui ont lieu en ce moment en Allemagne, et dans la plupart des pays d’Europe centrale. Cette prise de conscience progresse, et elle parviendra rapidement chez nous.

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