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L’écologie est conservatrice ou elle n’est pas

Article publié sur le site de l’Institut Montalembert et reproduit ici avec l’aimable autorisation de ses fondateurs.

Dans son nouvel essai, L’Écologie ou l’ivresse de la table rase (Éditions de l’Observatoire), la philosophe, Bérénice LEVET, s’interroge : Comment expliquer que l’écologie, censée être guidée par le souci de la préservation, soit devenue l’étendard des progressistes les plus acharnés ?

Bérénice Levet, déjà remarquée, notamment, pour Le Musée imaginaire d’Hannah Arendt (Stock, 2011) et La Théorie du genre ou le monde rêvé des anges (Livre de poche, 2016), analyse le lyrisme révolutionnaire d’une idéologie qui a pris le relais du marxisme et met en procès la culture occidentale. Reprenant à son compte le vocabulaire de l’intersectionnalité, de l’inclusivité et du refus des frontières, l’écologie progressiste promeut la table rase et la déconstruction.

Dans un article paru dans Marianne en novembre 2021 qui anticipait la sortie de son dernier ouvrage, elle démontrait ce qui enivre l’écologie telle qu’elle s’incarne aujourd’hui officiellement très largement, de Yannick Jadot à Anne Hidalgo en passant par les associations L214 ou le parti animaliste, le projet de faire table rase du passé et de tout « réinventer » – maître-mot de ces belles âmes. Si l’écologie n’est pas populaire, ce n’est pas seulement parce qu’elle ponctionne des populations qui n’en peuvent plus mais c’est aussi qu’elle broie sous les meules de la raison désormais écologiste les mœurs, les usages, les habitudes. Avec pour onction et légitimation, la cause péremptoire du salut de la planète, elle ignore les attachements et les fidélités des hommes et des peuples à leurs traditions. L’écologie s’impose comme un nouveau facteur d’insécurité culturelle, Bérénice LEVET y consacre un chapitre de son livre.

En effet, la crise écologique est venue inquiéter le modèle de société que nous avons adopté depuis le XIXe siècle greffé sur, et hanté par, l’efficacité, la rentabilité, la fonctionnalité, la levée de tous les freins susceptibles de brider la marche en avant de l’individu. Mais cette inquiétude est captée par une écologie technocratique et idéologique. C’est pourquoi elle parle de victoire à la Pyrrhus.

Bérénice Levet dénonce le concept d’homme nouveau promu par les écologistes

Que reproche Bérénice Levet aux écologistes ? Leur rejet du patrimoine français et même, selon elle, de la civilisation occidentale. Pour preuve, on peut citer l’exemple récent des déclarations du candidat communiste à la présidentielle, Fabien Roussel, qui a revendiqué son amour pour la gastronomie française, la viande, le bon vin, son attachement au terroir. Une prise de position dénoncée par Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d’Europe Ecologie Les Verts. Bérénice Levet, se dit très préoccupée par le totalitarisme « vert ». Elle précise ne pas être opposée à l’écologie, et souhaite d’ailleurs corriger le tir de notre modèle de surconsommation depuis 40 ans, toutefois elle dénonce le concept « d’homme nouveau » que souhaitent promouvoir les écologistes. Elle assure même que le combat écologiste, du traitement réservé aux bêtes à l’avenir des sols est un « alibi pour intenter un énième procès à la civilisation occidentale en général, et à la civilisation française en particulier ». Elle s’appuie sur le mot d’ordre de la réinvention : « on réinvente la ville, on réinvente la politique, on réinvente tout : attachons-nous plutôt à préserver ce qui n’est pas encore détruit ! ».

Selon la philosophe, une autre écologie est possible, qui ne serait pas une machine de guerre contre l’héritage occidental, mais puiserait dans notre culture les ressources pour contrer les dérives du productivisme et qui s’attacherait à la préservation de la beauté.

Ainsi, Bérénice Levet dans une approche autant politique que philosophique et littéraire, nourrie de Giono, Camus, Colette, Calvino, Hannah Arendt, Simone Weil ou Vaclav Havel, propose une autre écologie, une écologie des sens et de la gratitude qui s’appuie sur les hommes, leurs expériences, leurs attachements, leurs fidélités, leur besoin de continuité et de stabilité – autant de dispositions conspuées par les écologistes officiels. Ce livre s’offre ainsi comme une profonde et précieuse réflexion sur l’humaine condition, mais aussi comme un hymne à l’Occident et, singulièrement, à la civilisation française.

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