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L’écologie conservatrice ? Un pléonasme !

Par Gabrielle Cluzel

Mère de famille nombreuse, Gabrielle Cluzel s’est toujours consacrée à l’écriture. Dans Monde & Vie et Famille Chrétienne, elle se fait connaître pour son humour et son style enlevé. En 2003, elle publie un recueil de nouvelles, Rien de grave, puis en 2005, Un soupçon d’imprévu, avant de se consacrer à des analyses plus politiques, avec « Le Libre journal de la famille et de l’éducation » sur Radio Courtoisie, et des participations au site Boulevard Voltaire. Elle devient avec Méfiez-vous de la France bien élevée une des voix de cette France catholique qui s’oppose au mariage homosexuel, et publie en 2016 Adieu Simone ! Les dernières heures du féminisme, qui rencontre un franc succès. En 2017, elle prend la suite d’Emmanuelle Ménard à la tête du site Boulevard Voltaire. Dans son dernier ouvrage, Enracinés ! (Artège), elle s’interroge : « Ce serait s’illusionner que de regretter le passé. Mais n’est-ce pas encore plus s’illusionner que d’idéaliser le progrès ? », rappelant ce qui peut encore unir la société française : sa langue, ses romans familiaux, ses clochers, son art de vivre. A la Journée du Conservatisme organisée par le Mouvement Conservateur le 26 septembre dernier, elle lança : « On parle d’écologie conservatrice : mais c’est un pléonasme ! » Nous lui avons demandé de développer…

Ce n’est pas moi qui le dis, mais le Larousse : « écologique : qui respecte l’environnement ». Comment respecter sans conserver ? Alors par quel tour de passe-passe, quelle entourloupe, quelle formidable supercherie la gauche a-telle pu préempter l’écologie jusqu’à la transformer en énorme pastèque – verte à l’extérieur, rouge à l’intérieur -, sans doute seule plante jamais cultivée, avec les tomates cerises du balcon, par les militants citadins d’EELV. Mais nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes. Ou à ceux qui nous ont précédés. Souvenez-vous, c’était l’après-guerre, on ne pensait qu’à manger à sa faim, et revivre enfin. Alors la droite a signé sans moufter un Yalta politique : elle a décidé de se concentrer sur l’économie, seul sujet sérieux à ses yeux, et a laissé les « frivolités » à la gauche : culture, éducation, information, féminisme… et écologie. Il fallait bien faire tourner la boutique pendant que les autres s’amusaient. Elle ne vit pas qu’à ce train-là, même l’économie allait lui échapper et se retourner contre ses intérêts : le « petit » libéralisme de grandpapa, n’ayant d’autre ambition que de permettre aux Français d’entreprendre, en faisant en sorte que l’État descende de leur dos et sorte ses mains de leurs poches, selon la formule de Ronald Reagan, s’est mué en un libéralisme sans frontières… dans lequel la gauche immigrationiste a trouvé un formidable allié d’occasion. C’est le fameux ruban de Möbius de Michéa. En attendant, l’écologie, en supplétif dont on se sert et dont on n’hésitera pas à se débarrasser, en enfant du placard n’y pouvant mais, a été enrôlée de force. Il suffisait d’observer, ces derniers temps, les deux finalistes de la primaire écolo : à la fête de l’Huma, Sandrine Rousseau a multiplié les selfies avec Assa Traoré en l’assurant de toute sa solidarité – rapport avec l’écologie ? -, elle a aussi vanté les mérites de l’« homme déconstruit » – rapport avec l’écologie ? – et a insisté pour que nous fassions venir les réfugiés Afghans, fussent-ils dangereux – rapport avec l’écologie ? Quant à Yannick Jadot, il a appelé dans Le Monde à accueillir les migrants – rapport avec l’écologie ? -, ou encore à « sanctionner la Hongrie » pour sa « loi anti-LGBT ». Rapport avec l’écologie ?

« Réformer ce qu’il faut et conserver ce qui vaut »

Mais l’acmé a été atteinte avec Greta Thunberg, madone de la cause écologique, lorsqu’elle a été interrogée sur cet intrigant Tee-shirt « Antifa », qu’elle arbore de temps à autre. La réponse a fusé, claire comme de l’eau de roche : « La crise climatique ne concerne pas seulement l’environnement. C’est une crise des droits humains, de la justice et de la volonté politique. Le systèmes d’oppression coloniaux, racistes et patriarcaux l’ont créée et alimentée. Nous devons les démanteler » (Le Monde). Bref, dénoncer la colonisation est aussi écolo que planter des arbres, et c’est moins fatigant. Conserver, c’est protéger, soigner, ne pas dénaturer, embellir, n’enlever que ce qui nuit comme le jardinier ôte les feuilles atteintes d’oïdium et les boutons flétris, pour une fructification toujours plus aboutie. « Réformer ce qu’il faut et conserver ce qui vaut » : la devise de Benjamin Disraeli. Mais pas de conservatisme, et donc d’écologie, sans enracinement. On ne peut prétendre aimer la terre sans y avoir les deux pieds solidement plantés. Et cet humus commun dans lequel nous puisons chaque jour, ce sont aussi nos mœurs, notre culture, formées par la lente sédimentation des siècles passés, enrichies par la décomposition de nos anciens, que ceux-ci aient été flamboyants ou moins glorieux : le fumier est aussi l’engrais des nouveaux plants ! Les caciques écolos, sans doute plus biberonnés aux émissions de Barthès qu’aux ouvrages de Barrès, se moquent comme de leur première carte de l’UNEF, de la terre et des morts. Ou de la mer et des vivants de Claudel : malthusianistes et collapsologues en diable, à l’instar d’Yves Cochet, ils ne cessent de culpabiliser, désespérer, et dissuader de procréer. Il est grand temps de crier haut et fort que progressiste écologique est un oxymore.

Gabrielle Cluzel

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