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La messe n’est pas dite

Par François Martin

Pour les conservateurs, et en particulier pour les catholiques, la constitutionnalisation de l’avortement, récemment votée à Versailles, semble être, par le symbole qu’elle représente, le dernier clou sur le cercueil de la France. Or ce n’est pas la fin, mais seulement le début d’une longue bataille, qu’ils ont, malgré tout, des chances de remporter.

Dans son célèbre appel du 18 Juin, le Général de Gaulle répétait ; « La France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! » . Le Général faisait allusion aux USA en particulier, dont la puissance industrielle colossale était susceptible de changer la donne de la guerre. Cela veut dire qu’il était capable de dépasser la vue du strict conflit franco-allemand, et de l’insérer dans une vaste vision, panoramique, de la situation internationale, au-delà même de l’Angleterre. Ainsi envisagée, une défaite apparemment sans issue pouvait laisser entrevoir des solutions. De même, et bien que cela soit dramatique, nous devons faire la même chose avec l’épisode de la constitutionnalisation de l’avortement que nous venons de vivre, pour pouvoir évaluer le véritable risque qu’il comporte à long terme, et nos chances, malgré tout, de victoire.

Aujourd’hui, c’est la guerre d’Ukraine qui nous donne les clefs de compréhension nécessaires. En effet, sa fin attendue, avec la victoire de la Russie, provoque un « recentrage » des stratégies américaines sur ce qui était, depuis le début, l’un des objectifs poursuivis en parallèle : l’asservissement de l’Europe (1). De fait, nous avons pu constater, tout au long des préparatifs de la guerre d’Ukraine, puis au cours de celle-ci, un alignement presque total de l’UE et des gouvernements européens (à l’exception notable de la Hongrie) dans le sens d’un durcissement des relations entre le camp occidental et le camp russe, sans véritable effort pour un cessez-le-feu et pour la paix. Un durcissement tout à fait conforme aux intérêts américains (qui ne veulent en aucune façon que l’Europe se rapproche de la Russie), mais pas du tout à ceux de l’Europe.

La guerre est aujourd’hui virtuellement perdue par l’Ukraine, donc par l’OTAN. Pour répondre à cela, et pour empêcher que les européens ne se posent la question évidente « Mais à quoi sert donc l’OTAN, puisqu’elle est incapable de nous défendre ? », nous voyons déjà se dessiner ce qui sera, à n’en pas douter, une ligne de force américaine, au moins pour la prochaine décennie, si ce n’est jusqu’à ce que l’Europe disparaisse définitivement, en tant qu’ensemble de nations, sur le plan politique  (2) : l’hystérisation de l’Europe. Il s’agit, en effet, que les européens ne se disent jamais « A quoi sert donc l’OTAN ? », mais bien « Jamais nous n’en avons eu autant besoin, puisque les russes sont à nos portes ! ». Cela se conjuguera, c’est certain, avec un renforcement du contrôle politique, médiatique, militaire et commercial des USA sur l’Europe. Tenant absolument à ce qu’aucune vélléité d’indépendance de notre part ne puisse jamais advenir, la logique des choses veut que parallèlement, les USA profitent au maximum de la situation qui leur est offerte, en particulier sur le plan économique :

  • l’arme du gaz, actuellement instrumentalisée pour tenir l’Europe à la gorge, est utilisée commercialement de deux façons : en nous vendant le gaz américain entre 4 et 7 fois le prix pratiqué sur le marché américain, et par ailleurs en incitant nos entreprises, si elles veulent de l’énergie bon marché, à se délocaliser aux USA. Ils font ainsi d’une pierre deux coups. On peut prévoir, pour la même raison, que l’Allemagne n’aura jamais l’autorisation de reconstruire son gazoduc, ni d’ouvrir, parmi les quatre existants (3), celui qui n’a pas été détruit. 
  • sur le plan de la défense, là aussi, l’obligation qui nous est faite de continuer à financer et armer le régime ukrainien moribond, ainsi que l’injonction d’augmenter nos budgets militaires (supposément pour prendre notre part du financement de l’OTAN) (4) se poursuivront par le remplacement obligé de nos armes par du matériel américain. Dans cette affaire, tout sera fait pour casser les industries concurrentes, en particulier le complexe militaro-industriel français.
  • parallèlement à ces deux stratégies, les législations sur l’extraterritorialité du droit américain seront renforcées, ainsi que l’espionnage industriel, afin de faciliter la « punition » de nos entreprises « fautives », celles qui n’obéiront pas aux sanctions, ainsi que le vol de nos secrets, et le rachat de tout ce qui intéressera nos « maîtres ».
  • enfin, on peut prévoir que des accords de « libre-échange » nous obligeront à acheter, de plus en plus, ce que les américains auront envie de nous vendre.

Parallèlement à ces actions de pillage économique sera renforcée, de la façon la plus systématique, la fédéralisation de l’Europe. Partant du principe qu’il est plus facile de contrôler la Commission seule plutôt que 27 chefs d’Etats et de gouvernements, il s’agira de passer au niveau européen toutes les prérogatives possibles, pour retirer aux pays et aux peuples le maximum de pouvoirs. Tout ceci n’est guère nouveau, puisque cela figurait dans les plans américains depuis la création de l’Europe par l’entremise de Jean Monnet (5). Mais la situation actuelle, avec le conflit ukrainien, donne à cet objectif une nouvelle opportunité de réalisation, avec un nouveau « tour de vis », encore plus contraignant.  

Ce sont, on peut le prévoir, des années d’appauvrissement et de grandes souffrances pour nos peuples qui nous attendent, accompagnées, certainement, d’une intense propagande destinée à nous terroriser et à diaboliser la Russie. Comment, en effet, devrait-il en être autrement, puisque les américains disposeront de tous les leviers de commande militaires, politiques et médiatiques, que nos gouvernements ne nous défendront pas, ni les instances européennes, et que nos peuples seront lobotomisés et « consentants » ? Tout cela est déjà commencé.

Il est intéressant de remarquer que, dès le début de la guerre, en 2022, Poutine s’était adressé à son peuple, et lui avait dit en substance : « Les pouvoirs et les élites européens cachent à leurs peuples et se cachent à eux-mêmes une grave faiblesse : la fracture entre riches et pauvres, entre les élites et les peuples. A cause de l’appauvrissement qui ne va pas manquer de s’accentuer du fait de la guerre, cette fracture va considérablement s’agrandir. Il est impossible, dans ces conditions, que cette élite se maintienne au pouvoir durablement ». Ce que prévoyait le leader russe, c’est le fait que cette élite sera dans l’avenir profondément délégitimée, et qu’elle n’aura, un jour, plus les moyens de gouverner. Poutine le comprend, alors que nous ne le comprenons pas encore, parce qu’en réalité, il a déjà vécu une telle situation : lors de la chute du communisme.

A cette époque, en effet, il existait une énorme fracture entre les élites oligarchiques (les membres du Parti et du système), et les peuples opprimés. Plus aucun discours officiel n’était cru, plus aucune confiance n’avait cours. Les pouvoirs se maintenaient par la prédation, le mensonge (la « Pravda »), la dénonciation, la peur et la brutalité. Du fait de son isolement extrême, sa fragilité était aussi grande que sa violence contraignante. A un moment, à cause de ce déni du réel de la classe dirigeante, et du peuple à l’arrêt ne produisant plus, le régime s’est effondré d’un seul coup. La peur qu’éprouvait le peuple a disparu, il a décidé d’ouvrir les frontières, et les courroies de transmission du pouvoir, trop faibles, n’ont pas pu l’en empêcher (6). 

Ce scénario qu’ont vécu les pays communistes, c’est exactement ce qui nous attend. Aujourd’hui, nous considérons les lois iniques, comme la constitutionnalisation de l’avortement, les taxations et règlements multiples qui ruinent nos paysans, les obligations vaccinales pour les personnes sans risques, l’éducation sexuelle pour nos enfants (7) ou encore, demain, l’euthanasie, comme le summum de l’oppression de nos élites dominatrices, progressistes, administratives ou simplement commerciales. Comme en Europe de l’est à l’époque, nous avons l’impression d’être devenus une simple marchandise, à la disposition de leurs intérêts, de leur idéologie, de leurs envies ou de leur folie. Mais nous n’avons encore rien vu. Cette oppression va s’accentuer, à la mesure des possibiltés de prédation multiples qui se feront jour, et de la peur, paradoxalement, qu’auront ces élites de leur propre isolement. A un moment donné, elles seront tellement délégitimées qu’elles auront perdu toute la confiance de la population, y compris de la bourgeoisie, qui aujourd’hui les soutient encore. Le pays sera à l’arrêt. Plus rien ne fonctionnera, plus personne ne leur obéira. Leurs stratégies égoïstes et rapaces, loin de toute considération pour le peuple ou pour leur pays, les rendra haïssables aux yeux de tous. Ce processus est déjà entamé. Ce jour-là, comme le prévoit Poutine, nos régimes oligarchiques et ploutocratiques s’effondreront d’eux-même. Toutes les lois qu’ils nous imposent aujourd’hui apparaîtront alors comme des symboles insupportables de leur oppression. Elles seront balayées d’un seul coup.

La prédation américaine qui s’abat aujourd’hui sur nous est paradoxalement une chance, parce qu’elle est révélatrice de la véritable nature du régime qui nous gouverne. Plus le déclassement se répandra, plus ce sera manifeste. Lorsque l’isolement du régime sera généralisé, son impuissance sera complète, car il ne parviendra plus à se faire obéir. Si nous savons faire preuve de courage et surtout d’esprit d’indépendance (8), les temps seront alors mûrs pour un vrai changement (9). C’est pour ce jour-là qu’il faudra être prêts.

« Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire » (10).

François Martin  

  • Cf « L’Ukraine, un basculement du monde », François Martin, 2023
  • Ce qui est l’un des autres buts poursuivis à travers la fédéralisation européenne
  • En effet, l’explosion des gazoducs le 26 Septembre 2022 a endommagé 3 d’entre eux. Il en reste un, mais les allemands, visiblement, n’ont pas « l’autorisation » américaine de l’utiliser….
  • Ainsi, nous payons nous-mêmes les frais de notre geôlier…
  • Cf « L’ami américain », Eric Branca
  • L’auteur a travaillé avec tous les pays d’Europe centrale entre 1988 et 1992 et a  pu assister en direct à la mécanique de ce processus
  • Le projet de programme d’éducation à la sexualité pour les enfants a été publié par le Conseil Supérieur des Programmes le 6/03/2023.
  • Il n’est pas nécessaire d’attendre que nous soyons en ruines pour faire preuve de cet esprit d’indépendance. Le plus tôt sera le mieux. Mais le temps jouera pour nous, dans le sens où la nature prédatrice de notre système ne pourra plus être cachée.
  • Une autre question demeure : que restera-t-il de notre pays à ce moment-là ? Mais l’exemple d’autres pays ou d’autres époques nous montre que, lorsque le pays et ses dirigeants le veulent vraiment, et avec de très grands efforts, les capacités de redressement sont inouïes.
  • Appel du 18 Juin 1940

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