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Euthanasie : avons-nous perdu la raison ?

Par Christine Boutin, présidente d’honneur de VIA – La Voie du Peuple

La France connaît une crise majeure, payant très cher les conséquences d’une crise sanitaire que les pouvoirs publics se sont comme ingéniés à rendre incroyablement onéreuse, puis d’une « guerre en Ukraine » dont ils se sont non moins ingéniés à rendre les conséquences très lourdes pour les citoyens de l’Europe de l’Ouest, sur fond de dette publique alarmante et, par-dessus tout, d’un lent abandon des principaux services publics, dont aucun ne peut remplir son rôle dans des conditions normales. C’est au point que la majorité des Français vivent désormais dans la crainte : boucler la fin du mois, payer l’essence, l’école, le logement, les impôts et les taxes, assurer les biens nécessaires pour l’alimentation de la famille. L’hôpital va mal, certains meurent sur des brancards aux urgences débordées, etc. Et voilà que, face à toutes ces difficultés, le CCNE (Comité Consultatif National d’Éthique) ouvre la voie à l’euthanasie et au suicide assisté !

Mais dans quel temps vit-on ? A-t-on complètement perdu la raison ? Il faut agir et réagir. Cela est possible. D’abord, rappelons que ce Comité est CONSULTATIF. Rien ne s’oppose donc à ce que nous mettions son avis 139 à la poubelle car il met en jeu ici l’humanité de l’homme, la vie des plus fragiles, des malades, des handicapés, des vieux… Après avoir reconnu que « le cadre juridique actuel est satisfaisant lorsque le pronostic vital est engagé à court terme », le CCNE justifie une autorisation de tuer dans le cas de «souffrances réfractaires» que subissent certains malades dont le pronostic vital est engagé à moyen terme. Cet avis est un revirement total et inacceptable par rapport à celui, déjà très « limite », qu’il avait émis en 2013 et qui considérait comme essentielle la distinction entre « laisser mourir » et « faire mourir ».

Mais pourquoi donc sommes-nous contre l’euthanasie et le suicide assisté ? Avons-nous un cœur de pierre, insensible ? Sommes-nous inhumains ? Et s’il s’agissait du contraire ? L’expérience politique permet de constater que depuis quelque 30 ans, ce que l’on appelle l’humanité de l’homme n’a fait que déchoir au point que la valeur de l’homme s’est réduite à celle des choses. L’homme est devenu une simple valeur d’ajustement sur le plan économique, il est même un objet que l’on choisit, qui est vendu, que l’on achète (GPA), exactement comme était jadis considéré l’esclave. Depuis l’abolition de la peine de mort en 1981, l’interdiction de tuer est un absolu en France, et voici que par un détour doloriste certains « éthiciens » veulent donner le droit civil à un homme de tuer un autre homme ! Je ne développerai pas les arguments habituels, que je partage, sur l’incohérence qu’il y aurait avec le respect du serment d’Hippocrate du monde médical qui ne veut pas tuer mais guérir ou soulager, de la nécessité de développer les excellentes pratiques des soins palliatifs dont le nombre est insuffisant chez nous…

Réfléchissons plutôt à la digue ouverte si le Parlement (qui a bien d’autres sujets importants à traiter) suivait cet «avis 139». Dans un temps où la priorité, la marque de la réussite est la rentabilité financière, comment ne pas se poser la question du traitement alors réservé à ceux qui « ne servent à rien » ? Comment être certains que nous éviterons les dérapages ? La possibilité de tuer quelqu’un (euthanasie) ou se substituer à lui (suicide assisté) n’est-elle pas plutôt la preuve d’un échec collectif ? Quelle est cette société que nous avons construite, fascinée par la mort au point d’accepter le principe de tuer ses semblables ? Quel avenir dessinons-nous ainsi ?

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