Article de Patrick Pommier – Prix trimestriel du Panache décerné par Le Nouveau Conservateur
Damien Sérieyx – une perle rare dans l’édition
Les livres édités par Damien Serieyx sont rarement chroniqués dans la presse ou classés « absents des rayons » par nombre de librairies qui jugent L’Artilleur « infréquentable ». Or, Damien Serieyz n’est ni un agitateur, ni un Cassandre, tout au plus un franc-tireur animé par la curiosité intellectuelle et la passion de comprendre, ce qui est l’exact contraire d’un idéologue. Après avoir occupé différentes fonctions dans de « grandes » maisons d’édition (Calmann-Lévy, Stock, Le Seuil) et fort du constat que certains livres et surtout certains sujets ne passaient jamais la barre des comités de lecture, ce catholique revendiqué fonda, en 2006, en partenariat avec TF1, les Éditions du Toucan, spécialisées dans les « beaux livres » et les romans, notamment policiers. Quand elles devinrent totalement indépendantes en 2010, il lança l’Artilleur, davantage réservé aux essais, politiques, historiques ou scientifiques. Damien Serieyx ne raconte pas l’histoire du « cadre confortablement établi plaquant tout du jour au lendemain pour répondre à l’appel de l’aventure ». Si toutefois il devait retenir une date, ce serait 2005 et le contournement parlementaire de la volonté majoritairement exprimée lors du référendum et l’abîme qu’il ouvrait entre l’élite et les Français. L’« élite » voulait évacuer le débat ? Il contribuerait, à sa modeste échelle, à le faire revenir. L’Artilleur n’est pas pour autant « le salon des refusés » ou alors au sens de celui de 1863 : à bien considérer son catalogue, on voit qu’il choisit moins des essais d’humeur ou des philippiques que des livres d’enquête, visant d’abord à établir des données factuelles.
Christopher Caldwell, Roger Scruton, Douglas Murray, Michèle Tribalat, Ingrid Riocreux, Pierre Manent, Jacques Julliard, Marcel Gauchet sont quelques-uns de « ses auteurs ». Damien Serieyx a notamment publié au début de cette année deux livres majeurs dont nous rendons compte dans ces colonnes et publions des entretiens avec leurs auteurs : « L’Histoire d’une falsification – Vichy et la Shoah dans le discours officiel et le discours commémoratif » de Jean-Marc Berlière, Emmanuel de Chambost et René Fiévet et « Le Climat par les chiffres : sortir de la science-fiction du GIEC » de Christian Gérondeau – et nous publierons dans notre prochain numéro, à propos du grand mensonge sanitaire, un entretien avec deux autres de « ses » auteurs, Pierre Chaillot et Laurent Tubiana. Découvrons ce partenaire qui, à l’heure où même les réseaux sociaux sont menacés de censure, contribue si puissamment à la survie de la liberté d’expression, dont, une fois de plus, le livre reste un irremplaçable môle. C’est avec joie que nous décernons pour la première fois notre « Prix du Panache » à un éditeur. (P.P.)