Taxe Zucman : la confiscation assumée au nom d’une idéologie égalitariste

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Par Francis Jubert

La taxe Zucman qui prétend répondre à des besoins de justice fiscale et que plébiscitent les Français ne se contente pas d’imposer les plus riches d’entre eux: elle est confiscatoire et anti-économique. Ce n’est pas un impôt ordinaire, mais un mécanisme qui s’attaque à la substance même de la propriété privée. Elle prélève chaque année 2 % des patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, qu’ils soient liquides ou pas. Elle ne se fonde pas sur le revenu réellement perçu, mais sur une valorisation, donc sur une richesse potentielle, encore virtuelle. En cela, elle ne taxe pas ce qui existe mais ce qui pourrait exister : c’est un impôt sur l’avenir, une spoliation légale de ce qui n’a pas encore été gagné. En ce sens, c’est une « hérésie totale » a pu dire Pierre Gattaz, l’ancien patron du Medef.

Arthur Mensch, fondateur de Mistral AI, société qui a levé 1,7 milliards d’€ début septembre et a quasiment doublé sa valorisation à 11,7 milliards d’€, a quant à lui résumé la situation en une phrase : « Je ne pourrais évidemment pas payer cette taxe. » Non parce qu’il s’y refuse, mais parce qu’il n’en a pas la capacité financière : sa richesse est seulement latente, sur le papier, non disponible. 

Imposer 2 % de la valorisation du champion français et européen de l’intelligence artificielle revient à exiger de sa part des cessions forcées, la vente de ses actions à bas prix pour s’acquitter d’un impôt sur une richesse virtuelle. Cela revient à affaiblir les entreprises les plus dynamiques, celles qui portent l’avenir technologique du pays. « C’est un piège mortel pour la French Tech » alerte Philippe Corrot, Directeur général de la Licorne Mirakl. Visé par la taxe Zucman, Eric Larchevêque, co-fondateur de Ledger, essaie de faire entendre la voix de tous ces entrepreneurs « qui ne se payent pas assez, découragés par la fiscalité française, la plus importante d’Europe. » 

Nicolas Dufourcq, Directeur général de la Banque publique d’investissement (Bpifrance), a dénoncé un « truc complètement absurde », accusant la proposition de n’être qu’un geste idéologique pour « hystériser le débat politique ». « Ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu’on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3 ? Pourquoi pas 4 ? C’est invraisemblable ! » Il ajoute, non sans ironie, que, si la taxe était prélevée en actions, « la BPI se retrouverait demain avec 2 % de LVMH, dans vingt ans avec 20 %. C’est délirant, c’est communiste en réalité. » Cette taxe transformerait l’État en copropriétaire forcé des fleurons industriels et technologiques français, sans avoir investi un centime.

L’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo, dans un « thread » très commenté, dénonce, quant à elle, «l’arnaque Zucman» et rappelle que le rendement budgétaire réel de cette taxe serait bien inférieur aux 20 milliards promis, plutôt autour de 5 milliards. Elle prend l’exemple de Bernard Arnault qui devrait trouver, chaque année, plusieurs milliards de liquidités pour s’acquitter de cet impôt, au prix de ventes massives de titres : en dix ans, près d’un tiers de son patrimoine partirait à l’encan. Cette taxe provoquera inéluctablement un transfert de capital français vers des pays étrangers où nos entrepreneurs seront accueillis à bras ouverts. « Quand un milliardaire s’en va, la gauche sort le champagne mais c’est toujours les autres contribuables qui trinquent. »

Xavier Fontanet, ancien PDG d’Essilor, insiste pour sa part sur la gravité de la méprise collective: « La majorité des Français n’a pas compris ce qu’est en fait la taxe Zucman, il faut impérativement expliquer de quoi il retourne en fait. » Dans un diapositive publiée le 17 septembre dernier sur X (ex Twitter), il démontre comment « la taxe Zucman coule une jolie Licorne en 3 ans ». L’enseignement que l’on peut tirer de sa Masterclass est aussi limpide que salutaire : il ne s’agit pas de taxer des fortunes dormantes pour les mettre au service de la collectivité, mais bien, en fait, d’exproprier chaque année une partie du capital productif pour satisfaire une vision idéologique d’égalitarisme intégral.

Toutes ces analyses convergent: la taxe Zucman est une idée délétère, destructrice de richesse, car elle pénalise le réinvestissement, dilue la propriété, décourage l’innovation et l’esprit d’entreprise. Elle pousserait les plus dynamiques à l’exil fiscal, rendant la France moins attractive. Même en Chine, l’État ne confisque pas chaque année une fraction du capital privé sous prétexte de justice sociale. Avec cette taxe, la France ne gagnerait ni recettes durables, ni plus de justice. Elle perdrait des entrepreneurs, des emplois, des brevets, des sièges sociaux. Elle s’installerait dans un modèle où l’État se fait actionnaire de tout, par la contrainte, glissant vers un collectivisme assumé. 

La droite française doit refuser cette pente. Défendre la propriété privée n’est pas défendre les « ultra-riches » : c’est protéger la liberté d’entreprendre, l’attractivité économique, l’emploi et la souveraineté industrielle. Ceux qui ambitionnent de gouverner la France devront se montrer pédagogues vis-à-vis de nos concitoyens qui voient une panacée dans la taxe Zucman. Sont-ils prêts à briser cette logique égalitariste qui les habitent, à réduire la dépense publique plutôt qu’à confisquer le capital productif, à choisir la prospérité plutôt que l’appauvrissement idéologique ?

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