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Restaurer notre dimension mondiale ou disparaître

Par Paul-Marie Coûteaux et Guillaume de Thieulloy


Notre ami Roland Hureaux vient de le démontrer dans un livre hélas sans appel (Le Grand Déclassement – la politique étrangère de la France depuis 2017 – Éd. de Paris, 2024), c’est bien dans sa politique étrangère qu’Emmanuel Macron a montré ses pires faiblesses ; ou ses plus grandes forces si, comme nous le pensons, son projet n’est nullement de défendre les instruments de la puissance française mais bien de les détruire, obstiné qu’il est à dissoudre les nations, ce dont la France est censée montrer l’exemple, au service d’un messianisme assez puéril, l’avènement d’une société neuve engendrée comme naturellement par la « Quatrième Révolution Industrielle » (titre d’un des immortels ouvrages de son ami Klaus Schwab), reposant sur la triple révolution de l’intelligence artificielle, de la robotique et de la biologie cellulaire – aussi dénommée « biotechnologies ».

Pour savoir ce qui est dans la tête d’Emmanuel Macron, il suffit d’ailleurs de lire son unique livre, dont, comme nous l’avons déjà montré plusieurs fois, le titre dit fort bien son obsession : Révolution. Cette Révolution suppose le « dépassement des nations » et, avec elles, leurs vieilleries que sont leurs civilisations multiséculaires, leurs traditions et leurs langues, leurs religions et leurs morales, leurs principes politiques…

Roland Hureaux résume à merveille l’action d’Emmanuel Macron pour achever de neutraliser l’action extérieure de la France dans les filets des institutions européennes – la dernière illustration en date est son obstination à inclure la Défense nationale dans une vaste « défense européenne ». Il faut d’ailleurs avoir la cervelle de moineau de Madame Loiseau pour se plaindre que l’Europe ait mis tant de temps à poser la question, oubliant bien sûr que le projet de « Communauté européenne de Défense » avait fait l’objet, de 1951 à 1954, de quatre mois de débats, hésitations et spéculations à l’Assemblée nationale française pour être finalement rejeté, rejet qui a tout lieu d’être définitif depuis que, dans l’intervalle, le Général de Gaulle a donné à la France les instruments d’une défense autonome – les récentes billevesées de M. Macron ayant pour objectif de saisir l’occasion de la crise russe, ridiculement montée en épingle, pour tenter de se maintenir en scène par un jeu théâtral passablement indécent, de saisir l’occasion pour accroître le périmètre des compétences de l’UE, cela au prix d’un coup de force contre les traités, et, accessoirement de parachever la division du continent au bénéfice d’un empire états-unien qui n’en demande d’ailleurs plus autant et laisse tomber l’Europe entière comme une vieille chaussette, ce à quoi ses partisans vont finir par la réduire…

Étouffer la France dans l’Europe

Mais il est bien d’autres moyens de réduire la France à quia, le plus grave étant de l’étouffer, précisément en la réduisant à sa dimension européenne. Or, s’il est une puissance mondiale par excellence, c’est bien la France qui, par ses trois frontières terrestres, mais aussi par ses trois façades maritimes (les unes et les autres s’équilibrant d’ailleurs de façon remarquable), est impliquée dans la plupart des théâtres majeurs de la planète, à quoi s’ajoutent, aspect d’une importance toute aussi décisive, le simple fait que ses territoires se répartissent sur quatre des cinq continents, le rayonnement de la langue, de la culture et très précisément de la pensée française s’étendant même à tout l’univers. Priver la France de ses atouts ultra-marins, de son rôle majeur dans le Pacifique, et dans l’Océan indien, où elle dispose de solides points d’ancrage, et dont elle possède une immense partie du domaine maritime, ou la priver de son rôle en Amérique latine (ne serait-ce que par l’effet, trop négligé hélas, de la Latinité), et bien sûr de son rôle majeur en Méditerranée, dont elle demeure la première puissance riveraine, c’est la condamner à perdre l’essentiel de son ressort, sa dimension, sa vocation (particulièrement sa mission de « fille aînée de l’Église »), finalement son essence même. Sans parler évidemment de l’Afrique.

De l’Afrique, il faut justement que nous parlions – ce que les auteurs de ces lignes se reprochent de n’avoir pas fait plus tôt, et qu’aborde enfin ce numéro avec un dossier dont nous espérons qu’il ne fait que s’ouvrir. Qu’on lise attentivement les articles qui suivent, et qui dessinent l’une des plus formidables parties que la France doit jouer dans un proche avenir pour maintenir son rôle dans le monde. De toute évidence, l’avenir de l’Afrique et celui de la France ont partie liée. D’abord, parce que l’Afrique est l’un des principaux moteurs de l’impressionnant développement de la francophonie. Ensuite, parce que ce continent, à la fois le plus pauvre du monde et le mieux doté en ressources naturelles, est, aujourd’hui, une proie que s’arrachent les différents empires de la planète et que la France, nation par excellence et dont les liens avec l’Afrique sont anciens, ne peut rester indifférente à ces conflits qui font des millions de morts (insistons, à ce sujet, sur les pages de notre dossier qui concernent le conflit dans l’Afrique des grands lacs, au Congo après le Rouanda où notre armée fit tant pour protéger les populations et n’y récolta qu’opprobre et insultes). Enfin, parce que la démographie africaine peut aisément devenir un facteur d’immigration massive en Europe, et principalement en France – avec tous les risques de déstabilisation que cela implique. Naturellement, ce dossier n’est qu’une première occasion de parler d’un sujet majeur, mais nous y reviendrons sans nul doute au cours des prochains mois.

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