Par Francis Jubert
Dans un monde où les menaces géopolitiques exigent des réponses rapides et résolues, l’opération Midnight Hammer du 21 juin 2025, menée par les États-Unis et Israël, s’impose comme une démonstration éclatante de puissance militaire et de maîtrise diplomatique face au danger nucléaire iranien. En frappant trois sites stratégiques – Fordo, Natanz, Ispahan – avec une précision chirurgicale, les deux alliés ont non seulement neutralisé une menace jugée « existentielle », mais aussi réaffirmé leur domination stratégique sur la scène mondiale. En regard, le sommet de l’OTAN qui se déroule en ce moment même à La Haye (24 et 25 juin 2025), offre le spectacle cruel des faiblesses d’une Europe incapable d’agir avec la même audace. Ce contraste met en lumière l’urgence pour les Européens de surmonter leur dépendance. Ils « doivent dire s’ils veulent être dans une sphère d’influence, avec quelle vassalité, ou s’ils veulent peser sur leur destin » fait observer le général Schill, chef d’état-major de l’armée de terre.
L’opération Midnight Hammer : une victoire militaire et diplomatique
Le 21 juin 2025, les États-Unis et Israël ont lancé l’opération Midnight Hammer, une série de frappes d’une précision redoutable contre les sites nucléaires iraniens de Fordo, Natanz et Ispahan. Mobilisant sept bombardiers B-2 Spirit, des missiles de croisière Tomahawk et des bombes « anti-bunker » GBU-57 de 13 tonnes à fort pouvoir de pénétration, cette opération a infligé des dégâts massifs, notamment à Natanz, où des images satellites révèlent un cratère de 5,5 mètres de diamètre. Selon le Pentagone, l’objectif était clair : démanteler les capacités nucléaires de l’Iran, perçues comme une menace directe pour la sécurité régionale et celle de l’Occident.
Bénéfices militaires
- Neutralisation ciblée : les frappes ont détruit des infrastructures critiques, retardant significativement le programme nucléaire iranien, de trois années au moins selon Israël. Les bunkers souterrains de Fordo, réputés inviolables, ont été gravement endommagés, démontrant la supériorité technologique des États-Unis.
- Coordination exemplaire : l’opération a illustré une synergie parfaite entre les forces américaines et israéliennes, combinant la puissance aérienne des bombardiers avec les renseignements précis fournis par le Mossad.
- Dissuasion renforcée : la démonstration de force a envoyé un message sans équivoque à l’Iran ainsi qu’aux pays du golfe arabo-persique, prouvant que les États-Unis et Israël peuvent frapper à tout moment, avec une précision létale.
Bénéfices diplomatiques
- Réponse iranienne contenue : l’Iran, conscient de sa vulnérabilité, a limité sa riposte à des tirs de missiles symboliques sur la base américaine d’al-Udeid au Qatar le 23 juin, sans pertes humaines. Cette retenue reflète l’efficacité de la dissuasion occidentale.
- Stabilité économique préservée : en évitant une escalade régionale, l’opération a empêché une fermeture du détroit d’Ormuz, vital pour les exportations pétrolières iraniennes vers la Chine, évitant une crise pétrolière mondiale. Les marchés financiers de ce fait sont restés étonnamment stables.
- Ouverture diplomatique : l’appel de Donald Trump à cesser le feu et à reprendre les négociations nucléaires a repositionné les États-Unis comme une puissance capable d’allier la force à la diplomatie, renforçant leur crédibilité auprès des alliés et des pays belligérants.
Comme le note dans un tweet le géopolitologue Alexandre del Valle, Midnight Hammer incarne une stratégie de « paix par la force », prouvant que les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ne bluffent pas lorsqu’il s’agit de leurs intérêts vitaux. Cette opération a non seulement affaibli l’Iran, rappelé à Benyamin Netanyahou qui est le patron (cf en encadré le tweet du Général Bruno Clermont), mais aussi redessiné les équilibres régionaux, isolant davantage Téhéran face à ses voisins arabes.
Tweet du général Bruno Clermont : qui c’est le patron ? le patron c’est Trump. Culbuto Trump. Il impose sa volonté. Il impose ses priorités. Il impose la priorité américaine. Netanyahou vient d’en faire l’expérience. Il a commencé cette guerre sans l’accord de Trump. Il en paye le prix. Une paix forcée qui ne permet pas à Israël d’atteindre ses objectifs militaires en totalité. Netanyahou n’a pas le choix, il dépend trop des livraisons d’armement US. S’il perd les US, il perd tout. Une paix qui permet aux mollahs de rester au pouvoir, de continuer à oppresser le peuple iranien et à menacer Israël directement ou via ses proxys. Il y a 2 jours les bombardiers B 2 de Trump étaient acclamés. Aujourd’hui, il est honni en Israël. Une conclusion s’impose : malheur aux faibles, malheur à ceux qui dépendent de Trump. Amis de l’OTAN soumis aux US, réveillez-vous !
L’OTAN à La Haye : un sommet de paroles, pas d’actes
En contraste, le sommet de l’OTAN qui se tient actuellement à La Haye (24 et 25 juin 2025), expose les failles béantes de l’Alliance atlantique. Sous l’impulsion de Donald Trump, ses 32 membres se réunissent pour entériner un objectif ambitieux : porter les dépenses militaires à 5 % du PIB d’ici 2035, dont 3,5 % pour les capacités militaires et 1,5 % pour les infrastructures, les drones et la cybersécurité. Cet objectif, destiné à contrer la menace russe présentée par Mark Rutte, Secrétaire général de l’Alliance, comme la plus significative pour l’Alliance, est cependant entravé par des divergences internes et un manque de moyens immédiats.
Faiblesses militaires
- Sous-investissement chronique : de nombreux pays européens souffrent d’un déficit de capacités militaires, les armées européennes peinent à moderniser leurs équipements après des décennies de coupes budgétaires. Le Royaume-Uni affiche un objectif 3% de son PIB pour sa défense. L’Allemagne s’apprête à engager 1000 milliards d’€ pour la défense et ses infrastructures. La France quant à elle stagne à 2% et peine à respecter la trajectoire de la loi de programmation militaire 2024 2030. Entre 2019 et 2024 l’effort de défense français est passé de 1,81% à 2,05% , soit une hausse de seulement + 0,25% du PIB, contre + 0,77% du PIB pour l’Allemagne
- Hétérogénéité des priorités : les pays de l’Est, comme la Pologne (4,7 % du PIB pour la défense), insistent sur la menace russe, tandis que d’autres, comme l’Espagne, jugent l’objectif de 5 % irréaliste.
- Dépendance envers les États-Unis : l’OTAN repose encore largement sur la puissance militaire américaine, comme en témoigne l’incapacité des Européens à coordonner sur le territoire russo-ukrainien une opération d’envergure comparable à Midnight Hammer et leur tropisme pour l’achat de matériel militaire hors UE : 2/3 des importations européennes de matériel militaire proviennent des États-Unis.
Impuissance diplomatique
- Débats stériles : ce sommet est marqué une nouvelle fois par des discussions interminables et stériles, illustrant l’incapacité des Européens à trancher rapidement face aux crises. Les Européens peinent à aligner leurs visions stratégiques, notamment sur la Russie et l’Ukraine.
- Réactivité limitée : contrairement à la réponse immédiate des États-Unis et d’Israël face à l’Iran, l’OTAN privilégie les plans à long terme, comme l’a souligné Mark Rutte, qui évoque un horizon de cinq ans pour contrer une éventuelle menace russe.
- Concessions timorées : l’exemption partielle accordée à l’Espagne et les hésitations de certains membres tant sur le montant que sur le modèle de financement de leurs dépenses militaires révèlent un manque de cohésion et de préparation des forces armées, affaiblissant la crédibilité de l’Alliance.
Ce sommet, bien qu’ambitieux dans ses objectifs, illustre une Europe engluée dans la bureaucratie et incapable de rivaliser avec les États-Unis et d’Israël du point de vue de la réactivité. Les difficiles clarifications françaises traduisent cette faiblesse, la France oscillant entre ses ambitions de leadership et ses contraintes économiques.
La France : un géant entravé
La France, puissance nucléaire et moteur de l’OTAN, se trouve dans une position paradoxale. Depuis 2017, son budget de défense a bondi de 56 %, atteignant 50,5 milliards d’euros en 2025 (hors pensions) et respectant l’objectif de 2 % du PIB. Pourtant, les 5 % demandés par le président Trump semblent hors de portée à court terme, compte tenu de la dette publique et des priorités sociales qui sont les siennes. Ce fossé limite la capacité de la France à projeter une puissance comparable à celle des États-Unis ou d’Israël.
De plus, la diplomatie française, souvent critiquée pour ses revirements, peine à imposer une vision cohérente. Face à Midnight Hammer, la France a d’abord condamné ces frappes ciblées avant d’appeler à la désescalade, une posture jugée ambiguë. Au sein de l’OTAN, elle tente de concilier son rôle de leader européen avec les exigences américaines, tout en défendant son autonomie stratégique, notamment via son arsenal nucléaire et sa doctrine de la dissuasion.
Héritière d’une tradition de grandeur – notion définie par Gilbert Pérol, Ambassadeur de France, Ancien Secrétaire général du Quai d’Orsay comme étant cette « capacité d’imposer sa volonté aux autres » – la France ne peut se contenter d’un rôle de second plan. Son sous-investissement passé et sa dépendance envers l’OTAN fragilisent sa souveraineté, la reléguant pour l’heure du moins au rang de spectatrice face à des puissances comme les États-Unis et Israël.
Un contraste accablant
Le contraste entre Midnight Hammer, le sommet de l’OTAN et l’effacement de la France est accablant. D’un côté, les États-Unis et Israël n’ont pas hésité à frapper très fortement l’Iran en neutralisant la menace avérée de détention de l’atome militaire par un Etat terroriste avec une précision militaire et une finesse diplomatique qui devraient durablement stabiliser la région. De l’autre, les membres de l’Alliance atlantique, dont la France, se perdent dans des palabres indignes de leur histoire, de leur tradition diplomatique et de leur grandeur passées, incapables d’égaler la réactivité des États-Unis et d’Israël face à l’imminence d’un péril mortel. Ce décalage s’explique par :
- Puissance militaire : les États-Unis et Israël disposent de moyens inégalés (services de renseignement militaire, bombardier B-2, bombes anti–bunker), tandis que l’Europe manque de capacités opérationnelles immédiatement projetables.
- Volonté politique : Donald Trump incarne une détermination sans faille, là où l’OTAN pâtit d’un consensus mou et de divergences internes entre ses membres qui mettent à mal la crédibilité de l’Europe sur les différents théâtres d’opération.
- Vision stratégique : Midnight Hammer visait un objectif précis, tandis que les alliés au sein de l’OTAN ne partagent pas la même vision du monde et jonglent avec des priorités multiples (Russie, Chine, cybersécurité) diluant leur efficacité.
Une leçon pour la souveraineté française
La France doit tirer les leçons de Midnight Hammer : la souveraineté repose sur la capacité à agir, pas seulement à discourir sur la guerre et la paix. Cela implique :
- Un réarmement massif : investir dans des capacités modernes (drones, cyberdéfense, projection de forces) pour rivaliser avec les grandes puissances.
- Une diplomatie affirmée : clarifier ses priorités stratégiques, en s’émancipant de la tutelle américaine tout en restant un pilier de l’OTAN.
- Une vision gaullienne : restaurer la grandeur de la France par une politique de puissance, indépendante mais ancrée dans l’Occident.
L’Europe, sous l’impulsion de la France, doit cesser de se complaire dans les discussions stériles et dans une forme d’impuissance. Le sommet de l’OTAN en cours, s’il fixe des objectifs ambitieux, devra être suivi d’actes concrets, faute de quoi l’Alliance risque de devenir une coquille vide.
Le général Christophe Gomart, ancien directeur du renseignement militaire et commandant des opérations spéciales, aujourd’hui député européen, ne se résout pas, pour sa part, à pareil désastre comme en fait foi l’article qu’il a publié sur LinkedIn sous ce titre : « L’Europe désarmée ? Je tente l’action. Fini les discours, place à la feuille de route. » :
« Le 2 Juillet prochain, écrit-il, j’organise au Parlement européen un grand séminaire sur la future architecture de défense de l’Europe. L’OTAN ne suffit plus et j’appelle à mettre en place au plus vite une 2nde ligne de défense au sein de l’Europe, hors Alliance, autonome politiquement et technologiquement. Je veux être clair : je reste fondamentalement opposé à une armée européenne. La défense reste nationale. Mais les menaces sont majeures et encerclent l’Europe. L’UE doit être en mesure de mobiliser les armées de chaque pays pour faire face à une attaque d’envergure et garantir sa sécurité en cas de défaillance de l’OTAN. La montée en puissance de l’EUMS (actuel état-major de l’UE) pourrait permettre de s’appuyer sur une base existante et motivée. Avec ses 120 militaires et son budget de 30M€/an, On est loin du compte a l’OTAN l’état-major SHAPE et composé de 2000 militaires et dispose de 2MDs€ de budget. »
Conclusion
L’opération Midnight Hammer et le sommet de l’OTAN de 2025 dressent un tableau saisissant : d’un côté, la puissance implacable des États-Unis et d’Israël, qui ont neutralisé une menace nucléaire tout en imposant leur leadership ; de l’autre, une Europe engluée dans des palabres sans fin, incapable de rivaliser avec une telle détermination. Pour la France, le message est clair : la souveraineté еt une action résolue, des moyens à la hauteur et une vision stratégique audacieuse. Dans un monde où la force prime, la France doit choisir : être un acteur de premier plan, renouer avec la grandeur ou se résigner à suivre. Le temps des paroles est révolu, place à la puissance.