Par Laurence Trochu
Le mois dernier, je vous informais de l’utilisation des insectes désormais autorisée dans l’alimentation humaine, sous forme de poudre pour fabriquer du pain, des gâteaux, des fromages ou encore des compotes de fruits. En avril, ce sont les grillons qui s’invitent dans nos assiettes. Ces décisions prises par la Commission européenne et validées par le Parlement, malgré les objections que je suis fière d’avoir portées, sont une des déclinaisons du Green Deal ou Pacte Vert pour « sauver la planète » en détruisant l’agriculture, l’élevage et l’industrie, c’est-à-dire notre économie.
La pluie de sauterelles ne s’arrêtera pas tant que les fondements de cette fable verte ne seront pas remis en cause et dénoncés comme relevant de l’idéologie, laquelle est ainsi définie : « système d’idées générales constituant un corps de doctrine philosophique et politique à la base d’un comportement individuel ou collectif »1 Les textes relatifs au Green Deal constituent en effet un système avec toute la rigidité et le dogmatisme qui le caractérisent au point que fleurissent des articles décrivant même l’écologie comme une nouvelle religion avec ses dogmes. Une épidémie de croyances a pénétré nos institutions en jouant sur nos peurs, celles-ci portant le nom médical de « sostalgie » pour désigner une forme de détresse psychique ou existentielle causée par la conscience des changements environnementaux. Les sauveurs de la planète voient la destruction de l’environnement comme le nouveau péché originel de l’homme. La gravité du péché mortel réclame alors un hyper-contrôle de l’État, n’excluant pas une forme de violence sociale pour contraindre. Les ZFE en sont un terrible exemple.
Ces nouveaux prêtres de l’écologie sont, selon l’expression de Roger Scruton, des « oikophobes » : ils détestent l’attachement local et le dénoncent comme un patriotisme. Leur culture de la répudiation s’exerce à l’encontre du foyer, de la famille, de la nation. Ils promeuvent les lois et règlements qui nous sont imposés d’en haut, par la Commission européenne par exemple. Mais les dommages causés par les oikophobes sont terribles. Nos agriculteurs en paient le prix tandis que prospèrent des importateurs affranchis des règles imposées en France. Les oikophobes portent en réalité une lourde responsabilité dans la crise énergétique actuelle. L’abandon du nucléaire, c’est eux. La réouverture des centrales à charbon, c’est eux. La fin des programmes de recherche Astrid 2 , c’est eux. De même que les fraises de l’autre bout du monde en hiver, c’est encore eux !
Idéologie, croyance, autant d’éléments bien éloignés de la prétention scientifique et rationnelle que revendiquent pourtant les chantres du Pacte vert. Le Larousse propose d’ailleurs une autre occurrence pour définir l’idéologie « Système spéculatif vague et nébuleux ».
Avec le groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR), j’ai entrepris un travail de démystification du Green Deal. Parce que les choix politiques ne peuvent reposer sur des affabulations, il est absolument nécessaire de remettre de la rationalité dans les débats publics pour évaluer, sur des bases objectives et chiffrées, la pertinence et la performance des politiques menées. Je tiens dans ce contexte à mettre en garde le lecteur. N’étant pas scientifique de formation, je ne m’aventure pas sur l’évaluation du réchauffement climatique ni sur la part anthropique à même de l’expliquer. Il s’agit en revanche de regarder si les mesures politiques impulsées par le Pacte Vert ont eu un impact sur le double objectif visant la réduction des émissions des gaz à effet de serre d’une part et le réchauffement de la Terre d’autre part. Cette démarche est d’autant plus nécessaire que les États-Unis et l’Indonésie se sont retirés des Accords de Paris et que la Chine et l’Inde, tout comme la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord, n’ont jamais été « embarqués » dans ce nouveau combat apparu à la fin de la guerre froide dans les années 90 où la fin de l’Histoire a laissé place à la fin du monde. « Nous avons d’autres priorités », clament les pays réfractaires. Face à cet alarmisme climatique, montrez-nous que nous allons mourir ! C’est la question qu’ils nous posent et c’est effectivement le tabou qu’il faut lever. Dans le prochain numéro, je lèverai la chape de plomb qui pèse tout autant sur les élus à même de faire les lois que sur les médias qui la relaient et les Français qui, en bout de chaine, en porte le fardeau.
Notes :
1. Définition du Larousse.
2. Programme de modernisation du nucléaire avec des réacteurs à neutrons rapides permettant de produire de l’électricité pendant plusieurs milliers d’années au rythme de la consommation actuelle.
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