Par Paul-Marie Coûteaux et Guillaume de Thieulloy
Avouons-le : bien que nous soyons entrés dans ce qu’il est convenu d’appeler la « pause estivale », l’actualitéest si fournie que nous ne savons plus où donner de la tête. Certes, ce fait ne doit pas nous empêcher detraiter de « grandes questions », intemporelles et graves, comme nous le faisons dans ce numéro d’été avecl’analyse critique de
la véritable « pierre d’angle » de la modernité la plus broyeuse, la sainte « Laïcité », aussi sacrée qu’elle est trompeuse – dans la conception qui en prévaut aujourd’hui, elle est même devenue le bâton de dynamite qui pulvérise non seulement la civi- lisation mais aussi, par ricochet, notre Nation et notre État.
Cependant, M. Macron nous ramène sans cesse à l’immédiat, et même à l’urgent, mettant à profit ladite pause pour multiplier projets et provocations, escomptant sans doute de la torpeur estivale ce qu’un bandit attend de la nuit, le loisir d’opérer plus à l’aise. Qu’on en juge : violations de la Constitution, lois mémoricides votées en catimini, faux suicides et vraisassassinats, nominations illégales, largage d’un des plus beaux fleurons de l’outre-mer français… Nous sommes, commel’écrivit le général de Gaulle au plus noir de la guerre, comme ce pauvre homme qui voit s’effondrer sa maison et reçoitsur la tête toutes les tuiles du toit.Il y a d’abord la trahison des tristes sires Macron-Bayrou-Valls qui, sans que rien ne l’exige, lancent un processus dont on ne voit plus parquel miracle il pourrait ne pas mener à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, à l’abandon d’un territoire peuplé de 280 000 Français(dont la majorité a, par trois fois en trente ans, choisi par référendum de rester française), constitué de dizaines d’îles, réputé pour son lagon merveilleux, propice à l’un des plus remarquables foisonnements qu’offrent la vie marine, et de terres exceptionnellement riches enminerais, y compris en terres rares que toutes les puissances s’arrachent. Faudrait-il se résigner aussi, pour assurer la poursuite duprogramme de démolition de M. Macron et le « grand retour de M. Valls », à la perte d’une partie notable de notre domaine maritime, le premier du monde, et, possiblement, à la déstabilisation « en domino » de l’outre-mer français – le modèle, présenté comme trèsoriginal, de l’émancipation calédonienne pouvant resservir à celles de la Réunion, des Antilles, de la Polynésie encore française mais qui se trouverait du coup bien isolée, donc au statut de grande puissance du Pacifique et, pluslargement, de grande puissance maritime dont jouit la France depuis des siècles – sans parler de « l’émancipation » de la Corse, de la Bretagne, du Pays basque, de l’île de Noirmoutier, de l’Occitanie, et des diverses contrées où ledit statutréveillera, nul n’en doute et nos saboteurs moins que quiconque, les appétits « indépendantistes » ?
Insistons sur la Nouvelle-Calédonie, point à la fois le plus urgent et celui sur lequel il se peut encore que ce qui resteen France de patriotes, souverainistes ou conservateurs puissent, si toutefois ils ne sont point désunis, déjouer la formidable coalition des saboteurs. Pour cela, il faut déjouer les mensonges et entourloupes dont le régime Macron fait un Système. C’est en catimini que fut organisée, début juillet, une concertation entre le ministre des Outre-mer, lefranco-espagnol Manuel Valls et des représentants de diverses tribus calédo- niennes et partis qu’on nommait jusqu’àprésent loyalistes, vite embrouillés et retournés ; de cette concertation, rien ne filtra, selon la consigne expressément donnée aux participants, motif pris de ce qu’ils pourraient ainsi délibérer tran- quillement. Et, tout à coup, le 12 juillet,on apprit qu’un accord s’était réalisé entre tous ces participants, désignés on ne sait par qui, aux termes duquel la Nouvelle-Calédonie serait un État, ses habitants se voyant dotés d’une « nouvelle nationalité ». Cet embrouillage honteuxne peut que tromper les gogos qui ne savent pas qu’un État est par nature indépendant et souverain – ce dont on a certesperdu l’habitude… Ceux qui entendraient garder la nationalité française au sein du nouvel État n’y seront tolérés qu’en tant qu’étrangers, si toutefois ils sont tolérés par ses nouvelles autorités et leur protecteur extérieur – soit l’Australie et les Anglo-saxons, soit la Chine.
Comme le plan com fut bien monté ! L’annonce embrouillée du largage « ni dit ni compris, je t’embrouille » futhabilement fixée au samedi 12 juillet, chacun partant au grand soleil de l’indifférence, la veille de grandes protestations de patriotisme à l’occasion de la fête nationale : ce furent, dès le 13, une tonitruante déclaration du chefd’état-major des Armées mettant la Nation sur le pied de guerre contre la Russie, diversion éculée mais qui impressionne toujours les braves gens, puis l’annonce martiale par Macron d’une nouvelle augmentation du budget de laDéfense, qui mange d’autant moins de pain que la chose n’est plus de son ressort et tout se perdit dans le spectacle du 14juillet et ses flonflons…Nous reviendrons sur cette forfaiture, comme nous reviendrons sur les étranges nominations de l’été, de non moins étranges morts, deslois scélérates visant, sous apparence de les défendre, à décourager encore davantage la paysannerie française (une entreprise quicompte deux cent trente ans de réussites), comme nous reviendrons sur la suppression des fouilles archéologiques avant construction, quirevient à bétonner à jamais des sites qui révèlent notre plus lointain passé, et finalement parachever la tabula rasa, nous dironsinlassablement tout ce que nous avons à dire…
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