Eddy Casterman a 28 ans, il est conseiller municipal d’Englos (59). Il a été élu en juin dernier, dès le premier tour et avec près de 58 % des suffrages, député de l’Aisne, département qui compte 4 députés du Rassemblement National et alliés sur 5. Il est membre de la commission de la Défense nationale et des Forces armées. Il a été attaché parlementaire de Vincent Ségoin, sénateur de l’Orne, de 2020 à 2021, poste qu’il a dû quitter après avoir rejoint la campagne d’Éric Zemmour. Il est porte-parole d’Identité-Libertés, parti présidé par Marion Maréchal.
Vous avez 28 ans, vous avez été élu député de la 3e circonscription de l’Aisne en juillet dernier. Dites-nous, en quelques mots, quel a été votre rapide parcours politique et militant et les raisons de votre engagement.
J’ai commencé mon parcours militant chez Les Républicains en 2018 à l’intérieur duquel j’ai très vite défendu l’idée de l’union des droites en rejoignant le mouvement Racines d’avenir, créé par Erik Tegnér. Parallèlement, en 2020, j’ai été élu conseiller municipal de mon village natal et adjoint au maire (divers droite) aux affaires scolaires et culturelles. Pendant l’élection présidentielle de 2022, j’ai rejoint la campagne d’Éric Zemmour puis j’ai fait la rencontre de Marion Maréchal. J’ai beaucoup d’estime pour Marion qui a été l’une des premières à défendre et à porter ce combat pour l’alliance des droites, y compris quand elle était au Front national. Et surtout, je me reconnais dans son souci d’assumer le combat des idées et la bataille culturelle face au magistère moral de la gauche. C’est pourquoi, après avoir été élu député de l’Aisne, j’ai accepté sa proposition de me nommer porte-parole de son nouveau mouvement, Identité-Libertés.
Puisque vous vous exprimez dans le Nouveau Conservateur, quelle est votre définition du conservatisme et peut-on vous qualifier de conservateur ?
En France, le champ sémantique du mot « conservatisme » est trop souvent assimilé à la préservation d’un ordre social jugé archaïque alors que sa racine latine est dérivée du verbe conservare : respecter et sauver. Je considère que le conservatisme n’est pas la défense de privilèges indus ou le refus d’un quelconque changement, mais plutôt une prise de distance critique face à ce que François-Xavier Bellamy appelle « l’ère du mouvement perpétuel ». Je fais mienne une définition du conservatisme qui part du constat, comme l’écrivait l’écrivain Roger Scruton, que « les choses bonnes peuvent être aisément détruites mais pas aisément créées » ; je défends un conservatisme qui protège les murs porteurs de la civilisation française et européenne, qui assume reconnaître et défendre ses racines gréco-romaines et chrétiennes ou encore, qui refuse la fuite en avant d’un progressisme qui promeut la marchandisation du ventre des femmes ou l’euthanasie.
Vous êtes « apparenté » RN. Avec qui, selon vous, le RN peut-il s’allier de façon ponctuelle pour faire avancer ses projets dans cette Assemblée sans majorité.
Permettez-moi d’abord de rappeler que si l’Assemblée nationale est dépourvue de majorité, ce n’est pas le souhait des électeurs qui ont largement plébiscité l’alliance des droites autour de Marine le Pen, Jordan Bardella, Éric Ciotti et Marion Maréchal. Nous sommes donc majoritaires dans le pays et le groupe RN et apparentés, dont le poids considérable, encore renforcé par l’adoption de la motion de censure du Gouvernement Barnier, est devenu incontournable et obtient déjà des victoires significatives à l’Assemblée nationale. Je vous donne un exemple : pendant les débats sur le projet de loi de finances 2025, avec mes collègues nous avons obtenu la suppression de la hausse du Malus automobile et moi-même, j’ai reçu le soutien de députés de la droite républicaine lorsque j’ai défendu certains amendements en faveur de la ruralité et de la chasse.
Le 14 janvier dernier, le Premier ministre, François Bayrou, a prononcé sa déclaration de politique générale. Quelles sont vos premières réactions ? En quoi ce gouvernement serait-il moins censurable que le gouvernement Barnier ?
Ce gouvernement n’est pas moins censurable que celui de Michel Barnier. Je rappelle que ce n’est pas à l’issue de sa déclaration de politique générale que nous avons censuré Michel Barnier, mais lorsque ce dernier a dégainé le 49-3 pour imposer un budget qui prévoyait une augmentation d’impôts et de taxes de près de 40 milliards d’euros. Je n’attends pas grand-chose du Premier ministre François Bayrou car la même cause – l’absence de majorité – entraînera l’absence d’une politique cohérente et courageuse de redressement national. Je note cependant quelques « audaces » de la part du Premier ministre notamment sur un thème qui me tient à coeur : la défense de la France rurale et le refus d’une écologie de la pénitence ou encore la volonté de réformer en profondeur les modes de scrutin pour en finir avec le tripatouillage politicien et l’arnaque du « front républicain ». Néanmoins, les concessions accordées aux socialistes me font craindre la poursuite de cette politique complètement folle d’augmentation des impôts et des taxes. Nous serons très vigilants pour que les lignes rouges que nous avons tracées et notamment le refus de toute hausse d’impôts et de taxes sur la France du travail, soient respectées.